Jean-Louis Debré et le mouvement d’opposition à la Loi El-Khomri

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Jean-Louis Debré sur le plateau de BFM Politique, le 6 mars 2016. – BFMTV

Le 5 mars, Jean-Louis Debré dans une interview sur BFM-TV a “condamné les pétitions et autres bassesses politiques” et se dit très préoccuper “parce que quand on regarde l’histoire de notre pays, il y a toujours eu ce développement de l’antiparlementarisme. Que ça soit au moment de l’affaire Boulanger, ou au moment des ligues”.

Ces mots tentent à marginaliser toutes les oppositions à la majorité gouvernementale en la confondant avec l’antiparlementarisme et l’extrême droite. Cette ligne affirme quunclic vaut plus qu’un vote dans l’isoloir, et d’un vote des Français“.

Ainsi, l’ancien président du Conseil Constitutionnel combat le mouvement contre la loi El-Khomri. Il considère qu’il s’agit d’une atteinte fondamentale à la démocratie. La liberté d’expression et de pensée serait selon lui, en contradiction avec la démocratie. Il y a donc des raisons de s’inquiéter de son passage au sein du conseil constitutionnel au vu des paradoxes présents dans son raisonnement.

Jean-Louis Debré affirme que seules les élections font partie du processus démocratique parlementaire. Par conséquent, le citoyen n’a pas à interagir avec le Parlement : l’Assemblée Nationale et le Sénat dans le cadre bicaméral. Les mandats sont représentatifs et que les élus n’ont aucun compte à rendre. Il affirme que les mouvements citoyens “visent à court-circuiter le système parlementaire“. La confiscation du débat démocratique par une minorité d’élus posent une question majeure : comment peut-on haïr à ce point l’électeur et le citoyen ?

L’opposition à la loi El-Khomri s’inscrirait dans la tradition antirépublicaine et antiparlementaire française. Ainsi, le mouvement serait d’extrême droite ou remontrait dans la tradition poujado-populiste.

Par voie de ricochet, le gouvernement est issu d’une tradition républicaine. Donc, il refuse d’écouter les colères et les révoltes populaires, et de ce fait, il préfère diriger le pays en autarcie. Selon lui, les mouvements populaires ne reflètent pas la démocratie. Il s’agit ni plus ni moins que d’une tentative pour déstabiliser le pouvoir en place. Par conséquent, pour diriger le pays, la solution ne peut qu’être l’autoritarisme. Cette façon de voir le pays s’inscrit dans une tradition particulièrement conservatrice.

Ensuite, Jean-Louis Debré oublie un élément fondamental dans le cadre de sa critique sur les pétitions. Ceux qui signent sont aussi les électeurs. Ce sont aussi les électeurs qui participent aux différents mouvements d’opposition. Compter uniquement sur un bulletin dans une élection permet d’oublier les électeurs tout le long du mandat. Cela consiste à affirmer que les citoyens n’ont d’autre choix que de soumettre aux élus. Ainsi, les citoyens ne sont considérés uniquement comme des bêtes à voter. Il s’agit d’un manque de respect et de reconnaissance vis-à-vis des citoyens qui peuplent notre pays.

À l’ère du numérique, la démocratie se transforme et le parlementarisme laisse sa place progressivement à la démocratie participative. Cela peut paraître effrayant pour les personnes vivant dans le vieux monde. Les réseaux sociaux ont permis aux citoyens de s’emparer des questions de société. La politique politicienne s’efface avec difficulté devant la politique citoyenne. À long terme, nous allons vers la démocratie directe.

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