La mobilisation gagne, un Raz de Marée contre la Loi Travail

Quelques jours après que les médias aient porté leurs objectifs sur les affrontements entre les Hooligans russes et anglais. Nous avons assisté à des dénonciations particulièrement clémentes, tout comme une répression presque inoffensive.
On en déduit que les pouvoirs publics préfèrent des affrontements entre nationalistes d’extrême droite, puisqu’ils aiment le football, alors que les opposants à la Loi Travail “nuisent à l’image de la France”, “prennent en otage les Français”, etc. Derrière la planète football se cache un marché très lucratif, mais aussi le chauvinisme, le nationalisme est la pierre angulaire du capitalisme.
La propagande politique et médiatique tendait à affirmer que le mouvement s’essoufflait et que le reste des manifestants n’étaient autre qu’une minorité radicalisée. Il faut dire que le discours de Pierre Gattaz et ses vassaux (élus et éditorialistes) s’épuisent progressivement. Si la coupe UEFA Euro 2016 ne se déroule pas trop mal, il s’agit du leitmotiv pour en finir avec les mouvements, alea jacta est. [2] Sur l’ensemble du territoire, nous avons dépassé près de 1 Million de personnes mobilisées. Venons-en toutefois à la manifestation de Paris.

L’organisation terroriste (Daesh) s’en est prise à Charlie Hebdo, elle a assassiné tout de même quatre flics : Ahmed Merabet, Clarissa Jean-Philippe et Jean-Baptiste Salvaing, Jessica Schneider (au cours d’une prise d’otages), ils laissent deux enfants orphelins (j’y reviendrai sur l’Hôpital Necker), jeudi soir.
On aurait pu penser que vu la tournure des évènements, il y aurait une solidarité qui se serait intégrée, puisqu’au final, le journaliste et le flic sont visés par ce terrorisme. Pourtant, les forces de l’ordre continuent de s’acharner sur les journalistes et particulièrement les photographes indépendants. En effet, lorsque les journalistes sont pris à partie par les forces de l’ordre, alors ces derniers reproduisent un schéma type. Freud affirmait qu’il existe une reproduction dans l’inconscience. Or, cette inconscience pousse la matérialisation du subconscient des forces de l’ordre à se mettre en évidence. La haine éprouvée à l’encontre de la presse fait que les forces de l’ordre portent atteinte à la question de la liberté d’expression. Cette dernière n’a pas de prix, c’est pour cela que des gens sont descendus dans la rue par millions pour l’affirmer en janvier 2015. Mais pour eux, cette liberté a un prix, le prix de la matraque, de l’équipement de protection et des différentes grenades lancées contre les manifestants. Actum est de republica.[2]
Au fond, la mobilisation finit par payer face à la minorité qui gouverne (5% du Parti Socialiste, 30 % des Français), puisque la mobilisation fait le plein avec plus de 1 million de personnes. La lutte des classes s’inscrit dans la continuité européenne : Grèce, Espagne, Italie, Portugal, etc. Partout, le patronat saccage, brise, pille les droits qui restent avant de s’attaquer aux droits de l’homme dans leur dernière étape de libéralisation.

La manifestation débutait près du boulevard Auguste Blanqui. Ce dernier a laissé le nom à une doctrine nommée le blanquisme, largement détestée par les staliniens et la petite-bourgeoisie. Ce dernier affirmait que “c’est la guerre entre les riches et les pauvres : les riches l’ont voulu ainsi ; ils sont en effet les agresseurs. Seulement ils considèrent comme une action néfaste le fait que les pauvres opposent une résistance. Ils diraient volontiers, en parlant du peuple : cet animal est si féroce qu’il se défend quand il est attaqué”.[3]
La Préfecture dans son travail avait largement mis en avant qu’il fallait tout faire pour éliminer le Black Bloc. (Cf les tweets ci-dessous).
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Le slogan durant la manifestation a été : “C’est qui les casseurs ? C’est eux les casseurs” [NDLR : les casseurs sont les forces de l’ordre]. Ce dernier a longuement résonné le long du trajet sous les hauts-parleurs de Sud-Solidaires. Comme je vais y revenir, les bleus en uniforme ainsi que le gouvernement ne sont autres que des casseurs institutionnalisés. Ils ont le monopole de la violence et de la torture comme l’affirme si bien, Michel Foucault.
Contrairement à la logique syndicale et médiatique, les débordements n’ont pas eu lieu en marge de la manifestation. Elles ont eu lieu au sein-même de la manifestation. Mais certains n’acceptent pas l’idée de voir des autonomes, des Blacks Blocs dans les cortèges. Avant, ils étaient en fin de cortège. Les choses ont changé, les voici en début de cortège.
Dans les manifestations sous Valls, le port du masque à gaz ou FFP3, avec des lunettes de piscines ou de ski sont devenus élémentaire pour son bon déroulement. On pourrait se poser la question : Comment en est-on arrivé là ? Par l’acharnement à Manuel Valls à vouloir mater le travailleur, comme Sarkozy voulait mater la “racaille”.
Ayant fait tout le trajet au sein du black bloc, je dois affirmer que la manifestation entière a été faite sous le gaz lacrymogène. La stratégie de la tension s’accentue progressivement. Elle fonctionne parfaitement. Il y aura bien un mort. Ce mort, ils devront l’assumer.
Cela poursuit le corolaire suivant : il y a des manifestants, donc il y a des flics, il y a des violences, donc il y a plus de flics. De manière crescendo, il apparaît évident qu’il y a des camarades qui tomberont lors des manifestations sous les bombes et les balles. La violence dans le mouvement social n’a pas de limite. Une remarque intéressante que l’on pourrait faire : pourquoi lorsque les flics sont absents, il n’y a pas ou très peu de violence ?

Pourquoi montrer un slogan allemand dans une manifestation française ? Si ce dernier est une référence inébranlable à la dernière phrase du manifeste du Manifeste du Parti Communiste : “les prolétaires n’ont pas de patrie”. L’internationalisme est le pilier de nos luttes, contrairement au nationalisme de la bourgeoisie.
[1] Locution latine : Les dés sont jetés
[2] Locution latine : C’en est fait de la République
[3] Extrait de la défense d’Auguste Blanqui en Cour d’Assises, 1832