La loi travail et le XIXème siècle : les deux faces d’une même pièce

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Le travail du XXIème siècle

Le magazine Le Point considère le pluralisme politique comme “des dinosaures”, les personnes opposées au libéralisme. De ce fait, le magazine argumente que l’esprit de carrière intéresse uniquement les personnes opposées à la loi.

En montrant comme par hasard : le leader du syndicat de la CGT : Philippe Martinez, Martine Aubry et le président de l’UNEF : William Martinet, le magazine subventionné assume une position plus que patronale. Avec comme attaque “l’emploi, ils s’en fichent, l’idéologie passe avant”, tout est résumé : la démocratie, le pluralisme, la liberté d’expression et de pensée. Autant dire qu’il y a de sérieuses raisons d’avoir peur de ce magazine populiste. En effet, il est prêt à tout, pas pour défendre les valeurs de la République, mais les valeurs conservatrices dont l’objectif est d’augmenter les ventes, “la République, ils s’en fichent, les ventes passent avant”.

Quand on est républicain et démocrate, on assume qu’il puisse exister une opposition. En même temps, le magazine soutient Donald Trump, donc on ne peut lui en vouloir.

La question de l’emploi ne se résume pas uniquement à la question du droit du travail. Ce dernier est jugé complexe, incompréhensible et illisible. On nous en parle peu, mais lorsqu’on sait que la solution est dedans : Code de l’artisanat, Code des assurances, Code du commerce, Code de la Consommation, Code des instruments monétaires et des médailles, Code monétaire et financier, etc. Cela laisse pensif. Le code du travail est difficile à lire, mais pas les autres codes. L’argument est donc une supercherie en définitif.

Si tout le monde souhaite une simplification, la simplification libérale prônée par Le Point, l’Opinion, Le Figaro va de paire avec la flexi-paupérisation, en contradiction avec la flexisécurité des pays nordiques. Par exemple, défendre l’emploi en soutenant une loi qui peut faire travailler une personne jusqu’à 60h00 par semaine, c’est-à-dire 12h00 par jour renvoie directement en 1848, c’est-à-dire au XIXème siècle. Autant dire que lorsque nous affirmons que la loi en question est un retour au  XIXème, nous sommes dans le vrai.

Les économistes de l’école néoclassique n’ont pas hésité une seule seconde à soutenir le projet de loi El-Khomeri. Ils affirment que ce projet fera baisser le chômage, augmentera le nombre de CDI (quand bien même ces derniers sont opposés au CDI et militent pour un contrat de projet). Ainsi, le Prix de la Banque de Suède en 2014 soutient la loi en question en se basant sur les exemples italiens et espagnols. De ce fait, la conclusion de sa tribune se termine par “c’est un moyen de lutter efficacement contre les inégalités et la précarité”. Alors que justement, c’est un moyen de lutter efficacement pour accentuer les inégalités, comme en Italie et en Espagne où  la précarité a augmenté de manière spectaculaire.

Est-ce un hasard si tous les posts-libéraux considèrent que les économistes orthodoxes font partie des meilleurs économistes et des plus réputés ? Non, cela suit leurs lignes. D’ailleurs, Manuel Valls suit cette ligne, puisqu’il a rediffusé la tribune sur son Twitter :


Le principe fondamental à toutes sociétés consiste ainsi : lorsque la demande (carnet de commandes) augmente, l’entreprise doit diversifier et adapter son offre (en augmentant son nombre d’effectif de manière temporaire ou à long terme en fonction de l’augmentation de la demande). Une entreprise a besoin donc de stabilité. Le CDD est tout sauf une stabilité, puisqu’il génère un va-et-vient incessant dans l’entreprise et une perte de temps par la formation des nouvelles personnes.

La facilité du licenciement vis-à-vis des travailleurs ne peut en aucun cas permettre l’embauche. Sinon, nous aurions des mesures en faveur de l’embauche. Au contraire, ces mesures vont accentuer la courbe du chômage et donc le nombre de chômeurs va croitre de manière régulière, voir exponentiel. La Loi d’Okun nécessite une croissance de 1,7 % pour faire baisser le chômage.

Lorsque les syndicats sont mis de côté dans l’entreprise avec l’apparition de référendums, alors c’est l’ensemble des élections professionnelles qui est mis en cause. Le taux de participation à ces élections est extrêmement élevé. Les premiers visés sont les syndicats considérés comme archaïques, mais aussi les salariés qui votent pour ces syndicats. La théorie farfelue que les syndicats ne représentent qu’une minorité en ne tenant compte que des adhérents. Les partisans de cette théorie refusent de prendre en considération le nombre de personnes qui votent pour ces organisations. De même, si on considérait les partis politiques en fonction du nombre d’adhérents alors, nous aurions une minorité représentée par les partis, ce qui n’est pas le cas. Cela entre dans le cadre de l’anti-syndicalisme de base. Cette position suit irrémédiablement la logique entamée par Margaret Thatcher et continué par son prédécesseur : David Cameron. Il ne serait pas étonnant que le droit de grève soit de plus en limité en appliquant les référendums dans l’entreprise. Ces derniers sont vécus par les salariés comme des revolvers sur la tempe.

De plus, l’un des arguments phares de la part de ceux qui soutiennent le projet de loi consiste à affirmer que les opposants ne l’ont pas lu. Autant dire que les opposants sont des illettrés et des analphabètes pour ces derniers. Autant de positions qui témoignent de la mauvaise foi des partisans du projet de Loi.

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Enfin, je pense que plus nous avançons dans le XXIème siècle, plus les personnes qui se réclament du libéralisme sont en opposition récurrente avec les notions mêmes de libéralisme. Nous entrons progressivement dans un ère post-libérale.

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