Un train peut en cacher un autre, un coup d’état c’est pareil

2048x1536-fit_turquie-militaires-putschistes-patrouillent-surtout-ankara-istanbulVendredi dernier, une faction de l’armée turque a tenté un coup d’état contre le Président Erdogan l’accusant d’avoir livré la Turquie aux fondamentalistes et aux extrémistes religieux. Dans un contexte où le régime actuel est accusé à juste titre de liens avec Daesh et d’autres organisations terroristes.

L’objectif des militaires était de réimposer un retour à la laïcité. Mais, ce coup d’état largement improvisé par une minorité militaire n’a pu aboutir. S’il était bien parti, on peut conclure que le Président Erdogan a su sauver son régime de “la dictature” grâce à la télévision.

facetime-erdogan-En effet, Erdogan a fait un entretien via son téléphone en utilisant l’application “facetime” pour demander aux turcs de descendre dans la rue pour contester le putsch. Si tous les partis politiques dont les mouvements kurdes ont condamné ce coup d’état, seul les partisans ultranationalistes et les membres de l’AKP sont descendus dans la rue.

Il faut dire que les mosquées ont largement mobilisé les fidèles à travers des appels à la prière. Le régime ne pouvait pas mieux faire pour démontrer la nature de son régime s’inscrivant l’archétype de l’islam politique (on nomme cela l’islamisme).

De nombreux commentateurs ont tenté d’affirmer que le peuple turc était uni dans sa diversité pour combattre le coup d’état. Si sur le papier, ils n’ont pas tort, ceux qui ont pris la rue ne représentent absolument pas le peuple turc. Par exemple, le HDP a condamné le coup d’état, mais a refusé d’appeler ses partisans à prendre la rue à cause du risque d’affrontement avec les partisans de l’AKP. La réponse n’a pas tardé à venir, puisque le parti politique “progressiste” a été pris à partie par les partisans de l’AKP à travers des attaques de locaux et. Ces mêmes commentateurs affirment que la démocratie turque a vaincu la tentative d’un coup d’état et l’arrivé d’une dictature. Dans ce sophisme, il est clairement affirmé que la démocratie se résume à des élections.

Le bilan provisoire du coup d’état de la junte militaire fait l’état de 300 morts (dont des décapitations) et plus de 1000 blessés.

Dans la mégalomanie d’Erdogan, Fethullah Gülen se trouve partout et nul-part. L’ancien allié de RTP se trouve parmi les premiers accusés dans sa responsabilité du Putsch. Les soutiens de l’empire ottoman et l’AKP pensent que les gülenistes sont derrière ces évènements alors que le premier concerné a formellement condamné la tentative de Putsh. Depuis de nombreuses années, l’AKP est dans un registre de chasse aux sorcières considérant que les adeptes à la secte islamique entretiennent un état à côté de l’état. De ce fait, il n’est pas trop surprenant que le Président de la République Turque affirme que “ce qui a été fait n’est pas suffisant. Dans toutes les institutions d’état, nous allons continuer à éliminer ce virus, qui s’est développé comme une métastase à travers le pays, comme un cancer“. Lorsqu’on commence à utiliser le langage des virus ou des bactéries pour caractériser des personnes, alors nous assistons in extenso à la tentation génocidaire. On notera qu’Erdogan ne sait pas faire la différence entre un virus entre une cellule cancérigène et un virus. L’un est agent pathogène extérieur, l’autre vient d’un défaut génétique de nos cellules.

13775441_10154274320560692_4053879948175689245_nSi les militaires turcs ont tenté un putsch contre le pouvoir d’Erdogan, et qu’on ne peut pas dire que c’était un faux-putsch commandité par Erdogan étant donné les relations compliqués entre les Kémalistes et les Islamistes (islamo-conservateurs), au risque de tomber dans un complotisme assez délirant. Toutefois, on peut dire que la stratégie répressive du gouvernement turc en mettant en application une purge de masse de son appareil exécutif et judiciaire s’inscrit la logique d’un coup d’état institutionnel, mais la purge touche aussi tous les fonctionnaires. À ce ce jour près de 32 000 personnes ont été arrêtées avec l’installation de l’état d’urgence et la volonté de rétablir la peine de mort. On ne sait pas jusqu’où Erdogan est prêt, il n’a plus de limites.

Le démocrate organise désormais des purges placées sous l’œil  Mehmed VI et du petit père des peuples. Les partisans du retour du Calife et du sultanat l’affirment, la démocratie se résume au vote,  les exactions sont ainsi considérées comme démocratique.


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