Arnaud Leparmentier dans les pas de Lysander Spooner

Tout le monde ne connaît pas forcément Lysander Spooner. Il s’agit d’un anarchiste individualiste. Ne confondez pas s’il vous plaît avec Mikhaïl Bakounine qui s’est battu pour un anarchisme révolutionnaire. Les deux concepts sont fondamentalement opposés.

Lysander Spooner a théorisé la philosophie libertarienne que l’on appelle  souvent comme l’anarcho-capitalisme. Il s’agit d’un libéralisme extrême qui a pour objectif de créer une société repliée sur l’individu dont le contrat entre les citoyens est la norme suprême supprimant in extenso toutes connotations de ce qui serait commun. Il s’agit aussi d’une manière de détruire l’État et ses services principaux comme les Pompiers. La destruction de l’État pour une Société Contractuelle en est l’aboutissement.

Ensuite, on remarque que malgré l’utilisation du concept Libertarien, L’éditorialiste se sert de la théorie de l’avantage comparatif de Ricardo pour opposer les états entre eux. Et c’est pourquoi on retrouve souvent des rhétoriques nationalistes, Leparmentier n’est pas à une contradiction près.

L’éditorialiste s’était également en faveur de la Troïka. Il avait développé sa volonté de vouloir un coup d’état fasciste pour bousculer le gouvernement légitimement élu par le peuple en Grèce. Ces articles montraient la suprématie de la finance sur la démocratie. Cette fois-ci, il passe encore un pas de plus dans sa radicalisation. Dans sa chronique “sauvons le TTIP”, il passe donc de l’ultralibéralisme friedmanien au libertariannisme de Spoonerien. Il s’agit d’un symbole d’une radicalisation idéologique dangereuse avec les conséquences que l’on connaît.

Donc, il est important de déconstruire une fois de plus l’éditorialiste du journal Le Monde. L’image ci-dessus est un aperçu de l’article.

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Nous allons donc analyser son texte de manière linéaire :

Début octobre, entre 100 000 et 250 000 manifestants ont défilé à Berlin contre le traité, et les Allemands, ces bons Allemands qui s’enrichissent par le commerce, basculent dans le camp protectionniste : près de la moitié d’entre eux (46 %) est hostile au traité, contre 25 % en février 2014.

La théorie d’Arnaud Leparmentier considère tout enrichissement d’un état est contradictoire avec le rejet du liberariannisme. Il considère par ailleurs que l’opposition au traité transatlantique s’inscrit dans le protectionnisme.

En effet, le protectionnisme dans sa dialectique charge particulièrement les mouvements chauvins, souverainistes, mais aussi le bloc anticapitaliste. Il essaye par tous les moyens de faire référence aux différents mouvements nationalistes (de Gauche comme de Droite). Arnaud Leparmentier impose devant la scène médiatique l’existence deux positions sur le traité transatlantique : les libéraux et les protectionnistes. La Stratégie de l’éditorialiste permet de refermer le débat tout en marginalisant les positions différentes des siennes. Le simplissime résume son doctrine. Cette réduction se résume par son refus d’admettre l’existence de la démocratie et du pluralisme des idées. Le binarisme politique d’Arnaud Leparmentier permet d’opposer deux groupes distincts. Sa chronique possède des différences divines à travers l’opposition bon/mal.

Pourtant, force est de constater que son argumentation fondée sur le binarisme politique ne peux tenir la route sur un point précis. En effet, le mouvement anticapitaliste n’a rien à voir de près comme de loin avec le protectionnisme. Pourtant, Arnaud Leparmentier considère ces mouvements comme protectionnistes. Sa stratégie démontre par ailleurs son inculture politique profonde. Ensuite, le traité libertarien est avant tout un traité capitaliste avantageant uniquement la richesse de ceux qui possèdent les titres de propriété privée au sein des entreprises, le travailleur a tout à y perdre. L’éditorialiste dans sa logique populiste et poujadiste fait tout pour ne pas voir la lutte des classes.

Quant à l’Allemagne, l’argument développé est que le pays s’enrichit sur le commerce extérieur, donc le pays doit continuer sa marche forcée sur le commerce extérieur. D’ailleurs, la Commission Européenne met en place une procédure de sanction pour favoriser et accroitre la demande intérieure afin de baisser son excédent commercial (supérieur à 6%). Toutefois, on ne peut juger un état uniquement en se basant sur la richesse qu’il génère. Et pour cause, derrière l’image d’une Allemagne qui réussit et qui fait le bonheur de certaines personnes, se cache les profondeurs d’un modèle pitoyable et mortifère : 13 millions de pauvres (15,2 % de la population) allant dans une logique de paupérisation de la société, les minis-job (cachant le chômage de masse) empêche toute évolution, la baisse de la démographie. De plus, il ne met aucun argument des opposants allemands.

On comprend vite que l’emballement de l’éditorialiste se marque une hostilité profonde à analyser les raisons qui poussent à refuser ce traité.

La Commission européenne promet bien un gain de 120 milliards d’euros pour les Européens. En période de chômage, ils ont bien du mal à y croire.

D’après les sources de l’Union Européenne, le PIB avoisinerait 13 920,541 milliards d’euros. Ainsi, un gain de 120 Milliards d’euros apparaît comme une croissance de 0.8 %. De plus, le chiffre de 120 Milliards sort d’ailleurs de nul part. Sur dix années, cela fait une croissance réelle d’à peine de 0.08%.

 Autant dire que la croissance prévue n’aura aucun effet sur le chômage. La loi d’Okun, largement connu des économistes permet d’établir une relation entre la croissance et le chômage. Le coefficient d’Okun est différent selon les pays, puisque ces derniers ont des économies différentes. De plus, la répartition de la croissance selon les pays de l’Union Européenne variera selon les pays.

2607046-pib-de-l-europe-l-activite-a-nouveau-en-hausse-dans-la-zone-euroLa croissance dans l’Union européenne à 28 s’est affermie au second trimestre 2015, avec un taux de croissance du PIB de 2,5% sur trois mois et de 3,5% sur un an. Ainsi, en se basant des 120 Mds sur dix ans, on peut atteindre 3.58. Toutefois comme le remarque Eurostat, il y a une disparité d’abord entre le taux croissance des états, mais aussi le taux de chômage :

Taux de chômage dans la zone euro et l'UE28
D’après Eurostat

L’UE à 28 compte un chômage à 9.6% avec une fourchette compris entre 4.7% pour l’Allemagne (sachant que les mini-jobs permettent de camoufler le chômage de masse) et 25.4% pour la Grèce. Par conséquent, on peut admettre que le Traité Transatlantique ne permet pas de diminuer le chômage, mais surtout ce dernier aura un impact important sur le chômage sur le chômage qui continuera d’augmenter.

Comment avancer avec une telle opposition ? Les experts américains et ceux de Bruxelles sont réunis cette semaine à huis clos, dans la grande tradition des négociations secrètes. Pour la huitième fois. A Miami, en Floride. Leur rêve, conclure un accord avant la fin du mandat de Barack Obama, en décembre 2016.

Le cadre des négociations secrètes entre l’UE à 28 et les États-Unis d’Amérique pose un véritable problème démocratique pour l’ensemble des peuples des deux côtés de l’Océan Atlantique. L’opacité rompt évidemment toute confiance, puisque ces derniers sont en réalité pris au piège dans la machine bureaucratique et technocratique de l’Union Européenne. La confiance n’exclut pas le contrôle, d’où la nécessité d’une transparence totale. L’opposition qu’il marginalise avec une grande habilité a pour objectif dans son idée d’empêcher la société d’évoluer. Le paradoxe rhétorique subtilement mis en jeu, pose les réactionnaires et les conservateurs comme des progressistes alors que les progressistes sont considérés comme des conservateurs. Dans le fond, il se présente comme un soutien à l’opacité et l’éloignement des peuples de tout processus démocratique. Il est à l’image de cette bureaucratie autoritaire qui rêve d’un coup d’état néolibéral.

Cette négociation est une conséquence de l’effondrement de l’organisation mondiale du commerce (OMC).

Après la création de l’OMC à Seattle en 1995 sous le coup des matraques, l’OMC compte 161 membres, sa mission évolue doucement. Sa mission d’harmonisation des règles entre les états se met en place doucement. En aucun cas, il y a eu un effondrement de l’organisation mondiale, son évolution est simplement très lente. La vision autoritaire d’Arnaud Parmentier aboutit nécessairement vouloir dépasser l’OMC et donc aboutir à son effondrement : le libertarianisme sur le néolibéralisme.

Le TPP n’est pas uniquement “ultralibéral”, il fait progresser les standards de développement.

Arnaud Leparmentier affirme que le TPP en soi est “ultralibéral”. En utilisant l’expression “pas uniquement”, il tente de casser l’idée que l’objectif ne se résume pas seulement à l’économie. Paradoxalement, les standards de développement du pays sont passés sous silence, puisque ces derniers seront “ultralibéraux”. De plus, l’utilisation du mot “progrès” lui permet de mettre un pied dans le camp du progrès. Par un jeu de ricochets, l’ultralibéralisme serait de “Gauche”. Un véritable néant, puisque les partisans de cette société font partie des plus réactionnaires. Ils vivent avec des siècles de retard.

Il s’agit certes de supprimer les droits de douane, mais surtout de baisser les barrières non tarifaires. Pour cela une seule solution, rapprocher les normes européennes et américaines (par l’harmonisation ou la reconnaissance mutuelle). […] Avec ce changement de philosophie, les rapports de force se sont inversés : après guerre, il fallait tordre le bras des industrielles pour réduire leurs protections – les droits de Douane étaient de 40%, en moyenne dans le monde contre 5 % aujourd’hui. Pour le plus grand plaisir des consommateurs. Aujourd’hui, c’est l’inverse : les industriels poussent à la suppression des barrières, et les citoyens-conssomateurs freinent.

Pour Arnaud Leparmentier, la fonction du travailleur est la consommation. Cette réduction mercantile est adaptée à la société de consommation. De ce fait, la citoyenneté se résume par le capitalisme et permet de supprimer en profondeur l’identité de la personne. Il s’agit d’une évolution idéologique et philosophique dépassant le cadre du libéralisme comme on l’a constaté. Dans son autoritarisme, il ne souligne pas, mais les citoyens pourrait être contraint de consommer afin de satisfaire les industriels.

De plus, les droits de Douane baissent au fur et à mesure des années, il ne peut en résulter d’un changement philosophique. Il n’y a aucune différence entre le libéralisme et le libéralisme.

Ensuite, l’utilisation du groupe nominal “tordre le bras” démontre la violence de sa philosophie politique. Autrement dit, les clefs de bras induisent évidemment deux faits : l’intimidation et la torture.  En comparant ceux-ci avec les travailleurs, on remarque qu’Arnaud Leparmentier souhaite faire la même chose pour l’ensemble des travailleurs. La torture au plus grand plaisir des torturés, comme l’affirme l’éditorialiste. Dans les dictatures comme sous Pinochet, ces méthodes étaient très utilisées. L’École de Chicago a eu une influence importance sur la montée des dictatures néolibérales dans les années 70.

Aujourd’hui, de partager le vivre-ensemble. Entre l’American Way of Life et modèle-européen-que-le-monde-nous-envie, va-t-il falloir choisir ? Les populations sont réticentes.

Le choix d’un modèle de société selon Arnaud Leparmentier oppose le modèle américain et le modèle européen. L’opposition met en avant la division des travailleurs entre eux. L’imposition de valeurs de vie d’un pays sur un autre referme gangrène nationaliste, et cela, dans une logique typiquement impérialiste. Cette logique de diviser le prolétariat s’inscrit d’une part dans une logique nationaliste, si bien qu’elle soit contradictoire puisque ce dernier promeut le libertarianisme. Le choix entre deux modèles qui devra se faire selon lui met en évidence le caractère de la violence de philosophie politique (sic).

A terme, l’enjeu du traité est décisif : il s’agit de savoir si les Européens continueront au XXIème Siècle de fixer les règles mondiales avec les américains ou si ce rôle échoira aux américains alliés aux Chinois et tant pis pour l’Europe.

L’éditorialiste s’inscrit dans la logique du raisonnement xénophobe, nationaliste et plus ou moins fasciste lors de ses articles sur la Grèce avec l’arrivée d’Alexis Tsipras. Depuis, sa radicalisation libertarienne progresse un peu plus tous les jours qui peut porter en lui : le terrorisme (politique par la terreur).

Il n’oppose plus l’UE dont l’Allemagne à la Grèce en promouvant la Troïka et la négation de la démocratie, mais l’Union Européenne aux États-Unis d’Amérique, tout en affirmant la menace de la Chine sur l’Union Européenne compte tenu des relations commerciales. En soutenant   que la Chine est un adversaire voir un ennemi de l’Union Européenne, Arnaud Leparmentier pousse les travailleurs à soutenir des accords avec les États-Unis d’Amérique afin de combattre la Chine. Une guerre économique montrant un peu plus le nationalisme ambiant de son idée.

Toutefois, il ne parle pas des rapports entre la Chine et les États-Unis d’Amérique sur le plan des titres de dette et du commerce entre les deux États. Il aurait remarqué très vite que les deux pays sont obligés d’entretenir des relations cordiales, car ils possèdent respectivement des mécanismes de pression financière. Cette opposition entre trois blocs confirme un peu plus sa pensée réactionnaire et obscurantiste. La division plutôt que la coopération est la continuité  logique de son raisonnement.

La question du XXIème siècle se résume par l’idée de “fixer les règles mondiales”. Cela peut être traduit par “imposer les règles mondiales”, de ce fait cela s’inscrit dans une logique impérialiste. D’ailleurs lorsqu’il affirme “tant pis”, c’est bien la puissance et le monopole des propriétaires du vieux continent qu’il souhaite perdurer.

Pour protéger les entreprises et trancher les litiges avec les États, les négociateurs ont imaginé recourir non pas au tribunaux d’arbitrage nationaux, jugé peu fiable, mais à des cours d’arbitrage. […] Et Pourtant, les Européens poussent des cris d’orfraie contre une prétendu justice privée, alors qu’ils sont en réalité à la merci d’une justice américaine unilatérale.

La défense des tribunaux d’arbitrage contre les tribunaux publics ou communautaires s’inscrit dans une logique de promotion de la justice privée, autrement dit de non-justice. Les tribunaux d’arbitrage fonctionnent sur la base d’un règlement à l’amiable.

Le tribunal d’arbitrage en France, est régi par l’article 2060 du Code civil qui pose les règles générales et les articles 1442 et suivants du Code de procédure civile, mais aussi par un ensemble d’articles dont ceux du Code du Commerce, la Jurisprudence de la Cours de Cassation, du Conseil Constitutionnel, mais de la CEDH. La Chambre arbitrale internationale de Paris est située 6 Avenue Pierre 1er de Serbie.

Toutefois, comme il souligne ce ne sera pas des “tribunaux d’arbitrage nationaux”, mais “des cours d’arbitrage”. La Cour internationale d’arbitrage existe depuis 1923 et est présente dans près de 100 pays. De ce fait, il n’y aucune invention de la part des négociateurs.

La question de l’arbitrage pose évidemment la question de tout recours à une décision d’arbitrage puisque les décisions sont définitives et obligatoires. Ainsi, le pouvoir délégué à la cours est très important, puisque dans le fond, elle a les capacités de faire régner la pluie et le beau temps.

La légitimation d’une Justice Privée (ce sont des arbitres et pas des juges) met ainsi les états à genoux devant les multinationales dans le cadre de la supériorité de l’investissement et du profit sur les règles communes. Le cri d’orfraie de l’éditorialiste trouve faible les différents niveaux. Lysander Spooner dans Outrage à Chef d’États résume la philosophie d’Arnaud Leparmentier.

En Conclusion : La vision de Monsieur Leparmentier des relations inter-étatique en matière de commerce se base sur un ensemble de chiffres non-démontrés pour une augmentation du PIB de près 0.01 à 0.02% pour son pays. Au nom de la défense des titres de propriété, il les a placés et mis comme la norme supérieure. La destruction du service public suivra la logique de protéger l’investisseur. Au final, concernant son domaine, l’état sera, tôt ou tard, obligé de supprimer l’aide à la presse. Elle est estimée à près de 5 Mds d’euros. Pour le Journal Le Monde, l’aide est 13 083 310 €. La suppression se fera au nom du commerce et de l’harmonisation des normes. Le suicide intellectuel d’Arnault Leparmentier se résume aussi par la volonté de couler son entreprise et se pousser au chômage.

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