L’état d’Urgence suspend nos libertés fondamentales, à la plus grande joie des libéraux

© AFP ERIC FEFERBERG
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L’État d’Urgence est désormais appliqué et en vigueur dans toute la France. Les perquisitions administratives prévues par l’article 11-1 de la Loi n° 2015-1501 du 20 novembre 2015 sont instaurées sur l’ensemble du territoire sur décision préfectorale ou du premier ministre.

Ce sont des décisions politiques.L’autorité administrative s’est transformée en Police Politique, en refusant de passer par le pouvoir Judiciaire.

Les perquisitions administratives témoignent de ces zones de non-droit qui s’installent dans l’ensemble du pays. L’exception permet de fouiller de manière aléatoire des bâtisses sous simple dénonciation. Plus de 1 200 perquisitions administratives ont été effectuées depuis le début du décret sur l’état d’urgence. Les dérives débordent, les bavures sont omniprésentes. Une fillette de six ans blessée par des projectiles de balles des forces de l’ordre, le 20 novembre à Nice, suite à une grossière erreur d’adresse. La vie de la petite fille n’est pas en danger, mais les ouvertures en tirant avec des gros calibres dans les serrures à long-terme feront des blessés lourds et des morts innocents à l’avenir.

Quant à l’article 5 Loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence, il abroge la liberté d’expression et d’aller et venir (le droit de manifester) au bon vouloir du Préfet, mais aussi condamne les manifestants au terme de l’article 13 d’une peine de six mois de prison et de 15 000 euros sans aucune justice.

Le Parlement a cédé face aux terroristes, les deux chambres ont voté de façon stalinienne avec des scores proches des 100%. Cela résulte d’une absence profonde de démocratie de la part des élus, mais aussi d’une marginalisation vis-à-vis de ceux qui s’opposent à l’état d’Urgence. Cette vision du combat se résume par toute une série de purges, les libéraux et les alter-libéraux appliquent le programme de Pinochet sous influence Hayek et de Friedman.

Le slogan “je suis Charlie” parait très loin. Les manifestations pour la liberté d’expression après l’attentat contre l’Hebdomadaire Charlie Hebdo sont tombés dans l’oubli. Les parlementaires ont adopté une forme nouvelle “Je Suis Liberticide”. De plus, les slogans “#PrayForParis” et “Je Suis Paris” témoignent de cette régression politique. “Ne pas connaitre ses droits, c’est ne pas avoir de droits” comme le rappelle l’adage. En allant encore plus loin, “Ne pas défendre ses droits, c’est refuser ses droits”.

58 personnes qui selon le Préfet de Police de Paris ont participé à la manifestation de soutien aux réfugiés dimanche et doivent faire l’objet de “poursuites exemplaires”. Manifester est une atteinte à la sûreté de l’état. Une personne a d’ailleurs fait de la Garde à vue. Que l’on se rassure, à Pontivy, les militants d’extrême droite ont pu ratonner sans être inquiété par l’état.

À l’approche de la COP21, les manifestations civiles en faveur du changement des politiques pour stopper le réchauffement sont également interdites. Pourtant, les manifestations auront bien lieu nonobstant l’avis du gouvernement et des parlementaires.

La brèche est ouverte, l’union sacrée profitera de ce régime d’exception pour continuer de dérouler le programme libéral. Dans cette conception, il est évident que la Société ne peut que reculer.

De même, la suspension de cette liberté entraîne irrémédiablement l’impossibilité (dans la théorie) de manifester contre les plans sociaux, les lois libérales, les lois liberticides. Il s’agit de tuer le mouvement social dans l’œuf. Cela n’a pas tardé, puisqu’à l’APHP, le plan Hirsh visant à réduire les effectifs, supprimer du personnel, fermer des unités de soins en tout genre est en train d’être mis en application. Autant dire qu’après les attentats, la politique néolibérale passe très mal. Marisol Touraine par exemple n’est qu’une figure hypocrite, elle remerciait les soignants pour leurs attitudes du vendredi à 13 au dimanche 15, avant de leur mettre le couteau sous la gorge.

Autant dire, que des personnes resteront sur le carreau au prochain attentat faute de manques d’effectifs. Faire des économies contre sauver des vies, telle est la devise en vigueur. C’est à la Ministre et Martin Hirsh de prendre leur responsabilité et d’assumer les conséquences de leurs décisions politiques.

La réalité, c’est que la politique pour réprimer le terrorisme islamique se traduit par l’application de la méthode de la terre brûlée. La Grande Terreur est entrée dans les administrations, nul doute que leurs méthodes sont inefficaces, mais témoignent surtout de leur rejet de la démocratie. La répression continuera, les abus s’accumulent, le terrorisme est toujours présent. D’ailleurs, les derniers contrats entre la France et l’Arabie Saoudite, l’Iran, le Qatar y participent.

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