L’Assemblée Nationale a adopté la Loi Travail au 49-3
En plein débat sur l’état d’urgence et l’attentat de Nice, le sens du progrès d’une République orientée vers le passé ne peut qu’interpeller. Ce chauvinisme mêlé au conservatisme déroule le tapis rouge pour les pires réactionnaires du XIXème siècle.
En utilisant l’article 49.3 de la Constitution de la Constitution pour la troisième fois, la sémantique est affirmée : l’autorité, le conservatisme et la réaction. Ces trois mots définissent la politique du Premier Ministre, qui représente une minorité très importante. Ici comme là-bas, les loups gris préfèrent l’autoritarisme passéiste à la liberté futuriste.
Certains parlementaires ont saisi le Conseil Constitutionnel afin d’établir un contrôle juridiques des mesures vis-à-vis de la Constitution. Toutefois, on peut émettre des réserves sur le plan du débat juridique, puisque si la Loi n’est pas entrée en application, elle a belle et bien été adoptée par le parlement. Ainsi, la bataille juridique s’arrête, tant bien même que les conservateurs possèdent la quasi-totalité des sièges au sein deux assemblées. En même temps, on ne peut pas dire qu’il y ait eu une bataille sur le plan du droit, puisque la partie était déjà jouée d’avance. La droite socialiste, libérale ou nationaliste possède les mêmes valeurs en terme de travailleurs et d’entreprises.
Ainsi, la contestation au sein de la rue quasi-absente pendant le mois de juillet et sûrement d’août, rappelle la faiblesse de la contestation. La lutte des classes ne s’arrête jamais et ne possède aucun moment de répis où se créerait un statut quo de classes. Au contraire, la lutte des classes est plus violente au nom de la période où les personnes jouissent de leurs congés payés et qu’ils partent en vacances. En effet, 40 % de personnes peuvent poser des congés payés sans pouvoir partir en vacance à cause du manque de ressource.
En faisant une pause, le gouvernement est passé en force. Si la CGT a décidé de faire une manifestation le 15 septembre, celle-ci paraît très éloignée. Entre temps, le Conseil Constitutionnel aura donné sa Décision Conforme en retoquant ou non la proposition du Loi du gouvernement. Pour que la Loi Travail soit pleinement active, il ne manque plus que les 127 décrets du ministère du travail. Le temps des congés payés et des vacances permet le passage des lois d’outre-tombe dans une tranquillité presque absolue. Le repos du mouvement social apparaît comme contradictoire. La mesure de la CGT pour montrer qu’elle est toujours mobilisée est ridicule, puisqu’en “proposant l’envoi au président de la République de cartes postales pour lui assurer qu’ils seront toujours mobilisés à la rentrée” Si tout se passe bien pour le gouvernement, ses mesures entreront en application en octobre avec une augmentation certaine du chômage.
L’état d’urgence reconduit suite aux attentats de Nice touchera pleinement les manifestations contre la Loi Travail. Les interdictions temporaires d’une zone du territoire n’ont quasiment pas touché les différentes menaces terroristes venant de l’extrême-droite radicalisée religieuse, mais les manifestants en leur interdisant le droit de manifester. Le régime d’exception n’est plus extra-ordinaire, il est devenu ordinaire, avec une dérive toujours autoritaire toujours plus profonde.
En même temps, certains artistes dit “progressistes” reprennent la diatribe patronale en affirmant que “les petites PME croulent sous les charges sociales”. Les obstacles contre la Loi Travail nécessitent de donner un sens à la lutte des classes pour effacer de son sillage le discours petit-bourgeois. Parler de “charges sociales” au lieu de “cotisations sociales” permet d’affirmer que les différentes taxes touchant les entreprises hors des multinationales faisant fonctionner sont la cause du chômage. Le discours néoclassique affirme que plus les cotisations sociales sont basses, plus le “coût du travail” est faible, la rationalisation des salaires effective alors cela permet de renforcer les petites-entreprises et de créer le plein-emploi. Le discours n’est pas contradictoire, puisque l’auteur s’est engagé à donner des bourses “méritocratiques” à certains jeunes en juin 2015, une vision largement défendue par les libéraux. Pendant ce temps-là, les racailles et les prolétaires que nous sommes, sont exploités par ces PME et TPE. L’exploitation et les heures non-payées ne viennent pas des “charges sociales”, mais de la vision d’une lutte des classes. Ces derniers jours, le patron du Medef a demandé une baisse massive des impôts et “charges sociales” pour les entreprises de “plus de 90 milliards” d’euros, afin qu’elles “ne croulent plus sous les charges”. On comprendra la convergence. On notera que cela s’inscrit pleinement dans ces paroles : “j’crois au réveil citoyen”, “Vous êtes complètement soumis à la finance”, “Radar, on paye ! Péage, on paye ! Pollution, on paye !”. Le discours citoyenniste s’inscrit pleinement dans le compromis de classe. Le plus ironique est que face à ce discours petit-bourgeois, la CGT semble soutenir. Alors, nous ne sommes pas étonnés si la CGT ne mobilise pas cet été.
Dans ce contexte, il apparaît clairement que sans un sursaut de fond et de forme, la rentrée sociale risque effectivement d’être explosive. Mais faire une trêve au nom des “congés payés” apparaît comme un risque de noyer le poisson. Le réveil sera difficile. En effet, une lutte contre l’adoption de la Loi Travail quand cette dernière est adoptée par la minorité libérale de ce pays. Ses mesures seront sans doute en application.
La ministre du travail et de l’expansion du chômage reprenait toute l’argumentation des opposants à sa loi. Elle assume qu’il y aura “moins de démocratie et protection pour les salariés dans l’entreprise”.
Dans le fond, si les travailleurs seront jetés des entreprises pour favoriser le cour des actions et les valeurs des entreprises. Une explosion du chômage s’en suivra par cette dévaluation interne qui va contracter les salaires et baisser le niveau de la consommation en induisant sûrement un risque déflationniste (au moment où les pays du Sud sont en pleine déflation).
Il ne peut y avoir de moment de pause contre la Loi Travail et son monde.
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