La reprise britannique sur fond d’écran de fumée

DAVID-CAMERON_2733718bL’austérité n’a jamais fonctionné y compris en Angleterre ou en Allemagne. Chez nos voisins britanniques où les conditions de travail sont dignes de l’époque victorienne, le Darwinisme social fonctionne à plein régime empruntant de temps à autre, les thèses économiques de Thomas Malthus notamment sur la surpopulation des pauvres.

Du coup, on va se pencher un peu sur nos voisins d’outre-manche et surtout de la politique conservatrice néolibérale de David Cameron.

Dans un article du journal La Tribune “l’économie britannique, un colosse aux pieds d’argile” du 24/04/2015, on y lit :

La version officielle du gouvernement est simple :  en réduisant le déficit budgétaire et en baissant l’impôt sur les sociétés, sa politique a permis de faire revenir la croissance. […] Et il est vrai que l’effort de réduction des dépenses publiques a été notable outre-manche. Elles représentaient 47 % en 2010, elles ont été ramenées à 40,5 %. Parallèlement, le déficit public est passé de 10 % du PIB à 5 %. Pour Eurodoxe Denis, cet effort gouvernemental explique la croissance de l’investissement britannique. Sur 2014, ce dernier était ainsi en hausse de 7,8 % sur un an, à son plus haut niveau historique. L’investissement en équipements et machines a crû de 14,6 % en un an, selon l’Office des Statistiques Nationales (ONS). La théorie classique aurait donc parfaitement fonctionné :  la baisse du déficit aurait conduit à une hausse de la confiance des entreprises et donc à une reprise de l’investissement.

On y apprend donc que l’investissement dans les machines-outils augmentent, ce qui fait naturellement baisser le taux de profit puisque l’investissement du capital est supérieur à celui de l’année précédente.

Les emplois créés révèlent le miracle anglais (les miracles révèlent souvent la notion de croyance) grâce à la flexibilité intégrale du marché du travail.

Mais ces mesures sont-elles réellement responsables de la baisse du chômage ? Outre l’effet croissance, un élément central dans ce reflux du chômage : la faiblesse de la productivité britannique et l’insuffisance des salaires. La productivité britannique est, selon l’ONS, quasi inchangée depuis 2007. Parallèlement, les salaires, s’ils ont  remonté  fin 2014, restent inférieurs de 8 % à ceux d’avant la crise. […] Les entreprises ont donc embauché sans chercher à augmenter la productivité une fois la reprise venue. Le travail est en effet bon marché et la flexibilité du marché du travail rend aisé l’ajustement en cas de besoin. Du coup les réactions d’emplois ont été nombreuses, mais ceci pose un problème. La productivité faible risque en effet de peser sur le potentiel de croissance à moyen et long terme. Comme le dit crûment Simon Wren-Lewis  [économiste à l’université d’Oxford): “se réjouir de la hausse de l’emploi, c’est se réjouir de la faible productivité, c’est stupide”.

Ceci amène une question : la croissance britannique est-elle durable ? […] Le revenu disponible brut des ménages a retrouvé son niveau de 2010 c’est-à-dire qu’il a stagné sous l’actuel gouvernement,  mais reste inférieur de 5.1 % au niveau de 2007. Le PIB par habitant demeure encore de 1.2 % en deçà de celui de 2007, les salaires accusent une baisse de 8 %.

[…] La production industrielle demeure inférieure de 10,4 % à son niveau du premier trimestre de 2008 et sa production manufacturière est inférieure de 4.8 %.

Mais aussi, l’article de La Tribune a l’audace de remettre en cause le raisonnement, mais surtout termine l’article ainsi :

Eudoxe Denis estime qu’il faudra sans doute toucher au secteur de la santé, relativement épargné jusqu’ici dans les coupes, si l’on veut éviter des hausses d’impôt. […] Autrement dit, le Royaume-Uni n’en a pas fini avec l’austérité. Et la croissance est menacée.

Pour rappel dans un article paru dans le très célèbre magazine néolibéral The Economist, une pique lancée à David Cameron sur fond de “French bashing”, on pourrait y voir de la xénophobie et du nationalisme. Le premier ministre décrit la France comme un enfer socialiste. Une réponse qui restera dans les anales  :

The French could take Friday off and still produce more than Britons do in a week.

Traduction : Les Français pourraient être en congés le vendredi, ils produiraient encore davantage que les Britanniques en une semaine

Mais là où le darwinisme social se met en place, la méritocratie libérale n’existe plus, puisque les passerelles d’une classe à une autre sont inexistantes. Le libéralisme post-thatchérien pose de véritables questions sociétales en Grande-Bretagne.

Par conséquent la production chez les “british” n’augmente pas, ce qui pose un problème à long terme (j’y reviendrai). Les travailleurs sont donc des variables d’ajustement au sein des entreprises. La production est plus faible qu’avant la crise. Les emplois créés, ces dernières années sont un gigantesque écran de fumée, le paradis fiscal anglais ne traite pas ses sujets de la même manière avec la même importance.

Le journal CQFD dans deux articles : “sous-traiter l’état-social” et “à mort les pauvres”, décrit de manière précise les conséquences de la politique néolibérale de David Cameron et de la casse de l’ascenseur social. En effet, le passage du “Big Governement” à la “Big Society” permet à l’état de laisser les organismes caritatifs s’occuper de la question sociale, d’où la sous-traitance de la question sociale par conséquent le social n’est plus du ressort de l’état, mais bien des personnes. La charité a pris la place de la solidarité. Les pauvres travaillent pour les pauvres.

Surtout que le Royaume-Uni doit faire face à Nigel Farage, ex-trader, un cousin politique de David Cameron, se réclamant de la dame de Fer avec pour programme la chasse aux pauvres, aux plus démunis sous fond d’un populisme s’attaquant aux élites et aux immigrés. Pourtant, le leader de l’UKIP est un pur produit du capitalisme et de la bourgeoisie. L’extrême-droite britannique veut faire tourner le néolibéralisme à plein régime.

Gare aux élections, la crise n’est pas terminée en Grande-Bretagne, elle ne fait que commencer.

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