Alexandre De Juniac, un patron typique du XIXème siècle …
La chemise arrachée est devenue le symbole d’une lutte des classes largement marginalisée par la presse qu’elle soit nationale ou régionale.
Les salariés en colères dont certains ont été arrêtés comme des voyous, des malfrats ou des délinquants ont permis de bousculer la bourgeoisie sur le conflit social en cours. Thibaut Lanxade, vice-président du MEDEF en charge des TPE et des PME affirmait lors d’un débat contradictoire avec le syndicaliste Jean-Pierre Mercier sur BFM-TV que la lutte des classes n’existe plus en France. La volonté de passer au-dessus de la lutte des classes témoignent de la volonté de la classe dominante d’installer un compromis de classe tout en sauvegardant ses intérêts, autrement dit rigidifier l’oppression contre les travailleurs. L’argumentation permet à ces derniers de mettre en opposition le prolétariat et de créer des divisions.
Concernant, la compagnie nationale, le plan de licenciement de 2 900 salariés interpelle clairement de la violence patronale. C’est pourquoi mettre en relief son discours et des idéologies permet de renvoyer une certaine profondeur à la violence sociale.
Le 16 décembre 2014, Alexandre de Juniac, au cours d’une discours aux entretiens de Royaumont [1] a pu développer sa vision de l’entreprise et de l’économie. Une démonstration évidente de l’existence de la lutte des classes.
On remarquera la présence la présence de Pierre Gattaz, président du MEDEF (qui est un mouvement politique et non un syndicat). Le PDG de Radiall porte sur sa veste la Pin’s : 1 million d’emplois qui s’est transformé par 1 million de chômeurs.
On pourrait résumer le discours de Juniac à un programme en cinq points :
- Interdiction du droit du grève et emprisonnement des grévistes : “Monsieur de Juniac, chez nous, ce ne serait pas possible, on les aurait tous envoyés en prison. Pas chez nous”.
- Le travail dès 8 ans : “C’est quoi l’âge d’un enfant, de nos jours ? Est-ce que c’est 16, 18 ou 20 ans ? On pense à donner le droit de vote à des enfants qui ont 16 ans ? Est-ce que ce sont des enfants, je ne sais plus… Est-ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler ? Pas sûr”.
- Le retraite proportionnelle à la durée de vie : “Je ne vous parlerai pas de l’âge de la retraite. Acquis social, 65, 62, 60 ans ? Avec l’allongement de la durée de vie, est-ce que cela a un sens cet acquis social ?”
- La baisse des cotisations sociales : “le principal coût sur lequel, je peux agir chez moi, c’est le coût du travail”.
- La suppression du Code du Travail
Les provocations incessantes du PDG d’Air France lors de ce discours ont justement permis de faire voler en éclats le minimum de cohésion qui restait dans l’entreprise. L’intersyndical a d’ailleurs communiqué en mars dernier :
La CFE-CGC, l’Union des navigants de l’aviation civile [UNAC-CGC], Force ouvrière, le Syndicat national du personnel navigant commercial [SNPNC-FO], la CFDT, l’UNSA aérien, l’UNSA PNC, la CGT, le SNPL et le Syndicat des pilotes d’Air France [SPAF], considèrent que les multiples déclarations médiatiques d’Alexandre de Juniac, président de la holding Air France-KLM, compromettent le dialogue social au sein de la compagnie Air France.
Le président de Air France-KLM au nom de la compétitivité et de la compétition internationale a poussé la compagnie aérienne dans un Crash sans précédent. Des responsabilités importantes lui incombent, d’autant que son salaire a largement augmenté ces dernières années en dépit des résultats tout à fait minable. Sa gestion de l’entreprise est une véritable catastrophe.
Le plan Perform 2000 n’est d’autre qu’un plan d’ajustement structurel de l’entreprise, sans projet à long terme, la diminution du capital variable fera certes augmenter le taux de profit à court terme d’Air France-KLM, mais pendant combien de temps ? Sans investissement, la compagnie nationale est vouée à l’échec avec un Crash annoncé qui emporterait des dizaines de milliers de travailleurs.
En effet, la vision développée n’est pas vraiment nouvelle. Elle s’inscrit dans la logique de la classe dominante de construire une politique du XXIème siècle basée sur les rhétoriques du XIXème siècle. De ce fait, avec deux siècles de retard, le monde du travail parait abstrait. Germinal de Victor Hugo n’est plus si loin que ça, tout comme les enfants qui travaillent dans les mines. On passera sous silence le caractère anti-républicain du PDG.
La révolte des travailleurs face à une agression constante de la part d’un obscurantiste devient la seule solution possible, la violence chez Air France-KLM vient de la part de son PDG. En dénigrant sans cesse, les travailleurs. Il dénigre de fait son entreprise.
[1] Les entretiens de Royaumont sont un un forum de discussion et de réflexion sur la politique et l’économie. Les réunions annuelles un ancien monastère cistercien situé dans le hameau de Baillon à Asnières-sur-Oise dans le Val-d’Oise. La relance et l’évolution groupe de réflexion avait été soutenu en 2003 par Serge Dassault, patron du groupe EADS.