Suppression des RTT chez Bouygues Telecom

bouygues-tel-hqLa réorganisation du temps de travail est un cas d’école sur la volonté libérale à propos des RTT.

L’entreprise Bouygues Telecom prépare la suppression totale des RTT (passer de 23 à 12 jours, puis à sa suppression complète) contre une augmentation du salaire d’environ 2 %. Cette proposition s’inscrit dans le cadre des futures négociations entre la direction et les syndicats. Basée sur le volontariat, celle-ci à long terme s’appliquera à tous les salariés qu’ils le veuillent ou non.

Des réunions se tiendront du 24 août (elles ont déjà commencé) au 21 septembre. Si l’exigence de la direction paraît caricaturale, le passage à 35h00 avec la suppression des RTT s’inscrit dans une logique de compétitivité avec le non-remplacement de certains emplois. En effet, si Bouygues possède 5 500 salariés travaillant actuellement en 39 heures, cela équivaut à 2 574 000 heures. Le passage à 35 heures, équivaut à 2 310 000 heures. À terme, cela permet de supprimer entre 575 et 630 emplois. Par conséquent, il s’agit de faire un gain économique de près de 12 millions d’euros sur la base d’un SMIC horaire (le chiffre sera surement plus élevé). La direction affirme que l’objectif est de “ramener progressivement tout le monde à 35 heures hebdomadaires, sans changer le nombre d’heures travaillées à l’année”. Or, il s’agit bel et bien d’un mensonge, comme nous l’avons pu constater ci-dessus. L’objectif étant la baisse du nombre d’heures travaillées dans l’année afin de rendre l’entreprise plus compétitive face à un marché complexe, notamment depuis les différentes du groupe Free. En 2015, la perte nette de l’opérateur est évaluée 59 millions d’euros. De ce fait, la perte va baisser sans que l’entreprise augmente la vente de ses différents services téléphoniques (internet compris).

Qu’est-ce nous apprend concrètement le cas d’école de Bouygues Telecom ? La question de la suppression progressive des RTT par le retour aux 35 heures sur le papier permet de restructurer l’entreprise. Ainsi, la question de la destruction de la compétitivité de la France promue par les libéraux consiste à baisser le temps de travail en supprimant les différents avantages. La théorie libérale se base sur le fait que les 35 heures sont gravés dans le marbre, donc tout le monde travaille à 35 heures. Dans les faits grâce à la souplesse du Code du Travail, la durée de travail moyenne hebdomadaire est évaluée à 37,5 heures, soit au-dessus de la moyenne européenne. Les pays ayant supprimé ont vu leur durée baissée comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Pour l’instant, ce qui préoccupe les libéraux est la durée de travail. Or sur la question productivité, c’est tout autre. La productivité française est de 60,6 $ (soit 54,1 €) par heure, soit un niveau supérieur à l’Allemagne (59,2 $ soit 52,9 €) ou le Royaume-Uni (48,2 $ soit 43 €). La moyenne européenne étant de 47,1 $ (soit 42,1 €) pour l’année 2015.

La question de la flexibilité consiste à s’inscrire dans une logique du passage d’un contrat de travail à un contrat de droit commun. Ce que les libéraux oublient, les contrats de droit commun sont plus complexes que les contrats de travail, la question des obligations risquent d’obliger les libéraux dans un futur à vouloir littéralement charcuter le Code Civil et le droit des obligations, au risque de laisser la jurisprudence être la source du droit dérivé (le droit a horreur du vide).


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