Après les manifestations, Manuel Valls s’en prend à la liberté de réunion

img_20160628_162257La France post-Charlie ne va pas bien. Le Premier Ministre dans son escalade de la violence passe au-dessus des droits et des libertés fondamentales pour imposer le projet de la Loi Travail.

Après la tentative d’interdiction d’une manifestation syndicale, la répression permanente contre les journalistes [1], Manuel Valls s’est attaqué à la liberté de réunion. Cette dernière est pourtant considérée comme un principe à valeur constitutionnelle. Qu’importe pour Manu. Il est au-dessus des lois et de la jurisprudence.

Le 28 mai 2016, des travailleurs se réunissent le matin à la bourse du travail de Paris. Lors de la fin de la réunion, les personnes présentes à la réunion décident de quitter les lieux pour se diriger vers la manifestation syndicale : Bastille – Place d’Italie. Ils constatent que la Bourse du Travail est encerclée par les forces de l’ordre (CRS et EGM). Une solution est proposée par la Préfecture de Police : une sortie individuelle avec fouille au corps. Face à cette intimidation, les personnes réunies refusent unanimement. C’est le début d’une longue séquestration qui durera près de 7h00 de temps.

La République ne peut se permettre d’une telle répression contre libertés individuelles reconnues dans le bloc constitutionnel, la jurisprudence constitutionnelle et la convention européenne des droits de l’homme. Une telle régression permet au gouvernement de suspendre temporairement la liberté d’expression, mais aussi la liberté d’aller et venir. On ne peut conclure aussi qu’à ce moment précis, il y avait un trouble à l’ordre public. Comme très souvent, la Préfecture de Police en voulant maintenir l’ordre public provoque des troubles des troubles de grandes ampleurs. Si la Préfecture de Police sous l’ordre de Manuel Valls voulait interdire la réunion, alors il aurait saisi le tribunal administratif pour la faire interdire en démontrant qu’il y a un risque sérieux et grave de troubles à l’ordre public. Ce ne fut pas le cas. Si la réunion au final n’a pas été interdite, mais cette dernière a belle et bien été entravée.

La répression politique s’accroît, et laisse en suspension toutes les discussions sur les questions de la République. Certains se croient “républicains”, mais leurs attitudes vis-à-vis des libertés individuelles les mettent devant des actes liberticides d’une gravité très importante.

L’ère post-Charlie prend une tournure vraiment surprenante, mais qui s’inscrit dans la poursuite des thèses économiques de l’école de Viennes. Lorsque les contradictions de classes deviennent trop importantes, au point de soulever la colère des masses populaires. De nombreux gouvernements sont tentés d’en terminer avec la philosophie libérale, pour qu’il ne puisse rester que le libéralisme sur le plan économique. Le reste n’est régi que par l’autoritarisme.

Manuel Valls a dépassé toutes les bornes. Sa stratégie de la tension peut marcher, mais le conduira dans le camp des antirépublicains et des ennemis de la République, en continuant sur une voie aussi liberticide. On peut toutefois, le voir comme un antirépublicain.

Friedrich Hayeck, économiste de l’école autrichienne, affirmait dans un journal sous la dictature de Pinochet que “une dictature peut être nécessaire pour une période transitoire“. Dans un autre journal il affirmera “Une dictature qui s’impose elle-même des limites peut mener une politique plus libérale qu’une assemblée démocratique sans limites“. Nous n’allons pas dire que Manuel Valls souhaite imposer une dictature en France, mais nous pouvons dire que la tentation du populisme et poujadisme libéral passe au-dessus du concept de République. Le libéralisme n’a pas besoin de la République pour perdurer. Si le Pétainisme et le fascisme semblent s’éloigner, la menace d’un dictature libérale est à nos portes.


[1] Cette répression s’accompagne de passage à tabac, de dégradation volontaire commis en réunion et de différentes intimidations. La liberté de la presse n’a jamais été autant menacée et attaquée en France, par les représentants de l’ordre. De ce fait, il ne faut pas s’étonner que dans l’étude de RSF  2016 (sur le classement mondial) concernant la liberté de la presse, la France soit passée de 10ème pays en 2002 à 45ème en 2016. Il est très probable que son classement baisse dans les années à venir.


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