Le Brexit ne changera strictement rien
La campagne anglaise en faveur du Brexit s’est largement faite sur la propagande xénophobe concernant l’immigration. L’UKIP (UK Independence Party), le parti d’extrême-droite britannique a donc établi une idéologie largement connue concernant “le grand remplacement” ou encore “l’invasion des étrangers”.
D’ailleurs, si David Cameron s’est battu pour le Remain. En février dernier, il déclarait : “Je n’aime pas Bruxelles. J’aime le Royaume-Uni. Je suis le premier à dire qu’il y a beaucoup de choses qui doivent être améliorées au sein de l’Union européenne”.
Il faut souligner que Nigel Farage est lui-même issu des Torries. Il a quitté le parti de Margaret Thatcher en 1992. Ainsi, les thèses de l’économie “néoclassique” (notamment celle issue de l’école de Viennes) remportent un succès important. Dans ses mémoires, Margaret Thatcher fait régulièrement référence à Friedrich Hayek. Il sera la source d’inspiration de sa politique pendant la dizaine d’années qu’elle a passée au pouvoir. D’ailleurs pour le côté anecdotique, à la mort de la Dame de fer en 2014, Nigel Farage affirmait être “le seul politicien à entretenir la flamme du thatchérisme”. Dans sa campagne, il promettait de récupérer les fonds que le Royaume-Uni verse à l’Union Européenne dans le cadre d’un programme sociale. “I want my money back” aurait dit Thatcher, dans cette campagne. Sauf que le Thatchérisme sous-entend la privatisation totale du domaine public (sauf les secteurs régaliens) afin de ne pas déstabiliser les fluctuations des marchés économiques. D’ailleurs, le succès de David Cameron lors des élections législatives s’est fait sur la question des réformes libérales dans le cadre du projet “Big Society“. Avec un déficit public atteignant 5 % du PIB, la cure d’austérité mise en place par le gouvernement actuel risque d’être brutale. Sur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros), mais c’est autant qu’il faudra réaliser s’il veut atteindre un solde positif dans les années 2020 de 0,6 % du PIB. De ce fait, Nigel Farage ne peut poursuivre la politique de Cameron la prolongeant afin de réduire le déficit public, mais en s’attaquant à les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale, etc. On prend les mêmes et on continue la politique mortifère s’inspirant dans les lignes droites de Malthus et Ricardo pour réinstaurer la méritocratie présente alors sous l’ère de la Reine Victoria.
Alors que 51,9 % des électeurs ont voté en faveur du Brexit, Beaucoup de personnes y voient un changement radical concernant la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Toutefois, on peut se rassurer ce référendum n’est pas l’acte de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, mais qu’une expression populaire concernant la position de l’Union Européenne. La sortie de l’Union Européenne du Royaume-Uni ne pourra être actée que lorsqu’elle sera définitive.
Certes, les actionnaires ont vécu un “black friday”. Le vote a créé un mouvement important d’actions déstabilisant les différentes Bourse à l’échelle mondiale. Les marchés n’aiment pas être déstabilisés, le résultat du vote a donc créé une agitation importante se traduisant par leurs ventes massives et spontanées. Certains naïfs interprètent cette agitation de spéculation comme une peur des marchés concernant le Brexit, sauf que l’on ne peut analyser sur une journée la position des marchés. Si la chute des bourses est similaire à la chute de Lehman Brothers, la conjoncture économique de cet effondrement est totalement différente. De même, le cours de la Livre Sterling a largement chuté en réaction au résultat. Si la Livre reste basse, cela pourrait favoriser la compétitivité des entreprises britanniques sur du court-terme. Concernant les Bourses et le cours de la Livre Sterling, on ne pourra donner un avis objectif et réfléchis que sur du long-terme. Actuellement, nous en sommes incapables. Toutefois, avec la mise en place d’un libéralisme national qu’incarne Nigel Farage, on peut supposer que les bourses et le cours de la Livre Sterling devraient vite retourner à la normale. De plus, pendant deux ans, la situation vis-à-vis de l’Union Européenne est totalement gelé, les traités continueront de s’appliquer.Sur le plan structurel du Royaume-Uni, deux divisions territoriales se mettent largement en évidence. Ceux qui ont voté le Remain : l’Irlande du Nord et l’Écosse et ceux qui ont voté le Brexit le Pays de Galles et l’Angleterre (sauf la région autour Londres). Ainsi, une fracture se crée. Le Sinn Fein demande la Réunification entre l’Eire et l’Ulster, les principaux partis d’Écosse demandent un nouveau référendum sur l’indépendance. Le Brexit produit l’effet d’une fragmentation et la possibilité d’une désintégration du Royaume-Uni, avec un problème très important celui de la répartition de la dette publique au sein des états, mais aussi la question de la monnaie.
Sinon le Brexit ne change rien, il permet aux souverainistes de tout bord de s’emparer de la décision du référendum de pointer l’objectif sur eux. Qu’ils défendent la souveraineté nationale ou populaire, ils en profitent. Mais, il ne faut pas être dupe, derrière le souverainisme se cache le patriotisme et le nationalisme. De ce fait, certains courants de pensée idéologique se permettent d’affirmer que le changement viendra de la récupération du pouvoir au niveau de l’échelle européenne sur les états. Ils devront s’interroger sur l’exploitation entre la France et la Norvège. Dedans ou dehors, le capitalisme reste le capitalisme.
Y aura-t-il un effet domino suite au Brexit ? Il est trop pour y répondre. Mais quoi qu’il en soit, si le Brexit est un moment historique, il ne changera rien sur le fond.
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