L’extrême-droite revient sur ses positions eugénistes

Des images du camp bombardé de Sarmada. REUTERS TV / REUTERS
Des images du camp bombardé de Sarmada. REUTERS TV / REUTERS

L’extrême-droite (de Nicolas Sarkozy à Jérôme Bourbon) assume de manière assez franche la théorie du remplacement. Si cette dernière doit le nom à Renaud Camus.

Elle s’inspire de l’expression allemande “le changement de peuple”. Il s’agit d’une sémantique héritée et théorisée par Heinrich Himmler dans les années 30. La propagande de Himmler se base “la transformation ethnique” comme l’a arboré Bettina Kudla, une députée de la CDU ces derniers jours en Allemagne. Les deux termes sont très peu utilisés en Allemagne, mais reste en omniprésent en France dans différentes sphères. Il y a une certaine croyance pour la défense d’une “ethnicité pure”.

Quand Renaud Camus écrit en 2011, le livre “Grand Remplacement” sur des bases factuelles et très peu scientifiques. Pour la partie française, on peut considérer que le “nationalisme ethnique” s’inscrivait dans la ligne de Maurice Barrès et Charles Maurras. De ce fait, on peut caractériser, les trois termes suivant : “changement de peuple”, “grand remplacement” ou “nationalisme ethnique” comme similaire. Les visions défendues portent les stigmates des différentes exactions, persécutions et massacres contre les différentes minorités nationales, dont certaines ont conduit à des génocides.

Les temps changent, les boucs-émissaires changent également. Mais, le fond reste inchanger. La menace de l’intérieur est désignée à travers des groupes de personnes, afin de rétablir l’ordre et la sécurité. En se soumettant à l’actualité, l’antisémitisme (une maladie psychologique structurelle) a perdu du terrain pour laisser la place aux immigrés/réfugiés et au racisme anti-musulman. La théorie de Huntington du “choc des civilisations” s’inscrit parfaitement dans l’ethno-différentialisme défendu par l’extrême-droite sous une large forme de la théorie des races.

Eric Zemmour ou Robert Ménart, tout deux issus de l’immigration voit des immigrés n’importe où. En effet, le discours décomplexé permet d’affirmer que “les Halles, c’est la synthèse vivante du consumérisme et du grand remplacement”[footnote] Le Figaro Magazine, Eric Zemmour, les Halles : le grand chagrin des Parisiens, 08 Avril 2016 .[/footnote], ou encore que la “rentrée des classes la preuve la plus éclatante du Grand Remplacement en cours” [footnote] Robert Ménard, tweet du 1er Septembre 2016, twitter.com/RobertMenardFR/status/771404889754927104 [/footnote].

On pourra noter que la surreprésentation médiatique de ces personnes dans les différents médias permet de poursuivre la victimisation des personnes comme des victimes éternelles. La bourgeoisie leur sert des plateaux incroyables pour réaliser leur propagande notamment sur la chasse et la traque des réfugiés.

De ce fait, dans le conflit syrien issu d’une revendication entièrement démocratique, la question de la guerre civile est mise sous table. En effet, les révolutions issues du Printemps arabe sont tout simplement niées par une grande partie de la classe dominante. Cela permet d’affirmer que tout le monde ne peut avoir accès à la démocratie et des droits fondamentaux qui s’en suivent.

Dans la situation de la Syrie, le régime syrien a libéré les futurs membres du Front Al-Nostra et a régulièrement collaboré avec Daesh (source skynews). Autant dire qu’en matière de modèles démocratiques, les partisans du “grand-remplacement” sont favorables à ce que résume Eric Zemmour : “on ne pourrait préserver les règles minimales de la laïcité que par la dictature”. On peut résumer que Zemmour souhaite une dictature pour mieux travailler avec les islamistes, afin d’imposer ce qu’il appelle la laïcité. D’ailleurs, il a affirmé déclarer dans un article du Causeur son amour pour les djihadistes[footnote]Je respecte des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient – ce dont nous ne sommes plus capables.[…]Et oui, quand des gens agissent parce qu’ils pensent que leurs morts le leur demandent, il y a quelque chose de respectable. Et en même temps de criminel et de mauvais, c’est ainsi, les humains sont complexes. Donc combattons-les, mais arrêtons de les mépriser[/footnote].

L’ethnodifférencialisme, le refus de la démocratie et l’extrémisme religieux sont des points très importants qui se rejoignent. En effet, le modèle défendu par l’extrême-droite ou la droite extrême s’inscrit dans la brutalité, et à plein d’égard à une vision très proche des islamistes ou des régimes islamistes. Les pratiques religieuses sont remplacées par des idées politiques. La question d’assassiner en masse ses voisins sous l’égide de la religion renforce toujours un peu plus la religion de base.

La question scientifique en mode d’analyse des chiffres laisse place à la superstition et à l’obscurantisme. Ainsi, le mensonge devient une véritable plaie, et apparemment, cela leur fait plaisir de ressembler à “Légion”. Ils voient des raz-de-marée de réfugiés partout, des “appels d’air” de migrants, mais il s’agit surtout d’une invention de la droite extrême et de l’extrême droite dont la logique est de faire vivre un fantasme. Entre la chimère et la réalité, il existe un certain monde que ces gens nient en bloc refusant toutes sources statistiques. Ainsi, 80 075 demandes ont été enregistrées à l’OFPRA en 2015.

Le nombre de Syriens est très faible. Il faut dire que depuis la mort d’Aylan, les appels aux meurtres contre les réfugiés se sont multipliés avec une certaine envie de terminer le travail débuté par un certain Bachar Al-Assad.

De ce fait, en ce qu’il concerne la situation d’Alep, les bombardements renforcent la logique meurtrière des partisans du grand-remplacement. Dans une interview sur BFM-TV, la députée du FN déclarait :

le problème c’est qu’on va éparpiller la poussière

Le réfugié était considéré comme une poussière. La chosification permet à la députée de l’extrême-droite de ne pas considérer les réfugiés comme appartenant à l’espèce humaine, mais comme un objet. Dans la catégorisation des objets, la question de la poussière renvoie aussi à quelque chose de particulièrement sale.

Dans le fond, l’argumentation eugéniste apparaît évidente. La vision pour l’extrême-droite affirme qu’il faut éliminer tout opposition dans les pays potentiellement susceptible de créer des vagues d’immigration. Cela rappelle évidemment le massacre de Srebrenica où le nettoyage ethnique s’inspirait de l’ethnocentrisme.

L’autoritarisme jusque dans les purges les plus extrêmes permet en réalité de recréer les formes d’un régime, dont l’idée serait proche au final d’une certaine forme de néo-colonialisme. Mais en même temps, l’extrême-droite n’a toujours pas digéré la fin entre autres de “l’Algérie Française”.

En conséquence, lorsque les alliés de l’extrême-droite : Bachar Al-Assad, Vladimir Poutine et l’islamiste Hassan Rohani bombardent Alep, les Syriens sont réduits en cendres. Il s’agit d’une des solutions vis-à-vis du “Grand Remplacement” qui est mis en application pour protéger le nationalisme. De ce fait, l’imagination laisse sa place au réel. Entre le malthusianisme et le darwinisme social, on peut dire que l’extrême-droite vraiment choisie l’obscurantisme (ce qui est régulier). De ce fait, l’éparpillement des poussières et des cendres des Syriens permet à ce qu’il n’émigre pas. S’il faut un million de morts, les partisans de l’extrême-droite son prêts ou soutenir les massacres.

Dans le fond, le discours s’inscrit comme celui-ci : “les réfugiés viennent manger le pain des Français, alors que la situation est compliquée”. De facto, les Yezidis, les Chrétiens d’Orient, les Alévis, et autres minorités persécutés par Bachar Al-Assad, le Front Al-Nostra ou Daesh sont pointés du doigt par ces derniers comme participant à une grande entreprise mettant en péril la sécurité nationale. Selon la théorie ethnique, il vaut mieux laisser les réfugiés là-bas et assister à leur massacre, puisque cela permet et évite un “appel d’air”. Les paroles se suivent d’actes de Marion Maréchal Le Pen se suivent d’actes, elles portent sa responsabilité des massacres en Syrie. Elle a d’ailleurs plusieurs fois déclaré vouloir se rendre à Damas pour soutenir les bombardements contre les civils.

Ainsi, l’extrême-droite affirme soutenir les pires modes eugénistes au nom du “grand remplacement”. Le soutien aux criminels et terroristes ne les inquiète pas, seule l’idéologie incombe quitte à soutenir les islamistes et les pendaisons par milliers


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