Le Grexit de la BCE pourra conduire l’Euro à la faillite
Dans un contexte particulièrement tendu au sein de la zone euro, on peut clairement affirmer que les choix de la BCE vont à l’encontre des intérêts de la monnaie unique. Les ordolibéraux pourraient conduire à la faillite de la zone euro, et au-delà de l’Union Européenne entière.
Les causes évidentes de ce naufrage sont le de sectarisme et le dogmatisme.
S’ils se mettent à genoux devant Adam Smith, du fait qu’il est considéré comme le père du libéralisme. Il est reconnu pour sa théorie de la main invisible. Toutefois, il en reste pas moins qu’à en croire leurs actions, on peut affirmer qu’ils n’ont jamais lu une seule ligne de cet économiste classique fondateur de l’idée du libre-échange.
Dans La richesse des nations (1776), il affirmait : “Le profit est toujours très élevé dans les pays qui sont très rapides à ruiner”. La course aux profits ruine les pays, et c’est bien ce qu’il se passe.
Le Rôle suicidaire de la BCE
Les pressions de la BCE de ces derniers jours se sont accrues contre le gouvernement d’Alexis Tsipras. L’objectif est qu’il se remette en ordre de bataille pour continuer la cure d’austérité, ont échoué. En effet, un autre mémorandum était en cour de programmation pour le mois de mars.
L’échéance du 12 février arrive à terme, devant la volonté et la détermination de Tsipras de renégocier la dette avec les créanciers et d’en annuler une grande partie, le Grexist devient de plus en plus une réalité. Cela serait sûrement une bonne nouvelle pour les souverainistes, mais concernant les pro-UE, un danger est immédiat. La démocratie athénienne est attaquée, mais il en faudra plus que ça, pour renverser la donne, la coalition anti-austérité tient bon face aux apprentis-dictateurs. Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances a déclaré dans une transcription d’une entrevue publiée par la RAI que “L’euro est fragile, construit comme un château de cartes, si vous retirez la carte grecque, les autres vont s’effondrer“. Or, il précise bien que la monnaie unique ne tient qu’à un cheveu, si la Banque de Grèce détient quasiment 2 % des capitaux, soit sur l’Eurozone 2,80 %, sur une petite quantité de capitaux, c’est négligeable, un actionnaire pareil serait insignifiant.
L’explosion de l’Euro
Mais dans le cas présent, il s’agit de la Banque émettrice qui a la capacité de faire fonctionner la machine à billets, ce qui met en avant que son pouvoir monétaire et de fait infini et illimité. Or, le Grexist concerne non plus tout à fait la Grèce, mais bel et bien, tous les pays du Sud de l’Europe, puisqu’il y a une division assez claire entre le Sud et le Nord que cela soit du point de vue idéologique et économique.
Forcément, dans cette crise, il est plus que nécessaire de se rendre compte du poids des PIGS (Portugal, Ireland, Greece, and Spain), auquel on pourrait rajouter l’Italie.
Le cas de l’Irlande est particulier, puisque c’est un pays situé au Nord de l’Europe, mais ayant une économie asphyxiée comme dans le Sud de l’Europe. Je n’ai pas voulu le mettre dans le tableau, même si, il est vrai que ce pays connaît un véritable débat sur la question de la monnaie unique ou de la monnaie nationale. Pour plus de profondeur, il serait surement nécessaire d’établir un article spécifique.
Du coup, j’ai établi un graphique suivant [1]:
Banque Centrale des PIGS | Part du capital (%) | Capital libéré (€) | |
Banque d’Italie | 12,3 | 1 332 644 970,33 | |
Banque du Portugal | 1,75 | 188 723 173,25 | |
Banque d’Espagne | 8,8 | 957 028 050,02 | |
Banque de Grèce | 2 | 220 094 043,74 | |
TOTAL | 24.85 | 2 698 490 237,34 |
De plus, la sortie de l’Euro, au niveau de la monnaie consisterait à créer un vide de plusieurs centaines de milliards d’euros, la finance n’aimant le vide, celui-ci serait directement injecté par un afflux massive une nouvelle fois de la BCE. Or, au final, c’est bel et bien les contribuables des différents pays qui payeraient. Autant dire que la politique de la BCE est une politique suicidaire. On ne parle plus de la sortie de l’Euro qui est bel et bien une vision tout à fait réformiste, mais de sa destruction. Personne ne pourra remplacer quasiment 25% du capital de la BCE, ce qui correspond à 2 700 Mds d’euros, soit un chiffre supérieur de deux fois du QE mis en avant par la BCE.
Puisque c’est un chiffre en plusieurs milliers d’euros, comme la masse monétaire baisserait considérablement, cela créerait une forte déflation de l’Euro avec les conséquences que l’on connaît Ainsi, on peut conclure, que la BCE possède la survie ou non de l’Euro.
Si la question est posée, ce n’est pour faire du populisme et promouvoir le souverainisme, c’est que l’existence même de l’euro est en jeu cette fois-ci. Forcément, ce qui parait comme un coup de Poker où la mise risque forcément de réussir pour ceux qui espère faire pression avec la Troïka, mais quoi qu’il s’agît bel et bien d’un terrible échec, d’un véritable désastre économique qui se prépare en Europe, le sectarisme ordolibéral conduira nécessairement à sa fin. Le capitalisme finit par se manger à travers ses propres dogmes.
La dette Grecque
Avant de démarrer cette section, il apparaît plus simple de visionner la dette grecque avant et après la Troïka :

Sur une dette de près de 422 Mds d’euros, on peut dès lors considérer que 147.6 Mds ont pour origine les mémorandums et les plans d’austérité. Par conséquent, l’austérité ne permet la baisse du déficit public et de la dette, mais permet son augmentation.
Sur la question de la dette, on peut constater que la dette émanent des états et celle des banques constituent deux formes entièrement différentes de la nature même de la dette grecque. Le fait que la structure des créanciers est radicalement différente, on peut affirmer dès lors qu’un état a une durée de vie illimitée dans le temps alors qu’une banque est bornée dans le temps. De ce fait, les créances des états peuvent être abandonnées de manière temporaire et être remboursées à long terme, d’autant que ces créances en question font partie intégrante de la dette des pays prêteurs, ce qui ne change en rien les économies de ces pays-là. Les positions réactionnaires de certains économistes, journalistes et personnalités politiques nous rappellent un peu plus, que l’économie n’est pas une science de comptoir où l’on doit dire tout et n’importe quoi, tant que cela angoisse et faire peur aux citoyens.
Aussi, on pourrait constater que les prêts de la France et de l’Allemagne à la Grèce sont contraires à la logique ordolibérale et des différents traités européens. Dans ce contexte, il serait très intéressant de saisir la CJUE afin qu’elle se prononce sur la légalité de ces prêts dans le cadre du droit communautaire de l’Union Européenne. Si ces prêts seront réputés comme nuls, il y aurait peut-être une annulation de dette par défaut.
Pour terminer, il est certain que je ne suis entièrement d’accord avec Frédéric Lordon, mais il me semble que l’origine de la dette est résumée de manière simple :
Avec un talent confirmé d’étrangleur, c’est l’UE et ses restrictions aveugles qui ont précipité la Grèce dans une dépression dont on ne trouve plus d’équivalent qu’en celle des Etats-Unis dans les années 1930. Si bien que ce que, par paresse intellectuelle, on nomme « la dette grecque » n’est en fait pas la dette des Grecs : l’explosion des déficits et l’effondrement de la croissance à partir de 2010 sont moins le produit de l’incurie grecque que d’un assassinat de politique économique administré par l’Union en guise de « sauvetage ». De sorte que lorsque les Etats-membres prêtent pour tenir la Grèce à flot, c’est en bonne partie pour écoper le naufrage qu’ils ont eux-mêmes causé. On pourrait dire par court-circuit qu’au travers de la Grèce, l’UE prête pour l’UE ! Splendide opération qui aurait toute sa place dans un théâtre de l’absurde – si l’on excepte les investisseurs dont certains, en dépit de la restructuration, auront bien profité au passage. [2]
Ainsi, la boucle est bouclée, les responsables de l’asphyxie économique la Grèce se retrouvent être ceux qui se font des bénéfices incroyables. La dette de la Grèce est de la responsabilité de la Troïka, c’est donc à la Troïka de payer la dette grecque.
[1] La souscription du Capital de la BCE, http://www.ecb.europa.eu/ecb/orga/capital/html/index.fr.html
[2] Frédéric Lordon – Syriza cernée, http://blog.mondediplo.net/2015-02-06-Syriza-cernee