Les agrochimistes manifestent pour défendre les grosses exploitations

11737828_531446253673650_7053681071910702136_nLes deux syndicats d’extrême droite : la FNSEA et la CR ont mené des actions violentes ces derniers jours bloquant les axes de circulations (autoroutes, routes nationales), dégradation volontaire de supermarchés, idem pour les banques, torture des animaux, etc.

Les deux syndicats patronaux dénoncent le prix bas du lait, de la viande, etc. Pourtant, leur modèle ultra-productiviste tant vanté est violent et il tue les petites exploitations au profit des grandes exploitations et des différentes industries agricoles comme le groupe Avril (chiffre d’affaires de 6 Mds d’euros). La surproduction est défendue bête et ongle par le dirigeant et homme d’affaires Xavier Beulin et cela conduit l’agriculture française dans l’impasse.

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Les agriculteurs de la CR lancent des cochons comme des objets dans un supermarché.

De plus, la PAC (Politique Agricole Commune) pousse l’agriculture vers l’industrialisation, et donc logiquement vers des prix toujours plus bas. En effet, la financiarisation de l’agriculture n’a jamais servi l’intérêt du consommateur et encore moins celui du paysan ou du travailleur agricole. Le patronat profite de ces aides de manière très importantes. La crise est aussi européenne. C’est pour cela que l’extrême droite est favorable à la mise en place du PAF, pour soutenir les ferme-usines et la grosse exploitation. Le vice-président, Florent Phillipot avait déclaré : « Nous sommes pour la renationalisation de la PAC. Le ministère de l’Agriculture donnera directement l’argent aux agriculteurs [NDLR pas aux paysans]. »

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Devant la sous-préfecture, les tracteurs écrasent des pièces de boeuf répandues sur la chaussée (photo Christophe Préteux)

La question du respect du vivement est important. Il faut rappeler que la viande est un luxe pour la grande majorité de la population. En agissant ainsi. La FNSEA insulte les classes populaires. Les agriculteurs ont jeté des quartiers de bœuf saisis dans un camion au pont de Normandie en ce début d’après-midi sur l’un des toits terrasse de la sous-préfecture et dans la cour. Comment peut-on le prendre ? Cette haine farouche à l’animal mort ou vivant interpelle. Pour eux, ce ne sont que des marchandises, des produits divers. Cela ne les choque pas, ils en redemandent.

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Des poissons déversés sur la chaussée, à Ploërmel.

De plus, près de 100 tonnes de poissons ont été déversées sur la chaussée, et donc perdues pour la commercialisation. La FDSEA n’assumant pas l’action assure que l’action visée est le fait « d’éléments isolés, n’appartenant pas à la Fédération ». Ils se dédouanent, mais c’est bien la FDSEA qui s’est attaquée à la pêche bretonne. Le préjudice est estimé entre 800 000 et 1 million d’euros.

La vision qu’optent progressivement les deux syndicats se fait déjà en Allemagne où le hard-discount possède des fermes usines. Les propriétaires de ces entreprises qui sont destinées au plus démunis sont aussi les plus riches. La mauvaise nourriture fait le bonheur d’une minorité. C’est exactement ce qui se produit. Leurs revendications sur les marges de la grande distribution et des intermédiaires si elles existent, il s’agit encore une fois du problème temporaire, mais d’un problème structurel. Ce problème provient avant tout de la vision à court-terme du corporatisme agricole. De plus, la course à la libéralisation toujours plus féroce pousse les agriculteurs à chercher des marchés pour vendre leur produit. Ainsi, les sanctions économiques contre la Russie dans le cadre du conflit Ukrainien a créé un surplus considérable, puisque la Russie ne peut plus importer les produits agricoles français.

La logique absurde du modèle agricole s’exprimait largement dans le scandale de la ferme des 1000 vaches, mais aussi dans d’autres projets de concentration des animaux. Lorsque la logique de rentabilité prend le dessus, la dimension comptable va de paire, la suppression des emplois n’en est que la conséquence.

On nous explique que les agriculteurs veulent vivre de leur travail, alors qu’ils sont sous perfusion des aides de l’État et pour les plus grandes exploitations de la Politique Agricole Commune. La réforme en profondeur de l’agriculteur est nécessaire, mais aussi cette réforme est aussi une bataille au niveau européen afin de réorienter l’agriculture vers un modèle raisonnable, écologique et sain pour la santé (et pourquoi pas entièrement biologique). La logique industrielle est la source de la crise. La baisse de la production créée mécaniquement une hausse des prix, cela va privilégier la qualité. Mais, la qualité, ce n’est pas tellement leur objectif.

Les deux syndicats sont allés évidemment bloquer le Mont-Saint-Michel. Les ignorants agrochimistes s’en sont pris au premier site touristique de France. Ils pensaient que Le Mont-Saint-Michel avec son monastère millénaire était responsable de la crise. Le tourisme porte un lourd fardeau, puisque selon le syndicat, il serait responsable de la crise et des prix bas et de la perte des agrochimistes. La droite et l’extrême droite aiment trouver des boucs-émissaires à leurs maux, cela permet d’éviter d’endosser pleinement la responsabilité de la crise agricole. Mais aussi de faire porter leur problème sur le dos des commerçants du Mont-Saint-Michel. Une perte journalière potentielle estimée à 220.000 euros d’après la Chambre de commerce et d’industrie Centre et Sud Manche.

La FNSEA a également réalisé des barrages en toute tranquillité loin des fourgons de police sur les routes nationales, les autoroutes. Ils ont bloqué des entreprises (Sodebo notamment), des abattoirs, des laiteries, prenant en otage les travailleurs à l’intérieur (pour reprendre l’expression de Xavier Beulin et Pierre Gattaz). Que cela va-t-il apporter de plus ? Rien, le patronat se protège mutuellement.

Ensuite, on constate que les actions des syndicats agricoles ne subissent aucune répression policière. La raison pour expliquer ce monopole de la contestation et de la violence est simple. La FNSEA ou la FDSEA (pour les sections départementales) travaillent main dans la main avec les forces de l’ordre. On a pu le constater à Sivens. Ces derniers s’étaient formés en milice paramilitaire dans l’indifférence absolue du pouvoir. Le pouvoir a même soutenu l’installation de milice. L’objectif de ces groupes de combat consistait à ratonner, chasser, violer, battre et tabasser toutes personnes ayant un avis différents du leur. Pour pouvoir recevoir une aide indirecte estimée entre 50 et 100 000 euros pour continuer à résister dans une position ultra-conservatrice. Cette aide venait évidemment de la poche des travailleurs, le tout pour satisfaire des cultures hydrovores non-adaptées au climat du Tarn. Le barrage de Sivens est un fiasco politique et judiciaire.

Forcément, Stéphane Le Foll s’est donc couché et a mis en avant une partie de leur demande. Toutefois, la crise continuera, il s’agit d’une crise structurelle et systémique au sein de l’agriculture. Tant que l’agriculture ne sera pas réformée de fond en comble alors, nous verrons ces agrochimistes faire l’aumône pour toujours plus d’aide, sans pour autant régler le problème, puisqu’ils refusent le moindre changement.

Ainsi, voici les mesures du gouvernements :

  • Redressement des prix payés aux éleveurs
  • Restructuration de la dette : (FAC) de 8 à 50 millions d’euros et BPI 500 millions d’euros de crédit bancaire
  • 600 millions d’euros d’allègements et de reports de charges :  100 millions à l’annulation des cotisations et 500 Millions sur l’IR, l’IS, TVA.
  • Développer la contractualisation
  • Augmenter les débouchés à l’exportation : une plateforme “Viande France Export” sera mise en place, pour identifier et répondre aux besoins des pays importateurs.
  • Etiquetage et approvisionnement local
  • Diversifier les revenus des éleveurs : incitation à se doter de méthanisateurs.
  • Simplification et contrôles

Ce sont des mesures avantageant les grosses exploitations, poussant toujours un peu plus l’industrialisation de l’agriculture et la destruction des petites exploitations.

Mise à jour 24/07/2015 à 14h10 :

(Photo Jacky Hamard)
(Photo Jacky Hamard)

La FDSEA s’est attaquée aux produits bretons et français à Quimper. Ils ont incendié volontairement l’entreprise Ecomiam. Une fois de plus, la FNSEA nous montre qu’elle n’est pas pour la production locale, mais lutte justement contre cette production au point d’encercler les usines concernées et de les vandaliser. La FDSEA du Finistère invoque un « regrettable accident périphérique aux événement » pour justifier son action.

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