Quelques mots sur l’hypothétique expulsion de la ZAD à NDDL

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Affirmer que la consultation a réglé tous les problèmes permet le lancement du projet au nom d’une démocratie. Le choix d’un territoire pour recourir au plébiscite, au lieu de prendre cinq à sept départements est considéré comme démocratique, le second choix est vu par les partisans du projet comme une honteuse atteinte à la démocratie.

Plus précisément selon les partisans, la démocratie c’est soutenir les consultations, la dictature c’est se positionner contre les consultations, mais pour un référendum. D’ailleurs, on notera que la consultation n’a aucune valeur juridique. La consultation a autant de valeur qu’un sondage. Autant dire que c’est une statistique comme une autre. Qu’importe pour les soutiens du Bonapartisme, la démonstration a été faite. Une consultation ayant la même valeur qu’un sondage permet de ramener les pelleteuses et les broyeuses dans le bocage. Demain, ces derniers affirmeront que le coup d’état de Napoléon Bonaparte était entièrement démocratique !

Le projet profondément climatosceptique des années 60 se rêve aussi d’avoir un nouveau Concorde. Se fondant sur un projet de la NASA baptisé “Concorde2000”, la piste de Notre-Dame-Des-Landes (NDDL) permettrait de faire décoller des avions direction de l’aéroport international de New York-John F. Kennedy. Le fameux Paris-New-York se transformera en NDDL-NY. Pas de chance, Nantes ne figure pas dans le TOP10 des destinations vers New-York. Autant dire que les arguments de Montebourg ne tiennent pas vraiment. De plus la piste est trop petite pour faire atterrir le fameux A380. En matière de Greenwashing, on ne pouvait faire mieux.

D’ailleurs, le projet de Vinci symbolise le “Greenwashing” sur un fond particulièrement mystifiant. Tout repeindre en vert et mettre quelques arbres par-ci et par-là ne permet pas pour autant de transformer un projet carboné en un projet écologique, il n’y a que ceux qui croient encore à l’Alchimie qui en sont là. En effet, le transfert des activités commerciales de Nantes-Atlantique vers NDDL ne permet en aucun de libérer une surface de dimension équivalente avec les caractéristiques propres d’un bocage en tête de bassin versant de la Loire. Ce n’est pas possible. NDDL n’est pas compensable, même avec les différentes mesures de compensation que l’entreprise Vinci et l’état pourraient mettre en place.

Alors que les recours sont toujours en cours, la classe dominante souhaite terminer ce projet avec l’expulsion des “zadistes”. Le projet est particulièrement décroissant en terme d’emplois, mais aussi en richesse nette créée sur le court-terme, comme sur le long-terme sauf pour Vinci, vu qu’il s’agit d’un PPP. Ainsi, le bras de fer risque de se reformer comme une poudrière et plus particulièrement comme une “bouedrière”.

En effet, l’opération “César” lancée en octobre 2012 risque de reprendre le chemin des affrontements dans le bocage [1]. La démolition de nombreuses fermes avait été mise en place par la Préfecture. Plusieurs milliers de CRS et GM avec des hélicos avaient été mis en échec sur place, mais aussi avec une mobilisation largement décentralisée (environ 200 comités, dont des internationaux comme au Rojava, au Québec, ou chez les Zapatistes).

Ces dernières années, la mobilisation sur le barrage de Sivens a démontré l’utilité d’une lutte violente face à des promoteurs appartenant au siècle dernier. Ils sont prêts à défendre le charbon comme un progrès économique. Ainsi, les Bruno Retailleau et ses consorts sont prêts à tout pour défendre ce projet quitte à s’allier avec la “fameuse” FDSEA du Tarn. Dans un GPII, tous les coups sont permis. Le cadre légal n’existe pas et/ou n’existe plus.

En temps d’expulsion, les plastiquages des maisons, les détonations dans les manifestations et les blessés par centaines sont la routine que nous connaissons depuis quelques mois. Contrairement à d’autres luttes, la riposte d’une tentative d’expulsion de la “ZAD” entraînera des actes de sabotage contre toutes les entreprises travaillant de près comme de loin sur le projet. En effet, le slogan “Vinci Dégage, Résistance et Sabotage” repris ces dernières années par les “citoyennistes” et les “radicaux” pourra se suivre d’effets concrets. La théorie précède effectivement la pratique. Le capitalisme oblige les entreprises à disposer d’une assurance. Il faudra qu’ils possèdent une bonne assurance, puisque les dommages ou dégâts seront lourds. Si le coût du travail est largement martelé par les libéraux, le coût du marketing beaucoup moins, le coût de l’assurance risque d’exploser. Autant dire que l’expulsion tant voulue par les libéraux, les conservateurs, les climatosceptiques, les carbonés risque de coûter très chère. D’autant que le mouvement anticapitaliste a su soulever un mouvement toujours plus radicalisé.

S’il faut croire que les forces de l’ordre se sont préparées à cette évacuation, croire que l’évacuation ordonnée se déroulera selon une tactique militaire est d’une certaine manière “affirmer” que l’évacuation aura lieu et que la lutte contre l’aéroport n’est finalement qu’une chimère. Cela dissémine le poison contre-révolutionnaire ou romantique sous une logique du “There Is No Alternative” de Margaret Thatcher. Mais la révolte qui peut s’en suivre pourra peut-être ressembler à la révolte du papier timbré, à condition que cette révolte soit le porteur d’une véritable révolution ayant pour objectif de briser l’oppression liberticide et obscurantiste de l’état bourgeois.

De ce fait, la guérilla bocagère risquerait de s’intensifier avec des méthodes plus poussées. D’autant que l’opposition à la Loi “El-Khomri” et du MEDEF n’est pas terminée. Les affrontements violents se sont déplacés dans les rues des villes. Une convergence entre la guérilla bocagère et la guérilla urbaine est inévitable. Il est fort dommage que la lutte contre NDDL n’ait pas été au centre de la lutte contre la “loi travail”. Il faut dire qu’une lutte avec soc-dems (sic) paraît fort compliquée, d’autant que ces derniers sont divisés entre passéisme et progressisme. Mais, le cortège de tête n’a finalement aucune excuse. D’ailleurs, il faut dire que malgré quelques pancartes en faveur de la ZAD de NDDL, la lutte était quasiment absente. Il s’agit d’une faute stratégique et tactique.

On verra ce que donnera l’expulsion, je vous donne rendez-vous le 8 Octobre sur la ZAD.


[1] On remarquera simplement que le nom de l’opération en Syrie se nomme également : “opération César”. S’il n’y a pas de comparaison réaliste entre la situation en Syrie et celle de NDDL. La figure de César est utilisée par les dirigeants dans le cadre d’une opération de reconquête d’un pouvoir étatique sur une zone rebelle où le droit étatique n’existe pas. Mais parfois les opérations César tombent face à des murs même si l’opération détruit des quantités de maisons.


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