Le scandale de #PanamaPapers : quand l’évasion fiscale est pointée du doigt
Une fuite s’est opérée transmise par une personne sous le pseudonyme “John Doe” au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung en 2015. Un Fichier de la taille de 2,6 téraoctets y est découvert, il est nommé #Panampapers. Face à un fichier d’un tel volume, l’ICIJ (The International Consortium of Investigative Journalists – Le Consortium international des Journalistes d’Investigation) est contacté pour pouvoir décoder le fichier et y lancer une enquête en profondeur. Ainsi, l’opération “Prometheus” est lancée, elle se compose de 370 journalistes issus de 107 rédactions.
La firme panaméenne Mossack Fonseca est située au cœur du scandale #Panampapers ou #Panamleaks. Que l’on ne s’étonne pas, la Compagnie n’agit pas seule, il s’agit uniquement d’une micro-partie visible de l’évasion fiscale. D’autres paradis fiscaux nécessitent une investigation acharnée comme les îles Vierges Britanniques et des États-Unis d’Amérique, les Bahamas, Jersey-Guernesey, Andorre, Liechtenstein ou encore Chypre. Autrement dit, l’affaire mérite un large débat, puisque rien que pour l’Union Européenne, l’évasion et la fraude fiscal est située aux alentours de 1 000 Mds d’euros chaque année, soit près de 7.1 % de son PIB.
Plus de 210 000 sociétés-écrans ont été mises au grand jour. Elles permettent à des particuliers out comme à des entreprises de créer des montages financiers visant à échapper aux différents impôts directs et indirects. Les profits surréalistes de ces sociétés transitent à travers différents pays, ils sont extravaguant et participent au déficit public.
Quelques noms ressortent de personnalités connues au niveau mondial :
- Petro Porochenko est le « Roi du chocolat » ukrainien milliardaire, dans la crise ukrainienne qui continue de se poursuivre, le milliardaire avait entamé une cure d’austérité très importante pour que le pays puisse avoir un second souffle. Sa théorie économique devient monarchiste : les travailleurs doivent rembourser les dettes de l’aristocratie financière. Enfin, il devra se justifier sur sa politique d’évasion fiscale à travers la question suivante : comment un fraudeur peut-il mettre en œuvre une politique pour endiguer l’évasion fiscale. En Ukraine, chaque année la fraude fiscale coûte 12 milliards de dollars aux Ukrainiens.
- Salmane ben Abdelaziz Al Saoud : “accède au trône d’Arabie Saoudite en janvier 2015, s’est arrangé une société des îles Vierges britanniques a servi à contracter des prêts immobiliers pour l’achat de résidences de luxe à Londres, et à détenir un yacht”.
- Le Clan Assad à travers les frères Rami et Hafez Makhlouf est pointé du doigt. L’ICIJ affirme que “tous deux ont fait l’objet de sanctions internationales pour le rôle qu’ils ont joué dans la violente répression des manifestants pro-démocratie par Bashar Assad (Bachar Al-Assad), mais Hafez a tout de même réussi à dégeler 4 M$ sur des comptes en Suisse.”
- Le Clan Poutine, les proches du Roi Mohammed V, Sigurður Ingi Jóhannsson (ancien Premier Ministre d’Islande, mais aussi des personnalités touchant le Football (FIFA, UEFA, président de Club, joueurs, etc.) et les proche du Front Nationa sont visés par l’objet d’une enquête.
Les dérapages de la presse conservatrice et ultralibérale
- Yves Thréaard, directeur adjoint du Figaro
Yves Thréaard, l’actuel directeur adjoint du Figaro, dans un entretien avec Public Sénat s’est emballé de cette affaire en comparant dans un premier temps, les personnes atteintes du VIH et les personnes présumées coupables de fraude et d’évasion fiscale. Jusqu’à présent, la fraude et l’évasion ne sont pas des maladies, pas plus que la phobie administrative. Dans un second temps, il n’a pas hésité à sortir l’argument de l’antisémitisme, en affirmant que la publication d’une liste de noms serait typiquement une attitude de l’ordre du nazisme. Le sujet a littéralement fait perdre les pédales d’Yves Thréard.
[VIDÉO] “Demain on va faire quoi, le listing des gens qui ont le #sida?” @yvesthreard remonté contre #panamapapers pic.twitter.com/cqklXV7kom
— Public Sénat (@publicsenat) 5 avril 2016
Alors, le journaliste a tenté de se rattraper, mais il est allé encore plus loin dans son dérapage. La question de la délation ouvre immédiatement la porte de la Shoah. Il n’y a pas de lien entre la Shoah et l’évasion fiscale. Utiliser la Shoah de cette manière reste dans le fond un certain réflexe antisémite et un manque de respect important pour les victimes de la Shoah.
Bien sûr qu’évasion fiscale et sida n’ont rien à voir mais je n’aime pas les listings et la dictature de la délation, ça vous rappelle rien?
— Yves Thréard (@yvesthreard) 5 avril 2016
- Yves de Kerdrel, Directeur Général et Directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles et Chroniqueur au Figaro
Dans un style similaire, Directeur Général et Directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles et Chroniqueur au Figaro affirme que les paradis fiscaux sont une nécessité due à l’enfer fiscal français. De même, il considère que la famille Cameron a utilisé les paradis fiscaux, car Jersey et Guernesey sont assimilés au Pluton de la fiscalité. Pourtant, si on remonte clairement, de journaliste proche de Vladimir Poutine (il publie des chroniques sur la chaîne Russia Today, dit RT), considère la Russie comme un Sodome et Gomorrhe pour les chrétiens, bien qu’il qu’il soit carrément Pro-Russe.
À l’enfer fiscal, s’ajoute 270 à 290 Mds d’aides aux entreprises, soit l’équivalent 13 % du PIB. Il y en a qui font tout de même l’apologie de l’évasion fiscale, en bref, alors que si l’austérité devient de plus en plus élevée, il s’agit en réalité de l’entière responsabilité des fraudeurs fiscaux dont le pourcentage total est équivalent ou supérieur au déficit public.
Le problème ce n’est pas #PanamaPapers. Le problème c’est que sans les enfers fiscaux comme la France, il n’y aurait pas de paradis fiscaux.
— Yves de Kerdrel (@ydekerdrel) 4 avril 2016