Les conservateurs veulent piétiner l’état de droit

French right-wing party Les Republicains (LR) chief candidate for the regional elections in the Auvergne-Rhone-Alpes region, Laurent Wauquiez speaks during a campaign rally on December 9, 2015 in Saint-Etienne, ahead of the second round of the French regional elections. / AFP / PHILIPPE DESMAZESAprès l’attentat de Nice et la prise d’otages à Saint-Étienne-du-Rouvray près de Rouen, la passion des conservateurs vis-à-vis de la sécurité s’est amplifiée. Si le terrorisme djihadiste fait des victimes alors le responsable trouvé est ni plus ni moins que la Constitution.

L’éternelle recherche les pousse dans des voies de garage, mais cela reste très bien adaptée à leurs idées politiques.

Lorsque, le député David Douillet affirme  que “figée dans une posture en se réfugiant [sic] systématiquement derrière cette sacro-sainte Constitution. ou le député en radicalisation dangereuse Laurent Wauquiez Attention, ce n’est pas compatible avec la Constitution. Mais changez le droit ! “, ou encore Nicolas Sarkozy “la gauche unanime s’est drapée dans les arguties juridiques pour dire ‘jamais, c’est contraire à l’état de droit’“. Cette radicalisation contre l’état de droit et la Constitution montre une volonté sans faille des conservateurs de tout faire pour en finir avec la base juridique du droit qui n’est pas la leur. Dans Le Figaro, ils vont même se plaindre de l’absence de débat au nom “de l’état de droit” et de “la constitution”. En effet, ils rêvent d’un débat ouvert avec la Droite Socialiste, mais ils ne comprennent pas qu’en lançant leur phrase d’un autre âge, ils sont en train de débattre. L’arbitraire et l’état de droite attendent les antirépublicains de bas-côté prêt à changer la constitution pour installer l’arbitraire et l’autoritarisme.

L’abandon de l’état de droit porte une lourde responsabilité, puisque dans ses retranchements se trouve l’état légal. On peut d’ores et déjà affirmer que le terrorisme satisfait pleinement les exigences des élus de droite et d’extrême-droite, puisque cela leur permet d’éviter de longs argumentaires. En effet, les actes sanglants servent d’argumentations aux mesures liberticides.

Dans le fond, les conservateurs reviennent à ses fondamentaux, c’est-à-dire à la droite du père et du roi. Dans ce moment de radicalisation et de retour aux sources des conservateurs, on notera que cela se fait en deux étapes. Depuis plusieurs années, ces parlementaires réclament le retour d’un darwinisme social pour appliquer le programme économique d’Adolphe Thiers. Alors que les évènements de 1789 ont conduit inexorablement à la création progressive d’une “république” et d’un “modèle républicain” si imparfait qu’il soit, les conservateurs ont pris un virage inexorablement antirépublicain rejetant ce type de régime.

Vouloir l’arbitraire au nom de la lutte contre le terrorisme ne dérange en aucun cas ces personnes. Pour autant, il n’est pas question de se ranger derrière l’idéologie absurde de Manuel Valls et de son gouvernement. Il convient seulement de hiérarchiser l’ensemble, si sortir de la droite libérale veut sortir de l’état de droit, les propositions de la droite socialiste pour rester dans l’état tout en appliquant une politique sécuritaire et liberticide n’est pas acceptable. Il en reste pas moins que la droite fait le jeu des obscurantistes.

En sortant le panneau de l’insécurité et de l’émotion, les réactions s’inscrivent dans un certain poujadisme sécuritaire. En effet, les camps de rétention, les procédures administratives renforcées, le retour des décapitations, etc. La devise de la République laisse aux cris primaires des partisans de Donald Trump sous le triptyque “Libertés, Sécurité, Autorité”. Quand on parle de “libertés” comprendre “libertés économiques”, la liberté d’expression et de réunion ne rapportent peu ou très peu, puis est corrosif pour l’état de droite, sauf quand il est “politiquement incorrect” avec le message moderne contenant l’ensemble des racismes.

La question de la peine de mort et de volonté d’installer à nouveau la Guillotine est censée nous interpeller. En effet, les décapitations mécaniques au nom du droit ont été monnaie courante jusqu’à leur abolition par Robert Badinter. Depuis, l’interdiction de la peine de mort est gravée dans la constitution. Si l’idée a largement été remise au goût du jour par Marine Le Pen à travers la volonté d’un référendum, la droite reprend dans ses allocutions ou ses interviews. La question des décapitations face au Salafisme ou djihadisme devrait interpeller farouchement leurs partisans. En effet, que ce soit Nadine Morano, le clan Le Pen ou Al-Baghdadi, la satisfaction des décapitations les font converger sur la même ligne : la tête coupée ou rien du tout.

Bientôt, le retour de la pendaison sera réclamé terminant définitivement un cycle.  À ce moment précis, nous décrivons le retour des valeurs authentiques qui font la droite. Le complexe de la République a été balayé d’un coup franc pour mieux s’attaquer au terrorisme.


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