La victoire du OXI
En Grèce, la victoire du «Non» (Oxi) a résonné en Europe et dans le Monde d’une manière assez incroyable. Ce petit pays qui représente 2% du PIB Européen a vu ces cinq dernières années l’austérité, le transfert de dette, des mesures ultralibérales et très polluantes.
Ce «Non» reflète aussi le cas d’une Grèce qui possède le meilleur budget européen. Mais pour les apprentis-dictateurs de la Troïka et la médiacratie bourgeoise ce «Non» conduit inexorablement à la sortie de la Grèce de l’UE. Or, si l’on apprend à lire au primaire, de nombreux bourgeois ne savent point lire et sont très inventifs pour pallier à ce problème élémentaire.
Ainsi, la question était la suivante :
Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l’Eurogroupe du 25 juin, qui est composé de deux parties :
«Reforms for the completion of the current program and beyond» (Réformes pour l’achèvement du programme en cours et au-delà) et «Preliminary debt sustainability analysis» (Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette).
Comme vous pouvez le lire, il n’est à aucun moment question de sortir de l’Union Européenne ou même de l’Euro. La question était d’accepter ou non le Mémorandum, une question d’une certaine facilité.
Les mesures d’austérités ont ravagé l’économie augmentant la dette à travers le transfert des dettes privées, fait baisser le PIB, faut augmenter le chômage. L’aide financière à la Grèce est allée à 80-90% dans les banques. Les 40 Mds d’euros français ont permis d’aider les banques, les marchés financiers, le tout en contradiction total avec les traités européens. Que fait la CJUE sur ces dossiers ?
Bref, tous les chiffres sont dans le rouge. De telle sorte que la Grèce, un pays du Nord, fut classé comme pays en voie de développement par différents organismes. Le niveau de vie a chuté au profit des intérêts supérieur du capitalisme et des actionnaires. Les réformes structurelles ont aggravé la situation de manière évidente et sans faille. L’individualisme est devenu la plaie en Grèce, puisque ce dernier porte en lui, la vision d’une société dépassée et archaïque.
Alors forcément, lorsqu’il s’agit de questionner le peuple pour savoir s’ils sont prêts à baisser encore un peu plus le niveau de vie alors que les sacrifices ont été particulièrement dramatiques et violents. La réponse paraissait évidente. D’autant que la Grèce est le pays qui possède le meilleur excédent primaire en Europe (équilibre budgétaire sans la dette), mais aussi le pays où l’on travaille le plus en Europe contrairement aux nombreux préjugés qui circulent en ce moment.
La somme si modique demandée par la Grèce était de 8 Mds, la Quantitative Easing représente près de 3 000 Mds d’euros, soit 0.26 % de l’opération de la BCE. Ainsi, puisque le problème vient essentiellement de la banque centrale, Mario Draghi (responsable d’avoir camouflé le déficit grec) a préféré asperger de liquidité les marchés financiers dans l’hypothèse que cela dévaluerait la monnaie et permettra de créer une inflation (environ 2 %). La déflation crée la peur chez actionnaires, puisque cela créé un cycle vicieux. Cela montre bien que le débat est politique plus qu’économique, d’autant que l’économie grecque pèse 2 % de l’Union Européenne. En effet, le QE dans le cadre précis de racheter les titres de dette sur le marché secondaire et donc permettre à ceux qui possèdent des titres de dette de réaliser des profits extra-ordinaires. La position de la BCE en essayant un coup d’état financier (en coupant les liquidités) et se positionnant contre la démocratie a permis une fois de plus sentir cette vieille odeur rance qui gangrène le capitalisme.
Ensuite, la mise en place d’un contrôle des capitaux à travers la limite des retraits bancaires à 60 euros par jour (soit 1 800 euros par mois / j’aurais bien aimé avoir ce salaire, ce qui n’est pas le cas) a permis d’éviter la sortie des capitaux, d’autant que la fermeture des banques est nécessaire. Par contre, la fermeture de la Bourse peut être définitive. D’ailleurs, en cette journée d’après-référendum, les bourses chutent dont principalement les actions des banques.
Jean-Claude Junker affirmait qu’il fallait «voter oui, quelle que soit la question posée», autrement dit, il a demandé aux grecs de ne pas réfléchir, mais aussi que le vote non «serait désastreux pour la suite des événements. Un non des Grecs au référendum serait interprété comme un non à la zone euro, un non a l’Europe».
Martin Schulz, président du Parlement Européen (SPD, PSE) a déclaré qu’un « gouvernement de technocrates, pour que nous puissions continuer à négocier», et que «Si ce gouvernement de transition [NDLR : le gouvernement technocrate] trouve un accord raisonnable avec les créanciers, alors ce serait la fin de l’ère Syriza. Ensuite, la Grèce a à nouveau une chance».
Ces déclarations ont été nombreuses, les néolibéraux, parfois se réclamant «démocrate» comme Schulz ont tout simplement voulu suspendre la démocratie pour éviter une négociation avec un rapport de force. En effet, un gouvernement technocrate n’est ni plus ni moins qu’un gouvernement à la solde de la Troïka.
En première conclusion, le néolibéralisme a démontré de manière très forte qu’il n’est pas compatible avec la démocratie, c’est ce que nous ont appris ces derniers jours. Les néolibéraux ont toujours fait passer la finance avant la démocratie et continueront de le faire.
La victoire du «Non» représentant près 61 % des électeurs permet de changer radicalement la donne dans le rapport de force qui oppose les créanciers à la Grèce. Une minorité de bourgeois face à un peuple. Les libéraux sont particulièrement dégoûtés, leur propagande (parfois illégale) n’a pas fonctionné et a même accentué la victoire du «Non». Ce vote est historique puisque c’est la réponse d’un peuple face à une nouvelle forme de coup d’état : le coup d’état financier.
Il s’agit aussi de montrer à l’Europe que l’austérité a été refusée à travers le vote dans un pays. L’Austérité est appliquée dans notre pays par trois partis : l’UMP, le PS et le FN. Il s’agit d’un signal d’alarme à ces groupes politiques qui militent pour la règle d’or.
Reste que la reprise des négociations doit aboutir à la restructuration de la dette qui seul pourra permettre de remettre le pays sur rail et de sortir du cercle sans fin de la dépression.

Les Médiacrates hurlent au fait que cette victoire du «NON» se fera sur le dos des Européens et les chauvins français, que cela se fera sur le dos des Français. Jean Quatremer et Arnaud Leparmentier en sont des exemples typiques de ces journalistes xénophobes. En effet, sous l’impression de réaliser du journalisme objectif, non-partisan avec une déontologie certaine, ce sont en réalité des militants ultralibéraux. Cette lutte idéologique se fait sous-différentes rhétoriques dont celle Thatcher comme quoi, il n’y aura pas d’alternative. De plus alors qu’ils soutiennent la Troïka, ces personnes gagnent entre 10 et 15 000 euros par mois soit l’équivalent un an de ce que gagnent les classes populaires en France et presque 40 à 50 fois ce que gagne le prolétariat en Grèce. Autant dire qu’ils ne vivent pas dans le vrai monde. De plus, ils ont soutenu le sauvetage des banques et des créanciers sur l’argent des travailleurs à hauteur de 40 Mds d’euros. Puis on passera sous le tapis le mensonge quotidien dont ils font preuve, sinon on va plus s’en sortir.