Israël doit faire face à ses propres démons

 La semaine dernière, deux attentats terroristes secouaient l’État Hébreux. Le premier contre une maison Palestinienne (tuant un bébé de seize mois et blessant gravement sa famille), le second contre la Gay-Pride à Jérusalem faisant six blessés, dont une qui est décédée à l’Hôpital. Shira Banki avait été admise dans un état critique à l’Hôpital.

Le Responsable de l’attaque est Yishai Schlissel, un Juif ultra-orthodoxe. Il venait d’être libéré de prison après avoir été incarcéré pendant 10 ans. L’ancien ministre israélien de l’Intérieur, Eli Yishai, avait appelé à la libération anticipée en 2007.

L’ensemble de la communauté Gay israélienne, mais aussi mondiale est profondément touché par sa mort. Des veillées funéraires ont eu lieu à Jérusalem ainsi que dans l’ensemble du pays. Des manifestations ont appelé à la paix, au respect et à la liberté. Les manifestants ont condamné fermement l’attentat suivi de la déclaration de nombreux gouvernements allant dans ce sens.

Mordechai Meyer est accusé d’un incendie volontaire et criminel contre l’église de la Multiplication des pains, un des hauts-lieux saints du Christianisme. Il est en autre le petit-fils du Fondateur de l’organisation Jewish Defense League (Ligue de Défense Juive) et de Kach (un parti Raciste). Dans sa défense, il notera que les Israéliens doivent “passer à l’action devant la profanation perpétrée par l’État israélien qui autorise la présence d’églises chrétiennes et donc l’idolâtrie sur la terre sainte juive”. Ces actes s’inscrivent dans une montée exponentielle des agressions venant des colons.

Face à l’extrémisme, la solution est gouvernementale. Benyamin Netanyahou ne pourra continuer à se voiler la face. Tant que le gouvernement israélien sera composé de partis portant un discours messianique, la situation continuera de se dégrader lentement.  Cette dernière participe également à l’entretien régulier des mouvements extrémistes palestiniens.  Le Premier Ministre a certes évoqué la “tolérance zéro” pour de tels actes. Certes, une personne a été placée en détention administrative, c’est une nouveauté. Le messianisme idéologique s’est répandu doucement. L’organisation extrémiste Lehava est depuis janvier dans le collimateur de l’État Hébreux.

Faut le rappeler que Benyamin Netanyahou a été élu une très courte majorité devant la Gauche.

Même Naftali Bennett, le chef du parti de la droite nationaliste religieuse (Foyer juif) a admis que : “Mettre le feu à une maison et tuer un bébé est un acte terroriste choquant et incompréhensible”  malgré son soutien irrémédiable au développement des colonies en Cisjordanie.

Shimon Peres (ancien Président de l’État Israélien) a déclaré que ” Celui qui incite à la haine contre les Arabes d’Israël, qu’il ne s’étonne pas lorsqu’on incendie des églises, des mosquées et qu’à la fin on brûle un bébé dans la nuit “.  Il dénonce clairement la politique de Benyamin Nétanyahou, en reprochant au Premier Ministre d’attiser la haine entre Palestiniens et Israéliens, et donc d’être à l’origine des incidents.

Dans l’opposition, Yitzhak Herzog (chef de l’Union Sioniste) : “Le peuple juif a honte des actes commis par des membres de son peuple et nous demandons pardon en Israël et dans le monde. En ce moment difficile, je tends la main au peuple palestinien et à ses dirigeants”

Comment Israël s’est piégé dans sa lutte contre le terrorisme juif ?, lançait le Time of Israël. Le colonialisme créé le terrorisme Juif. La situation n’est plus contrôlable depuis le massacre du Tombeau des Patriarches par Baruch Goldstein.

Toutefois, Reuven Rivlin, actuel président israélien et membre du Likoud, a su trouver les mots justes pour lancer un message de paix que l’on pourrait décrire quasiment universel :

Nous ne pouvons pas continuer à ignorer ces flammes qui consument la population israélienne, à les considérer comme un malheureux concours de circonstance. Ces flammes, qui attaquent chacun d’entre nous, ne peuvent être éteintes par de faibles condamnations. […]

Ces flammes ne peuvent être arrêtées par la répression, le déni et le mépris. L’incitation, le ridicule, la frivolité, le laxisme et l’arrogance du cœur ne peuvent pas éteindre le feu mais seulement le nourrir davantage, lui permettre de se propager avec ferveur dans toutes les directions et d’imprégner toutes les couches de la société. Un mépris flagrant pour l’Etat de droit, la dignité humaine, l’amour de l’humanité, l’amour d’Israël, la liberté d’opinion s’est répandu et fait des ravages”.

Malheureusement, le président israélien a essuyé beaucoup des milliers de  menaces de mort suite à sa prise de position courageuse, humble.