Expulsion de la jungle : violences et répression policière

L’évacuation d’une partie de “la jungle”, ce bidonville aux portes de Calais s’est déroulée dans un cadre humanitaire ordonné à la Française. Le démantèlement a suivi la logique de l’état d’urgence avec le professionnalisme des forces de l’ordre.
Alors que le Brigade Anti Criminelle dispose désormais des fusils d’assault HK G 36 de marque allemande, autant dire que la force de répression renforcera le côté humain du pouvoir exécutif. Sans rire, le meilleur moyen de mettre en œuvre les travaux et assurer la démolition du camp Sud réside à mettre en évidence le bruit des pelleteuses, puis de pratiquer la politique de la terre brûlée. Les écoles laïques sont réduites en cendres, symbole suprême de la contradiction de l’état vis-à-vis à ses symboles majeurs : la laïcité et l’école.
Le langage de bois pose problème, car le bois finit par se consumer, le langage retrouve donc à la fin le fond de ses paroles : elles ne sont plus que poussières. Peuvent-ils enfin assumer que l’opération en application de la décision du Tribunal administratif s’inscrivait dans le processus de répression vis-à-vis des réfugiés ?
La Brutalité et la méthodologie employée par Fabienne Buccio peuvent réjouir la frange de la population opposée à l’accueil des réfugiés. Comment peuvent-ils prétendre que les Droits de l’Homme existent encore lorsque les gazs lacrymogènes flottent au-dessus de la jungle situé en zone humide, et que les forces de l’ordre attaquent les personnes plus vulnérables ?
Il ne peut y avoir de justifications sérieuses. D’autant que des blessés sont à compter parmi les réfugiés alors qu’ils devraient être protégés, mais ce n’est pas la priorité de l’état. Le manque de dignité humaine du pouvoir exécutif vis-à-vis des réfugiés s’est traduit également par la prise en charge des services publics de base à travers des associations locales, le pouvoir exécutif ignorait la situation et faisait la sourde oreille. Ces associations ont été écartées pour que la destruction de la jungle se fasse à huit-clos, et donc aucun témoin des opérations. L’opacité en dit beaucoup des intentions réelles de la préfecture et du ministère de l’Intérieur.
La volonté du ministre de l’Intérieur de décimer “les migrants partout sur le territoire du nord de notre pays” nous rappelle un lapsus révélateur particulièrement nauséabond. Nous assistons de ce fait à la dispersion des réfugiés sur l’ensemble du territoire après une persuasion de la part des autorités. Le chantage de Bernard Cazeneuve prend tout son sens en affirmant que “Ceux qui refusent notre main tendue et poursuivent leurs tentatives vaines s’exposent à une reconduite à la frontière et à des sanctions pénales “. Dans notre pays, le chantage est un délit puni par l’Article 312-10 du Code Pénal de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Les Maraudes de la Préfecture prennent une forme formelle, le reste n’est que violence pour mettre en danger les migrants ou les expulser (autrement dit les assassiner s’ils refusent de se soumettre).
Les réfugiés ont pour aspiration de rejoindre l’Angleterre, et cela ne changera en rien leur détermination, même s’ils se retrouvent au fin fond de la Corrèze.
Le ministère de l’Intérieur a toutefois condamné les violences de certains “No Border”. La tentative pour trouver un bouc-émissaire aux violences policières fonctionne particulièrement bien. Cela se traduit par des arrestations. C’est bien au ministre de l’Intérieur de s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés, et non aux militants aidant les réfugiés.

Depuis, la violence n’est pas retombée à Calais, les Forces de l’ordre matraquent, répriment, incendient, détruisent et tout se passe bien pour les “libéraux” farouchement opposés à libre-circulation des personnes.