La consultation sur le projet de Notre-Dame Des Landes n’aura rien résolu

Dimanche, les électeurs étaient appelés aux urnes pour une consultation concernant l’aéroport de Notre-Dame des Landes. À la question “Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame des Landes ?”. 55,17% des électeurs ont voté pour le “Oui”. On pourrait en rester à ce score.
Sauf que la consultation sur le fond comme sur la forme ne change rien aux différents problèmes. Il s’agit d’une manière d’apporter de la démocratie, dans ce qui semble être une tentative de plébiscite. L’inspiration de Napoléon pour Manuel Valls et les promoteurs du projet apparaît nettement visible. Des critiques importantes sont à faire.
Premièrement, le périmètre choisi par Manuel Valls dans le cadre de l’Aéroport Grand Ouest pose un problème de fond pour l’aéroport. En effet, en délimitant uniquement la zone de suffrage au département de Loire-Atlantique pour un projet sensé concerné l’ensemble de la Bretagne devient ridicule. En effet, l’Aéroport s’appelle le “Grand Ouest” et non “Loire-Atlantique”. De ce fait, la commune de Plogoff avait également son mot à dire, puisqu’elle est l’une des plus situé à l’Ouest. Enfin, à Notre-Dame des Landes, les principaux concernés ont voté “Non” à plus de 75 %.
Deuxièmement, le nom même de l’aéroport soulève des questions. Si le Grand-Ouest se résume au département de la Loire-Atlantique. Or, les départements du Grand-Ouest, c’est-à-dire les départements bretons (Finistère, le Morbihan, les Côtes-d’Armor et l’Ille-et-Vilaine) n’ont pu voter pour la consultation, c’est que le projet ne concerne en aucun cas à la Bretagne réunifiée. Par conséquent, il ne s’agit plus de l’Aéroport pour le Grand-Ouest, mais d’un Grand Aéroport pour la Loire-Atlantique. Cela implique des changements financiers en matière de gestion du Capital de l’AGO et des assurances [1]. En effet, qui dit projet de la Loire-Atlantique dit immédiatement un projet local. Or, actuellement, il s’agit d’un projet national, vu que l’état y intervient. De ce fait, les collectivités et l’état n’appartenant pas au périmètre choisi devraient en toute hypothèse se retirer du capital de l’entreprise afin que les collectivités présentes puissent assurer le choix des électeurs. Ainsi, la région des Pays de Loire, très chère au très conservateur Bruno Retailleau devrait se retirer du projet. Sa région n’est pas concernée, l’aéroport est destiné à l’Ouest, pas à l’Est.
Troisièmement, la question des recours juridique est en cours. Manuel Valls a beau déclarer que l’aéroport se fera quoi qu’il se passe. Malgré les prises de position, il s’agissait d’une consultation non-contraignante et n’ayant aucun pouvoir juridique. De ce fait, le Premier Ministre se situerait au-dessus des lois. Les promoteurs de l’aéroport souhaitent commencer les travaux à partir de l’Automne 2016 impliquant l’évacuation de la ZAD. Or, s’ils tentent d’évacuer la ZAD par la force comme pendant César, le gouvernement sera confronté au mouvement national d’opposition à Notre-Dame des Landes, mais aussi à des violences policières qui affecteront son image. Mais, au-delà de la simple question de l’évacuation qui aura sûrement lieu se pose la question des cinq recours juridiques sur les questions de la Loi sur l’eau. De plus, une nouvelle “enquête d’utilité publique” de la part de la Préfecture de Loire-Atlantique commence en août prochain. Or qui dit “enquête d’utilité publique” dit forcément “déclaration d’utilité publique” de la part de la Préfecture de Loire-Atlantique. L’arrêté sera forcément attaqué par les opposants au projet par les trois voies successives : Tribunal administratif, Cour d’Appel Administrative et Conseil d’État. Ensuite, le projet retravaillé devra repasser par la Commission Européenne afin qu’elle le valide. De ce fait, les travaux de l’aéroport ne démarreront pas avant 2017. Les électeurs ont été tout simplement bernés.
Quatrièmement, les promoteurs du projet ont utilisé l’argumentation de “l’évacuation de la ZAD”. Or, la question ne portait pas sur l’évacuation de la ZAD, mais le transfert d’un aéroport. De ce fait, ces derniers n’ont pu répondre à la bonne question. Comme il s’agissait finalement d’un vote réactionnaire, il est intéressant de constater la corrélation entre le vote en faveur du Front National et celui des partisans à la construction de Notre-Dame des Landes comme l’a souligné France TV Info.
Cinquièmement, la question de la Consultation portait sur le “transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes”. Or, la compagnie Airbus installée sur les communes de Bouguenais et Saint-Aignan-de-Grand-Lieu utilisent actuellement les pistes de l’aéroport dans un usage industriel. La compagnie n’a pas l’intention de déménager son usine sur la commune de Notre-Dame des Landes. Par conséquent, pour des raisons techniques pour Airbus, il n’y aura jamais de transfert. De ce fait, la question posée aux électeurs de Loire-Atlantique est fausse. Il s’agit d’un transfert des vols commerciaux sur la commune de Notre-Dame des Landes et non l’aéroport en lui-même. L’Aéroport de Nantes-Atlantique restera présent après la construction de Notre-Dame des Landes.
Sixièmement, les impacts sur les départements de l’Ouest seront importants. l’Aéroport Rennes Bretagne, le grand aéroport de la Bretagne sera mis en concurrence avec le deuxième prévu dans l’agglomération nantaise. Alors que structurellement, Rennes possède la LGV. Quelques travaux de la ville et de l’agglomération rennaise (Rennes Métropole) pourraient se mettre en place afin de protéger l’emploi. On comprend pourquoi les personnes défendant l’aéroport de Rennes sont opposés à l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Les petits aéroports en Bretagne (plus d’une vingtaine) seront menacés de disparition à cause de NDDL entraînant immédiatement des pertes d’emplois avec l’augmentation du chômage.
Bonus : Bruno Retailleau était aussi opposé à la consultation, mais ça c’était avant.
[1] La question de la construction de l’Aéroport de Notre-Dame des Landes sur une zone humide pose la question de la gestion des crues de la Loire. Si ces crues sont souvent caractérisées sous l’appellation de “catastrophe naturelle”, dans le schéma présenté, le département de la Loire-Atlantique pourrait être tenu entièrement responsable des différentes crues possibles à l’avenir. De ce fait, elle devra assumer le coût des crues pour le contribuable, puisque les assurances ne pourront être fonctionnelles. La levée de la Loire possède des limites. Dans le cas présent, les villes situées en aval de Notre-Dame des Landes seront sujet au crues : Nantes, Bouguenais, Saint-Herblain, La Montagne, etc.
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