Pour l’état, du terroriste au manifestant, il n’y a qu’un pas

La politique de dévaluation interne (en opposition à la dévaluation monétaire) pratiquée par le gouvernement de Manuel Valls a pour objectif à long terme de faire baisser les prix des différents produits, mais surtout les salaires.
En partant du principe, les accords de compétitivité prévus dans l’article 2 de la Loi Travail risquent de créer une baisse de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) entraînant inexorablement une tendance à la déflation. La rigueur budgétaire va de paire avec l’accélération du chômage, la baisse de la croissance, et la déflation. Cette grille de lecture conforte un peu plus, la réalité de la lutte, d’autant que les décisions de la Loi Travail ne viennent pas du gouvernement à proprement dit, mais de Bruxelles.
La stratégie de la tension voulue, organisée, orchestrée et mise en application par l’État ne peut que trouver un terrain favorable à une lutte plus acharnée. Si comme le souligne le compte-rendu du SNJ, le gouvernement dément, la réalité est tout autre.
La haine éprouvée contre les journalistes indépendants de la part des flics s’oppose de manière assez radicale à la manifestation du 11 janvier 2015. De ce fait, la répression s’abat de pleins fouets contre les photographes professionnelles. Apparemment, rien n’a changé depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, les journalistes restent une cible privilégiée dans les manifestations.
Romain Dussaux a été plongé dans le coma artificiel (il a été sédaté plus exactement) après avoir reçu une grenade de désencerclement au niveau de la tête par un CRS. Le confrère de Buzzfeed n’avait pas tort en affirmant que “les journalistes indépendants, autres victimes collatérales de la police”. Or, la seule différence où je ne suis pas d’accord vient qu’il s’agit de victimes voulues par les forces de l’ordre.
De ce fait, la violence ne peut qu’être exponentielle dans les prochains jours. Les actions de blocage vont se multiplier. Manuel Valls peut certes déclarer que
Ces Black Blocs, ces amis de monsieur Coupat, toutes ces organisations qui au fond n’aiment pas la démocratie, qui la contestent, qui en contestent les principes, trouveront la plus grande détermination de l’État, de la police et de la justice.
Si beaucoup de critiques sont à faire sur le comité invisible (notamment sur le livre à mes amis) et le site lundi point am (le site mérite un article à lui-même), il en ressort que le groupe de Tarnac est considéré par le pouvoir public comme le symbole par excellence du mouvement “Black Bloc” en France. On peut dire qu’un petit groupe autonome tenant une épicerie dans un petit village revient sur le devant de la scène. C’est visiblement une stratégie de diabolisation, le fond du groupe Tarnac ne s’inscrit pas forcément dans une lutte révolutionnaire, mais plutôt dans la volonté de créer un roman révolutionnaire par la violence et le nihilisme, mais sans vrai projet révolutionnaire comme le témoigne l’épicerie.
D’autant que l’affaire de Tarnac dont Julien Coupat était des marqueurs sous la présidence de Nicolas Sarkozy visant à faire une démonstration du terrorisme sur un dossier entièrement vide, avec de nombreux pièces bizarres.
La politique de la terre brûlée du gouvernement visant à déstabiliser l’ensemble du mouvement d’opposition à la Loi Travail ne peut que trouver la réponse dans des affrontements de plus en plus dure et violent. Quant à l’État, la Police et la Justice, le mouvement se retrouvera inexorablement confronté à ces pouvoirs, puisque ces derniers ne sont que des soupapes au service de la classe dominante. Ainsi, la détermination ne peut qu’être plus grande, et cela, avec ou sans blacks blocs. De plus, face à la tentative de division du pouvoir, l’un des slogans dans les manifestations contre la Loi El-Khomri est “nous sommes tous des casseurs”.
En utilisant les lois issues du régime d’exception, certains manifestants sont considérés comme appartenant à un “association de malfaiteurs”, grosso modo à une organisation terroriste. De l’affaire Julien Coupat à la traduction d’une partie de la population comme des terroristes, la manœuvre était compliquée, mais elle est faite. La boucle est bouclée.
Enfin, sur la question démocratique, Manuel Valls est l’antithèse même quand il tente par tous les moyens disponibles de passer son texte en force quand bien même une majorité de la population (74%) y est opposée. Le Premier ministre explique que “La démocratie, ce n’est pas la rue ! La démocratie c’est le vote !”.
En pleine état d’urgence, le climat social continuera de se tendre, malgré les impératifs voulus par l’état. Les éditorialistes continueront d’insulter les syndicats (voir image à droite) parlant de prise d’otages et déversant toutes leurs haines contre les personnes victimes en ce moment et ou ayant été victimes comme pour le Bataclan.
L’idée du “mois sacré” théorisée par les anarchistes des années 1850 ne peut qu’aboutir à une problématique non-nouvelle, celle de la survie elle-même du “prolétariat”. Rosa Luxembourg, dans Réforme sociale ou Révolution affirmait que : “Les moyens d’adaptation les plus efficaces de l’économie capitaliste sont l’institution du crédit, l’amélioration des moyens de communication, et les organisations patronales”. L’adaptation du capitalisme base inexorablement par la mondialisation. La multiplication des flux (énergique, de communication et de transports) met en avant la faiblesse du Capitalisme du XXIème siècle. En effet, une poignée de personnes (5 % des travailleurs) permet d’assurer le fonctionnement propre de l’économie. Ainsi, le pays tient debout grâce à ces travailleurs. De ce fait, le réseau SNCF (et de transport en commun), les raffineries, les transporteurs, les raffineries, les centrales électriques sont des secteurs stratégiques. Pour paralyser un pays, une grève générale peut perturber effectivement l’économie d’un pays, mais ne peut en aucun asphyxier un pays de l’intérieur.
Le blocage de la coupe de l’Euro 2016 entre dans ce cadre spécifique. Il s’agit, ni plus, ni moins de la matérialisation et la figuration de l’acte de saboter qu’il faut mettre en évidence, mais ni plus, ni moins le blocage total et une paralysie du pays.
Des réquisitions sont prévus pour le maintien de l’épreuve, mais qu’importent les décisions prises par les pouvoirs publics, le Préfet devra faire à des travailleurs plus engagés que jamais contre son monde archaïque et dépassé.
Enfin, dans la gestion du flux, les actions se doivent d’être spontanées et mobiles afin de s’adapter le mieux possible au cadre de réaction de l’état bourgeois pour défendre les intérêts de la société Euro 2016 SAS.