La crise de la dette grecque est surtout une crise des traités européens

La question de la dette grecque agite en ce moment les réseaux sociaux. Le vote “Non” a permis de connaitre la position d’un peuple sur la question de l’austérité et du mémorandum.

Aujourd’hui, il n’y aura pas de sortie de la Grèce de la dépression sans une restructuration de sa dette qui peut prendre différentes formes : augmentation de l’échéancier, échéancier différé pour les états (un état ne meurt jamais, contrairement à une banque), l’annulation d’une partie de la dette, le rachat de la dette par la BCE via la Quantitative Easing, etc. Il existe des solutions, mais encore faut-il vouloir sortir de la crise, ce n’est pas le cas des extrémistes europhiles qui ne veulent plus soigner la dépression.

La crise grecque a la capacité de démontrer que le néolibéralisme à l’Européenne possède une caractéristique paradoxale : promouvoir la flexibilité dans le droit interne des états et promouvoir la rigidité dans le droit communautaire de l’Union Européenne. Ainsi, la concordance entre les deux droits créée nécessairement une torsion entre les deux, puisque l’Europe n’étant pas réformable, chaque problème entraine de fait une crise systémique. Le libéralisme ne peut reposer sur des règles écrites dans le marbre. Les traités européens sont à l’opposé de ce que rêve le libéralisme : la liberté de mouvement. Or tous mouvement des états parait clairement impossible sans qu’ils en réfèrent à la Commission Européenne qui n’est autre qu’une bureaucratie non-élue.

La crise de la dette est de ce fait au-delà de la crise économie, une démonstration profonde de la crise bureaucratique et technocratique. Cette crise est bel et bien plus importante puisque son origine est entre autres dans les lignes des articles des différents traités européens. Les traités se sont clairement assis dessus sur la démocratie. De plus, les dogmes et la doctrine sont en train de voler en éclats. La position partiale de la BCE montre bel et bien qu’une Banque Centrale ne peut être indépendante comme le voudraient les néolibéraux. Ce contexte pousse les personnes à réfléchir puisque sans une remise en question de l’ensemble de l’Union Européenne alors les jours de l’Union Européenne sont comptés faisant le lit de l’extrême droite.

Pour refonder l’Europe, la faire repartir sur de bonnes bases, des axes essentiels se doivent d’être fixés et respectés. La solidarité entre les états est élémentaire dans une Union d’état. Or, l’Union Européenne ne permet pas la solidarité, mais la guerre entre les états accentué par la xénophobie. La solidarité entre les états est primordiale, il en va de la nécessité de refaire vivre un internationalisme au sein de l’Union Européenne, cela passe par le respect des peuples. Or, à ce jour la seule solidarité qui existe n’est pas entre les états, à moins que l’on considère le marché financier et les banques comme des états. En effet, le transfert des dettes privées en dettes publiques  rejoint l’idéologie libérale élémentaire : privatisation des profits, et nationalisations des pertes. Or, augmenter la dette d’un état pour sauver les banques montre l’égoïsme d’une Union qui n’en a rien à faire des états dont elle fait partie. De plus, son arrogance est un danger pour la paix en Europe.

La propagande néolibérale est même allée encore plus loin. En créant des prêts bilatéraux entre états de la zone euro, une infraction élémentaire aux différents traités de la zone euro. D’autant que les “prêts” à la Grèce ont permis de sauver le système bancaire. Est-ce que les banques sont des états ? Voilà la question qu’il faut répondre. D’autant que l’on entend tout et n’importe quoi au sujet des 40 Mds que la France a prêté, les militants journalistes pour ne pas dire médiacrates guident la réaction et le mensonge.

Le vaste enfumage de la Troïka repose sur le fait qu’elle tentera de faire croire que l’argent a servi le Grèce. Pourtant, le circuit financier est celui-ci :

Schéma de prêts bilatéraux pour soutenir la dette, avec 2>1
Schéma de prêts bilatéraux pour soutenir la dette, avec 2>1

Ainsi, le vaste circuit financier l’argent part de la finance passe à travers deux états pour retomber dans les mêmes bras, ainsi le débiteur est aussi le créditeur ou créancier. Ainsi, les banques réalisent une vaste opération puisque l’ensemble du prêt est destiné à consolider ses propres fonds, mais en plus empoche les intérêts créant au passage de la monnaie fiduciaire. Fiduciaire vient du latin Fides qui signifie “monnaie de confiance”.  Or, la confiance parait quelque chose de très important puisque c’est la valeur de confiance qui permet de jauger la valeur de la monnaie fiduciaire et plus en extension la valeur de la monnaie.

Simplification du schéma de prêts bilatéraux pour subvenir à la dette
Simplification du schéma de prêts bilatéraux pour subvenir à la dette

Ainsi, vous l’auriez compris, c’est un tour de passe, l’argent ne change pas de main. La circulation permet pire de faire des profits.

Ensuite, concernant la dette que doit la Grèce à la France. Il me semble très important de souligner que le montant de cette dette est déjà intégré dans la nôtre. Ainsi, la charge de la dette reste stable, mais sur le long terme à tendance à augmenter en fonction de la croissance de notre dette. C’est tout de même Sarkozy qui a approuvé le sauvetage des banques de manière unilatérale et autoritaire. Les travailleurs français n’ont pas eu le mot à dire sur ce sujet, c’est ce qu’oublie de le souligner les ultralibéraux. Je pense aussi que les travailleurs n’auraient jamais accepté de donner de l’argent à des banques, les mêmes qui les mettent dans des situations catastrophiques, c’est ce qu’oublient de dire les partis qui soutiennent la Troïka et la finance.

Forcément face à ce problème majeur, la solution essentielle reste le contrôle démocratique de la BCE par le Parlement Européen, et que les prêts de la BCE se fassent directement aux états sans créer d’intermédiaire comme c’est le cas. Aujourd’hui, le Quantitative Easing de 3 000 Mds doit être perçu à juste titre comme des cadeaux aux créanciers, et donc l’assistanat de l’économie virtuelle et financière. En effet, la BCE soutient la spéculation et des bulles spéculatives et non de l’économie réelle comme elle pourrait le faire, ainsi la BCE n’a pour objectif d’aider la croissance, mais bien l’inverse.

Alors comme je le vois, c’est que la BCE étrangle encore plus la Grèce, elle est capable de faire marcher la machine à billets pour les créanciers. Un paradoxe encore plus étrange à ce jour. La BCE agit d’une manière dangereuse, car elle est favorable à ce jour d’un Grexit. Les signaux financiers vont dans ce sens.

Or, si la BCE veut une sortie de la Grèce de l’Euro, il faudra qu’elle assume sa responsabilité et qu’elle en paye le prix, si possible sur le dos des créanciers. Ces derniers ont refusé de négocier et ont plongé le pays là où il est. Les créanciers portent toute la responsabilité de la crise.

Effectivement, la position d’Euclide Tsakalotos risque de coincer avec celle de la Troïka. Cette dernière refuse le programme actuel de Syriza, montrant un peu sa volonté de taxer les pauvres et de garantir l’assistanat des Grecs les plus riches. En effet, le changement actuel en Grèce interagit dans une lutte de classe élémentaire, même si au regard de la position de Syriza seul le mouvement populaire pourra permettre la réalisation du programme de Thessalonique.

 

Après mon Tweet que le magazine de droite Le Point a repris dans ses pages, je n’ai rien ressenti. La presse la plus à droite hurle à l’assistanat, alors que ces derniers sont soutenus dans une logique de pluralité de la presse (une notion très importante) à hauteur de près de 5 Mds d’euros chaque année. Un libéral aurait donc crié légitiment à l’assistanat.

 

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