Le “Non” de l’Eurogroupe pousse l’Union Européenne vers la désintégration

1064765_1435770054_1063235-1435217286-eurogroup-24-06-15Les créanciers et les gouvernements les plus réactionnaires n’ont pour objectif de négocier, mais de faire couler un pays démocratiquement élu. La réponse négative d’hier soir de l’Eurogroupe sur l’avenir de la Grèce met en lumière la démonstration permanente.

Même quand le Parlement Hellénique accepte un mémorandum, la folie du gouvernement allemand précipite l’Europe dans le mur. En effet, au-delà du refus, la question de la volonté de la Grèce est remise en cause par les 17 pays. Or, il n’y a pas de volonté d’aller vers l’avant de la part de l’Eurogroupe. Nous en sommes là, l’Eurogroupe est devenu un tribunal ordo-libéral et néolibéral. L’Europe se fracture doucement et lentement. Les extrémistes libéraux au pouvoir des différents états qui ont élus de manière démocratique font tout pour détruire l’Union Européenne et créer un conflit majeur. Ces derniers militent donc pour un Grexit “temporaire” voir “définitif”. L’idée du Grexit “temporaire” est venue du SPD. Mais depuis 2010, le CDU milite férocement pour le Grexit total. Au-delà de la question de la monnaie, la vision autoritaire permet à ces derniers de passer au-delà de tous les traités montre le dessous de l’iceberg de la position et de la pensée libérale. Ensuite, la question de la monnaie dépend uniquement de la volonté du peuple Grec et des créanciers. En matière de décisions collectives, les traités ne servent à rien, puisqu’ils sont bafoués très régulièrement ces derniers temps.

Romaric Godin, rédacteur en chef adjoint Économie à La Tribune affirme dans son dernier article concernant la position d’Angela Merkel sur la restructuration de la dette grecque :

Parce que c’est le cœur du discours d’Angela Merkel aux Allemands depuis 2010 : l’aide à la Grèce ne coûtera rien aux contribuables allemands. Lors d’une réunion électorale en mars 2010 en Rhénanie du Nord, elle avait proclamé : « pas un euro pour les Grecs ! »

Tout simplement parce que accepter de restructurer une dette détenue par les contribuables de la zone euro mettrait à jour ce mensonge originel des dirigeants européens à ces mêmes contribuables : celui que la cavalerie financière mise en place en 2010 est intenable.

Les créanciers européens font un calcul simple : affaiblir Angela Merkel, c’est prendre le risque d’une sortie de l’euro de l’Allemagne. Pour éviter cela, il faut absolument couvrir les mensonges proférés aux électeurs et aux contribuables de la zone euro depuis 2010. Comment ? En accablant la Grèce, en affirmant qu’elle est seule responsable de ses maux, qu’elle est irréformable et que son gouvernement est aux mains d’extrémistes démagogues.

Et donc fustige l’irrationalité grecque qui cache l’irrationalité des créanciers

On poussera des cris d’orfraies pour la forme à Berlin, fustigeant ces « bolchéviques » qui volent les contribuables allemands. […] Les Eurosceptiques pourront critiquer les plans de 2010, mais la chancelière aura beau jeu de leur répondre que sans la « gauche radicale » grecque, son plan aurait fonctionné. Fermez le ban.

CJuDQWXWIAAgXG0Ainsi, comme le conclu Romaric Godin : “est-ce la fonction du projet européen d’assurer le projet politique d’un dirigeant, fût-elle la plus puissante d’Europe ?”. En effet, le blocage de l’Union Européenne réside dans l’égocentrisme d’une seule personne, dont son discours est clairement xénophobe. Le sectarisme d’Angela Merkel s’est refermé sur Angela Merkel puisque cette dernière est de plus en plus accusé avec justesse de vouloir détruire l’Union Européenne de par la volonté de soutenir à tout prix la gestion comptable d’un état. Le CDU-CSU est pris à son propre piège. D’autant que la propagande anticommuniste actuelle avec le développement de l’utilisation du terme “bolchévik” cache un élément important : les banques allemandes se sont enrichies à hauteur de 40 Mds d’euros sur le dos des Grecs. Ainsi, l’analyse que les Grecs volent les contribuables allemands ne tient plus. Le nationalisme allemand permet d’opposer les travailleurs Grecs et Allemands entre eux, alors que dans le fond, ils sont soumis au même problème : le capitalisme et l’exploitation par la finance. La bourgeoisie allemande s’enrichit tout en créant la division entre les peuples grâce au nationalisme. De ce fait, la rhétorique de lutter contre l’Allemagne est dangereuse puisqu’elle véhicule le poison du nationalisme. En réalité, que cela soit Merkel, Cameron, Junker, Rajoy ou autre, le problème vient de la bourgeoisie. C’est contre cette dernière qu’il faut lutter.

Alors la position des créanciers n’est plus ni moins qu’une position démagogue, populiste teintée de xénophobie. Les négociations n’aboutiront jamais face à ce sectarisme, au final les perdants en cas de Grexit ne seront pas les Grecs en soi, mais bel et bien, les pays de l’Union Européenne, puisque c’est eux qui devront assumer les conséquences financières et en aucun cas à la Grèce. Le jeu de culpabilité ne fonctionne pas. Il s’agit entre autres d’une ardoise de près de 200 Mds d’euros, mais aussi permettre le rapprochement de la Grèce avec les BRICS et la Russie.

De plus, comme le souligne Yannis Varoufakis : “ma conviction est que le ministre allemand des Finances veut que la Grèce soit évincée de la monnaie unique pour susciter une crainte de tous les diables chez les Français et leur faire accepter son modèle d’une zone euro disciplinaire“. Cette stratégie permet en autre de susciter la crainte, mais elle permet uniquement de renfermer sur soi la position du gouvernement Allemand. Cela met aussi en avant la question de vouloir aussi humilier la France. Le nationalisme d’Angela Merkel vise à promouvoir l’Allemagne en superpuissance et les autres à son ordre.

Un nouveau problème a été mis en avant par la crise européenne, il provient du gouvernement allemand. C’est ce que souligne Médiapart : “une Allemagne nouvelle se révèle, prête à passer par-dessus bord la sacro-sainte entente franco-allemande (d’où les tensions très fortes de ces derniers jours), prompte à mettre en scène ses soutiens en Europe centrale (Pays baltes, Slovaquie, Pologne) et en Europe du Nord (Pays-Bas, Finlande) pour s’imposer à tous.

Les ministres des Finances de la zone euro ont donné à la Grèce jusqu’à mercredi pour faire voter des lois et des réformes, condition préalable à l’ouverture de négociation sur un nouveau plan d’aide. L’ingérence continue.

Voici l’ultimatum demandé par l’Eurogroupe pour les différentes aides :

  1. Une rationalisation de la TVA
  2. Un élargissement de l’assiette fiscale
  3. Un système de retraite durable
  4. Adopter un code de procédure civile, rassemblant toutes les règles de procédure
  5. Une meilleure surveillance sur la sauvegarde de l’indépendance judiciaire en Grèce
  6. Une complète mise en œuvre des réductions de dépenses
  7. Travailler pour le redressement des banques
  8. Privatiser la grille de transmission électrique
  9. Prendre des actions sur les prêts non-concluant
  10. Assurer une indépendance totale des privatisations
  11. Dépolitiser l’administration grecque
  12. Le retour de la Troïka (Union Européenne, BCE, FMI) à Athènes

Il s’agit d’une proposition inacceptable pour obtenir le Grexit.

Par conséquent, nous assistons à une éparpillement de la zone “euro” sous fond de calomnie. À ce rythme, nous allons tous retourner vers les monnaies nationales que nous le voulions ou pas. La stratégie du nœud coulant prend à revers les europhiles. Ils risquent de se pendre eux-mêmes avec leur corde, c’est bien ce que disait un certain Lénine.

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