La BCE va-t-elle s’effondrer ?

28-novembre-tic-tac-tic-tac-tic-tac-compte-a-rebours-de-la-crise-de-l-euroLa crise de la BCE au sein de l’Union Européenne pourrait se terminer de la plus mauvaise des manières. En agissant de manière autoritaire, sans mandat, et entièrement dépendant de la Deutsche Bundesbank, la BCE commet une faute politique et professionnelle.

En effet, la logique de l’euro fort favorisait uniquement un seul pays et c’était l’Allemagne afin de favoriser l’économie allemande notamment les fonds de pension dont concernant les retraites (il s’agit des retraites par capitalisation). Or, l’euro baisse de plus en plus, c’est une logique qui se renverse doucement, mais une logique qui reste bien adaptée aux différents marchés financiers. En effet, la baisse de l’euro nuit uniquement à l’Allemagne d’Angela Merkel et cela l’irrite particulièrement.

La BCE est aussi réputée pour être favorable à l’austérité : baisse des dépenses publics, transfert d’une part des bénéfices publics vers le privé et d’autre de la dette du privé vers le public, ce qui créé nécessairement trois effets : augmentation de la dette publique, impossibilité de restructurer le déficit public, cela génère un appauvrissement de la population avec une augmentée du chômage. L’austérité n’a jamais fonctionné, Joseph Stiglitz affirme que :

Des rigidités structurelles peuvent en effet causer des inefficacités qui diminuent le niveau de vie, mais la baisse des revenus qui résulte de l’austérité est nettement plus importante encore. […]

Beaucoup de ces prétendues “réformes structurelles qui s’imposent” ne mènent à rien si ce n’est à des politiques qui réduisent le niveau de vie pour de grandes parties de la population, à travers des salaires plus faibles, une augmentation de la précarité de l’emploi et une réduction des prestations sociales. […]

Certains utilisent la crise comme prétexte pour discréditer l’Etat-providence. Mais il n’est pas à l’origine des échecs de l’Europe. […] Plus particulièrement, les réformes structurelles qui diminuent les salaires et la sécurité économique mèneront à une diminution de la demande globale. […]

Ils [NDLR : ceux qui soutiennent l’austérité] défendent donc implicitement la déflation, suggérant que la hausse des exportations pourrait se substituer à la baisse des dépenses publiques. Encore une fois, cette idée est complètement absurde. […]

Les dévaluations internes n’ont jamais fonctionné, tout comme l’austérité. Sinon, l’étalon-or n’aurait pas connu autant de problèmes pendant la Grande Dépression. […]

La convergence nécessitera des politiques industrielles, permettant en particulier aux pays à la traîne d’avoir une meilleure perspective de rattrapage ; des politiques réglementaires permettant de transférer des fonds de la spéculation dans l’immobilier et ailleurs vers les investissements productifs ; des politiques d’innovation qui remplacent l’innovation destructrice du secteur financier par l’innovation créative qui enrichit les individus et protège l’environnement. […]

Ce sont les réformes structurelles nécessaires pour soulager l’impardonnable gaspillage de ressources qui a marqué les économies européennes en cours des dernières années. Il faut faire basculer les politiques d’austérité vers des politiques de croissance. […]

L’Euro a été créé pour favoriser la solidarité européenne. Il a eu précisément l’effet opposé. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est un retour aux principes de la solidarité [1]

Par conséquent, on constate que l’économie classique d’hier et l’économie néoclassique d’aujourd’hui ne fonctionnent pas, puisque les conditions sont spécifiques à quelques cas précis, et que dans les conditions générales, les théories néoclassiques sont une vaste escroquerie intellectuelle.

Ainsi, à travers la mise en œuvre du programme du Syriza par son Premier ministre Alexis Tsipras, nous assistons à une controverse majeure au sein de l’économie néoclassique. L’économie néoclassique est issue de la controverse Keynésienne de Margareth Thatcher que l’on surnomme souvent à juste titre : “la révolte des riches”.

Dans ce contexte bien précis, on peut se demander si la gauche Keynésienne en Grèce ne sera pas confrontée à un autre aspect des caractéristiques du Keynésianisme : le protectionnisme. En effet, une relance de l’appareil productif par la consommation se doit d’être basée sur une industrie protégée, le temps que cette dernière puisse se restructurer et être solide. Il y a un enjeu élémentaire, puisque le PIB a chuté d’environ 25 % à cause des mesures issus des apprentis sorciers de l’économie néoclassique. Or, en prenant une croissance forte de 3 % (identique d’année en année), on constate qu’il faut 10 ans pour que le PIB grec soit au niveau d’avant la crise. Avec une croissance actuelle de 1.6 % (si elle est identique d’année en année), la Grèce pourrait retrouver son niveau économique d’avant crise dans 19 ans. Or, une croissance n’est jamais stable dans une économie de marché vu qu’elle est soumise aux différents aléas des marchés comme les restructurations de ses derniers à travers l’autorégulation. Cela se caractérise par l’effondrement de bulles spéculatives.

Or, le QE de la BCE intervient à un moment clef où la spéculation financière arrive à un stade dangereux, en effet les actions ont de plus en plus de mal à se vendre sur les différents marchés financiers, c’est le signe qu’une bulle spéculative est sur le point de s’effondrer. La crise n’est pas derrière nous comme le prétendent les économistes néoclassiques, mais devant nous.

L’une des raisons du prochain Krach est la déconnexion totale entre l’économie financière et l’économie réelle, les subventions n’atteignent pas l’économie réelle. [2] Le QE s’effectue sur le marché secondaire des titres de dette. La somme du QE permettra de générer des profits incroyables aux différentes entités possédant ces titres. Cette aide sera intégrée directement dans les résultats des entreprises. Cet acte historique constitue un signal d’alarme pour le capitalisme, c’est la dernière manœuvre qu’il effectue avant de s’effondrer brutalement [3]. D’autant que les 1.140 milliards ne permettront en aucun de redémarrer le crédit vers les entreprises dont les PME. Yanis Varoufakis a déclaré à ce sujet :

Je ne cesse pas de m’étonner de la stupidité de ce plan. C’est comme donner de l’aspirine à un homme mort. Du reste, l’assouplissement quantitatif (QE) de Mario Draghi n’est pas davantage une bonne idée. Il ne servira sans doute qu’à alimenter des bulles sur les marchés financiers. L’Europe dispose pourtant d’un instrument pour investir, la Banque européenne d’Investissement (BEI) qui est aujourd’hui trop pusillanime dans ses actions, non seulement parce qu’elle craint pour sa notation, mais parce que ses investissements doivent être cofinancés. [4]

Lorsque les personnes dépensent moins, les revenus sont plus bas ce qui entraîne une récession (et par ailleurs, la création du phénomène de déflation) et par conséquent les personnes épargnent.

Keynes se posait la question suivante : qui investit quand personne ne dépense ? Keynes est un des grands économistes qui affirment que le capitalisme est impossible de s’autoréguler. Concernant la politique classique, il affirmait : “à long terme, nous serons tous morts”. Sa principale idée en période de récession est que la dépense déficitaire peut pallier en période la crise, mais la dépense déficitaire est censée surtout se stopper quand la situation de plein-emploi est atteinte. Sachant que le plein-emploi ne signifie en aucun cas une situation où il n’y a plus de chômeurs. Par exemple en France, le plein-emploi se situe autour de 7 %, en Allemagne autour de 5 % et en Grèce autour de 8 %.

La politique de Tsipras qu’il surnomme le “New Deal”, ou la “Nouvelle Donne” est directement issue de la politique du président Franklin Delano Roosevelt que l’on abrège FDR. Il ne s’agit point de faire des parallèles entre la crise de 1929 et la crise de 2007-2008, mais de se concentrer sur la mise en œuvre de sa politique. On entend souvent les commentateurs et journalistes affirmer que Tsipras serait d’extrême gauche. Or, dans ce cas présent, Tsipras n’est pas d’extrême gauche. Puisqu’il n’existe pas de capitalisme d’extrême gauche. Le Keynésianisme de Gauche existe, c’est une des façons pour enclencher le processus socialiste. Certes, il s’agit d’une ligne réformiste, ne nous voilons pas la face.

Et par ailleurs, l’idée de l’explosion de l’Euro ne peut que converger avec l’idée d’un Krach générale de la finance affectant toute les bourses, toutes les banques, toutes les actions et le travailleur surtout.

Toutefois, en cas de retour à des monnaies nationales, se pose aussi le problème de la transition entre la monnaie unique et la monnaie nationale. Pendant le temps que les Banques centrales imprimeront les billets nécessaires, d’autres problèmes se mettront en avant comme la question des contrats effectués en euros, mais aussi le taux de change.

Aussi, en cas de Krach de la monnaie unique, il serait difficile d’imaginer une autre monnaie unique, puisque si on se pose l’idée d’une question d’une monnaie unique dans le nord de l’Europe, le problème ne sera pas résolu, puisque l’Allemagne aurait le leadership et pourrait par ailleurs continuer sa politique sectaire, dogmatique et surtout impérialiste à l’encontre des peuples et des travailleurs.

Pour finir, la BCE se conduit comme un Kamikaze, si elle ne porte pas d’explosif, elle porte des outils qui agissent comme des explosifs et elle n’hésitera pas à terminer sa mission suicidaire.


[1] Joseph Stiglitz, L’austérité n’a jamais fonctionné, Alternatives Economiques n° 343 – février 2015

[2] François Leclerc, Finance : dernier festin avant le Krach ?, Humanité Dimanche, Jeudi 04 décembre 2014

[3] “Assouplissement quantitatif” : le saut de la mort de la BCE (et du système), http://www.politis.fr/Assouplissement-quantitatif-le,29797.html

[4] Yanis Varoufakis dans une interview accordée à la “Tribune”  http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20150120trib9ab84d48e/la-grece-peut-forcer-l-europe-a-changer.html

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