La résistance entre au Panthéon, sans les communistes

Les cendres de Jean Moulin ont été transférées au sein du Panthéon le 19 décembre 1964. Récemment, le Président de la République a décidé en accord avec différents ministres et des familles, l’entrée au Panthéon de quatre résistants : Germaine Tillion, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay.¨Mais, il manque les communistes.

Il s’agit de quatre personnalités différentes avec des trajectoires différentes, venant de milieux différents. Ainsi, les “quatre” reposeront dans le temple républicain.

L’honneur de la résistance est toujours d’actualité du fait de la réapparition du nationalisme en France et Europe, de l’augmentation profonde des agressions à caractère religieuses, ethnique ou pour une couleur de peau. Les voix antirépublicaines augmentent de manière progressive comme le jour de colère. Le programme du CNR est petit à petit détruit au profit d’une minorité. “Les jours Heureux” sont loin derrière nous. Celui d’aujourd’hui pourrait se résumer ainsi : “la finance heureuse”.

Le Parti Communiste Français avait proposé trois noms : Missak Manouchian, Marie-Claude Vaillant Couturier et Martha Desrumaux.  Une proposition qui restera sans fin. Cela reste très bel hommage à la résistance, mais qui oublie de manière volontaire “les communistes”. L’entrée unitaire de la Résistance aurait dû faire sous toutes ses couleurs.

Même si pendant la cérémonie, François Hollande a affirmé que : “Ce sont deux femmes et deux hommes qui incarnent la Résistance. Pas toute la résistance. […] La Résistance a de nombreux visages. Il y avait des Français, des étrangers […] communistes, gaullistes, socialistes, radicaux et même royalistes”.

Alors il est nécessaire de revenir sur la résistance communiste lors de la Seconde Guerre mondiale.

Une force importante dans la résistance contre les nazis et la collaboration du régime de Vichy. Le FTP-MOI (Franc-Tireur Partisan, Main d’œuvre Ouvrière), branche communiste de la résistance, a laissé de très grandes personnes derrière elle : Manouchian, Guy Moquet et des dizaines de milliers d’autres.

Voilà ce que j’écrivais à propos du Groupe de Manouchian :

Deux personnes du groupe échappèrent aux arrestations de Brigade Spéciale ( Police française travaillant en étroite collaboration avec les polices allemandes. ). Le secteur n°2 était spécialisé dans la traque des communistes. Au matin du 16 novembre 1943, Manouchian est arrêté en gare d’Évry Petit-Bourg. 67 arrestations suivront dans le cadre du démantèlement du FTP-MOI parisien.

Manouchian dans sa dernière lettre à sa femme prend conscience de ce qui lui arrive : « Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas, mais pourtant, je sais que je ne te verrai plus jamais ». C’est cette humanité qui l’a poussé à répondre de la manière la plus franche face au tribunal militaire allemand le 19 février 1944 : « Vous, je n’ai rien à vous dire. J’ai fait mon devoir qui était de vous combattre. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait ». Il termine par ces mots : « Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne ». Elle fut écrite le 21 février 1944 à la prison de Fresnes quelques heures avant son exécution.L’Affiche Rouge est imprimée en 15 000 exemplaires par le service de propagande nazi sous deux formats : 152 × 130 cm, et 118 × 75 cm.

L’affiche aurait été placardée dans toutes les villes et villages entre sa condamnation et son exécution. Dix personnes au sein du groupe sont sélectionnées pour la composition de l’Affiche rouge, d’où il apparaît l’expression « l’armée du crime ». La dernière fait référence au fait que le groupe assume totalement ses actes : la froideur des réponses. Toutefois, l’effet souhaité n’a pas été celui prévu, puisque l’affiche servira d’hommage à un héros de la résistance par le peuple français dans sa diversité. De nombreux bouquets de fleurs y seront déposés de manière clandestine.

L’anticommunisme règne toujours de manière omniprésente ces dernières années, mais ce n’est pas un fait nouveau. Les plus réactionnaires y justifient cette décision du fait, le pacte germano-soviétique, oubliant que le communisme est né en France pendant la Révolution Française : Gracchus Babeuf.

Ces personnes oublient même qu’Édouard Daladier (radical de Gauche) a signé le pacte de Munich avec Adolf Hitler en 1939. Le 27 août 1939, les journaux communistes furent interdits : l’Humanité, Ce Soir, L’Avant Garde. Le 26 Septembre 1939, le gouvernement de Daladier pris un acte d’interdiction du : Parti Communiste, de la Fédération des jeunesses communistes, de l’UJFF, de l’UJAF, de l’UECF, et des organisations ouvrières dont les syndicats (CGT entre autres).

Autant dire que les communistes ont été les premiers à payer le tribu de la Seconde Guerre Mondiale en France, mais les premières arrestations ne venaient point de l’occupant, mais des français eux-même. De fait, Les Radicaux de Gauche, dès le début de la seconde guerre mondiale ont montré patte blanche puisque de nombreuses arrestations eurent lieu, aboutissant jusqu’à une dizaine condamnation à mort.

La Théorie du parti des fusillés est fréquemment remise en cause par les libéraux et les plus réactionnaires sur fond d’anticommunisme laisse un goût assez amer.

Certaines personnes nous expliquent que le chiffre mis en avant avait pour objectif de cacher ce qu’il se passait en URSS avec les goulags. Là encore, si les goulags ont effectivement existé, c’est aussi un moyen d’oublier les 20 millions de morts soviétiques pour la libération de l’Europe.

Sur la question des chiffres, beaucoup sont dubitatifs, mais il en demeure pas moins que les communistes ont agi en unité au sein de la résistance pour la libération de la France. Cette unité est importante, c’est à elle que l’on doit la liberté.

En effet, il s’agit de supprimer le communisme en tant qu’idéologie. Cela va de soi avec la comparaison faite par le Président de la République entre le Parti Communiste Français et le Front National. Une méthode très à la mode pour affirmer que les deux partis ont la même politique. D’autant qu’il est plus que nécessaire que le Front National a usurpé le nom d’un groupe communiste engagé dans la résistance : le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France.

Il est aujourd’hui pour l’intérêt de la France, de son histoire de faire entrer des communistes au Panthéon.