La Gauche Radicale sort vainqueur de l’élection législative en Grèce
J’ai eu beaucoup d’émotion à entendre la large victoire de la coalition Syriza aux élections législatives en Grèce. Pourtant, pour écrire un article, il m’a fallu prendre du recul me porter au-delà de mon sentiment le plus sincère.
Nous sommes deux semaines après cette victoire et il me semble que c’est une bonne chose pour écrire sur Tsipras, le traitement des médias (Libération, Le Monde et Le Figaro) concernant cette victoire historique, mais aussi la position de la finance internationale sur la question de la dette et aussi celle des politiciens.
Je peux dire aussi que c’est véritablement aussi une conviction à laquelle j’ai pu participer à mon échelle, en postant tout un ensemble d’articles portés sur l’actualité grecque, j’ai fait ce que j’ai pu avec mes moyens. Ce que je peux dire, c’est que la victoire de Syriza, si elle est à juste titre, la plus grande victoire du peuple grec, c’est une victoire pour l’Europe entière et tous les peuples. Le camp des progressistes a milité ensemble, se bat ensemble, il est internationaliste. La solidarité face au nombrilisme l’a emporté.
Une victoire historique contre l’austérité
L’École de Chicago et la Troïka ont perdu en Grèce. Alors que la dette s’est envolée sous la pression des apprentis économistes pour rembourser la dette et faire face au maquillage des déficits publics organisés dont l’origine vient entre autres des Jeux Olympiques et des banques. Depuis 2010, les foudres du marché se sont abattus contre la Grèce. Ce n’était pas un simple orage ou une tornade, ou une tempête. C’était bien pire. Éole s’est réveillé et sa colère fut incroyable.
Les économistes néolibéraux ont concocté des programmes à travers les mémorandums, dont l’idée pouvait se résumer ainsi : la Troïka prêtait de l’argent à la Grèce pour que la Grèce puisse rembourser les marchés financiers à condition que les gouvernements fassent des réformes structurelles de grande ampleur. À l’heure où les citoyens pensent que l’on a aidé la Grèce, certains oublient que les Grecs n’ont été aidés qu’à hauteur de 23 % des aides reçus.
Avec 149 députés, Syriza échoue à 2 députés près pour réaliser la majorité absolue. Pour autant Syriza réalise le meilleur score pour la gauche Keynésienne grecque. Je parle de Keynésianisme de gauche, puisque souvent les journaux poujadistes ont tendance à penser que John Maynard Keynes était d’extrême-gauche alors qu’il prônait un capitalisme régulé pour éviter le cycle des crises financières. Aussi, on constate que Syriza pour gouverner a besoin d’alliance, elle a choisi les “grecs indépendants”. Mais au-delà, de ce constat, on remarque que la “Pasokisation” du PS Grec a continué vers les entrailles de la terre.
Pour la première fois, au parlement grec, la dynastie “Papandréou” ne siégera pas, son nouveau parti : le Mouvement des démocrates socialistes n’a pas réussis à dépasser la barre des 3 % pour siéger à la Voulí.
Mais, la surprise reste dans le fait qu’Aube Dorée (le mouvement néonazi) s’ancre dans le paysage politique grec avec ses 17 députés, s’il perd 1 député et perd en nombre de voix, il est égalité avec To Potámi, un parti social-libéral pro-européen. C’est d’autant une surprise qu’une procédure pour “organisation criminelle” à l’encontre du parti néonazi est en cours, cette dernière a mis sous les barreaux la quasi-totalité de sa direction après l’assassinat par l’un de ses membres du rappeur antifasciste Pávlos Fýssas (Killah P).
Le parti de Samaras qui réalise près de 27,81 %, on peut que constater que la politique de peur vis-à-vis de Syriza n’a pas fonctionné mais a permis à Syriza de faire un meilleur score que prévu par les sondages.
La finance s’est réveillée du pied gauche
La question de la dette Grecque
Les conséquences de la Troïka
Parfois, il ne suffit pas simplement de faire de grands textes pour mettre en avant la politique d’Angela Merkel et de ses consorts. Elle tue aujourd’hui, leur politique de criminel est aussi le résultat d’atteinte très grave contre les droits humains. La Grèce n’a pas été modernisée comme les néolibéraux le prétendent, elle a été piétinée et humiliée devant monde entier, et cela, au nom du remboursement de la dette, et surtout renvoyée dans les années 70.
La ligue hellénique des droits de l’homme (HLHR) membre de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme), a rendu un rapport le 18 décembre 2014 intitulé les droits au rabais : le coût de l’austérité en Grèce.
Karim Lahidji, actuel président de la FIDH a déclaré à Athènes que « Même si nous acceptons que certaines circonstances exceptionnelles requièrent des réponses exceptionnelles, il n’en reste pas moins que la manière dont les politiques ont été adoptées et mises en œuvre bafouent de toute évidence les normes internationales ». Ce sont bel et bien ces normes internationales qui sont bafouées quotidiennement.
« Je me demande vraiment si les droits humains ont suscité la moindre préoccupation lors de la conception et la mise en œuvre des plans de « sauvetage » du pays. Au contraire, il semblerait qu’ils aient été considérés comme un dommage collatéral acceptable de la gestion de crise, ou comme une réponse bien méritée au « problème grec. Ceci est tout simplement inacceptable. », a conclu Dimitris Christopoulos la conférence de presse, qui le responsable, vice-président de la FIDH.
En matière de droits élémentaires s’il y a violation alors contre les droits les plus élémentaires alors il faudra bel et bien juger ceux qui en sont responsables.
La dette publique Grecque
Regardons de plus prêt le niveau de la dette en Grèce, on s’aperçoit qu’elle est supérieure à 177 %, la logique voudrait que cette dette augmente, puisque les recettes ont diminué. On remarque que la plus grande partie de la dette provient du FESF et de l’UE. De ce fait, 195 Mds de la dette provient direction de la Troïka et de ses différents mécanismes de soutien à la finance.
Attac a effectué un travail concernant la dette grecque et l’argent que les différentes instances lui ont donné, ils se sont rendus au cours d’un travail que 77 % des fonds sont allés à la finance. Certainement que les bourgeois n’en parleront pas, mais la finance s’est soutenue en quelque sorte. Pour donner quelques chiffres :
- 58,2 milliards d’Euros (28,13%) ont servi à recapitaliser les banques grecques —au lieu de restructurer ce secteur trop grand et moribond de manière durable et de laisser les propriétaires des banques payer pour leurs pertes.
- 101,331 milliards d’Euros (48,98%) sont allés aux créanciers de l’État grec. Parmi lesquels 55,44 milliards d’Euros ont été utilisés pour rembourser des bons du Trésor arrivés à échéance —au lieu de laisser les créanciers assumer le risque pour lequel ils avaient perçu des intérêts. 34,6 milliards ont servi de prime d’incitation pour obtenir l’accord des créanciers sur la restructuration de la dette en mars 2012. 11,3 milliards ont été affectés au rachat de la dette en décembre 2012, lorsque l’État grec a racheté des bons presque sans valeur à ses créanciers.
- 43,7 milliards d’Euros (22,46%) ont alimenté le budget de l’État ou n’ont pu être clairement affectés.
- 0,9 milliard d’Euros (0,43%) ont constitué la contribution de la Grèce au financement du nouveau fonds de sauvetage, le MES.
Alors que la finance essaye de sortir l’argumentation que les citoyens ont aidé la Grèce à se sortir de la crise, un tel mensonge de la part des médiacrates (dont je reviendrai un peu plus), des néolibéraux et de la finance internationale ne pourra pas durer éternellement, à un moment donné, ils tomberont face au mur de la vérité.
La dette Allemande vis-à-vis de la Grèce
Dans un article critique contre le journal Le Monde, j’affirmais :
Nous avons dans un premier la demande avec l’exemple de ce qui a été réalisé pour l’Allemagne avec l’annulation d’une partie des dettes de l’Allemagne Nazie sur la RFA « Ou encore exigeant de l’Europe qu’elle « fasse pour les du Sud ce qui a été fait pour l’Allemagne [NDLR : RFA ] en 1953 », soit l’effacement d’une partie de sa dette publique, à l’issue d’une renégociation « au sein de l’Union et dans le respect des institutions européennes ». Pour autant, on oublie de manière constante que la dette de la RFA envers la République Hellénique n’a jamais été annulée et donc de fait existe bel et bien dont les chiffres varient entre 81 à 162 milliards d’euros. C’est un débat qu’il va falloir bien mettre en évidence. Pourtant, la République Fédérale n’a dédommagé qu’une fois la Grèce : 115 millions de Deutschemarks soit environ 58 millions d’euros et c’était en 1960 à l’issue d’un accord bilatéral et dans le cadre de la CEE. Les accords de Londres ont permis à la RFA de connaître un véritable « miracle économique ».
Au sujet du Monde, le journal est parti en guerre contre le parti d’Alexandre Tsipras durant la campagne législative Grèce.
La Restructuration de la dette Grecque face aux marchés financiers
Les marchés financiers et les différentes banques centrales sont choqués de la restructuration de la dette Grecque. Une illusion pour certains, qui sont à l’origine même de la dette grecque. La panique souffle alors que la BCE a aidé les marchés financiers de près de 1100 Mds et qu’elle s’apprête à faire une QE. Un “Quantitative Easing” (QE), en français “assouplissement quantitatif” consiste à faire tourner la planche à billets afin de racheter des dettes d’État à un rythme de 60 milliards par mois de mars 2015 à septembre 2016, soit une injection astronomique de près de 1140 milliards d’euros dans les marchés financiers. Autant dire que les profits de ceux qui détiennent ces titres de dette sur le marché secondaire devront exploser créant de faire une nouvelle sur accumulation du capital et de fait, une bulle spéculative.
Malgré toutes ces aides à la finance, on peut dire que les financiers ne sont point d’accord d’une annulation de dette de quelques manières que ce soit. On constate dès lors que le bras de fer entre la finance assisté et le monde du travail commence.
Voici quelques déclarations de ces personnes qui manifestement ne vivent point dans le même que nous, mais plutôt dans le monde de la finance internationale où les prêts aux états servent à rembourser les mêmes prêteurs. Le monde virtuel du néolibéralisme est devant nos yeux :
Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE :
Impossible de restructurer la dette grecque en possession de la BCE. Syriza doit payer, ce sont les règles du jeu européen, il n’y a pas de place pour un comportement unilatéral en Europe.
Jens Weidmann, président de la banque centrale allemande :
J’espère que le nouveau gouvernement grec ne fera pas de promesses illusoires que le pays ne peut se permettre.
Günther Oettinger, commissaire européen à l’économie numérique :
Le futur gouvernement grec devra respecter les accords conclus entre Athènes et ses partenaires de la zone euro.
Christine Lagarde, directrice générale du FMI :
Il n’est pas question d’accepter un effacement de la dette grecque, une question d’équité entre pays européens. Il y a des règles internes à la zone euro à respecter. On ne peut pas faire des catégories spéciales pour tel ou tel pays.
L’effacement de la dette grecque est pourtant nécessaire pour le redémarrage du pays et pour cause, elle se situe à 175 % du PIB au lieu de 107 %, il y a 5 ans. Ce qui fait une augmentation de près de 70 % du PIB en 5 ans, cette augmentation est le résultat des différents mémorandums, qui à défaut d’avoir permis de sauver la Grèce l’ont coulé sur les critères de statistiques possibles.
La dette n’est pas remboursable, les responsables cités ci-dessus doivent le savoir, mais pour Jens Weidmann, il est évident qu’il nie l’histoire de son pays et la dette allemande, qui pour rappel a été annulé 4 fois. C’est vraiment intéressant cette négation de l’histoire, si la RFA n’est pas l’Allemagne d’avant, la dernière tranche de remboursement a été effectuée. Il ne faut pas s’étonner que le slogan issu de la Première Guerre mondiale “l’Allemagne payera” revienne sur scène. Comme je l’ai démontré plus haut concerné la dette de l’Allemagne vis-à-vis de la Grèce, Angela Merkel est prise dans un étau particulier, puisque Christine Lagarde a affirmé concernant la dette grecque : “une dette est une dette”, mais cela est valable également pour l’Allemagne.
Il est évident que les libéraux et les réactionnaires essayent de nous faire croire que le non-rembourse
La position du patronat
Commençons par le Tweet de Laurence Parisot, ancienne chef du MEDEF, forcément; elle utilise une argumentation à la mode dans le petit monde du néolibéralisme : la dette grecque est européenne donc ce sont les citoyens européens qui payeront une annulation de la dette.
Qui sont les créanciers de la dette grec ? Nous les Européens … pic.twitter.com/O0wCDQmVe9
— Laurence Parisot (@LaurenceParisot) 25 Janvier 2015
Cet argument se confronte à la réalité comme le dit très bien Bruno Odent dans un article de l’Humanité :
Et pour cause essentielle comme le rappel si bien, c’est que les aides à la Grèce font déjà partie intégrante de la dette des pays. Forcément, nous sommes en train de le payer, et cela, que la dette soit annulée ou restructurée.
La finance scandalisé par le refus de L’austérité
Jean-Claude Juncker est en ce moment en train de passé dans une phase particulièrement aigrie et irrespectueuse des nations, c’est ce qu’il a fait en tant que ministre des Finances luxembourgeois. Il a siphonné les états et les nations par différents montages financiers impliquant près de 340 multinationales. Il est un des principaux responsables des dettes publiques en Europe. N’importe politicien ne peut faire confiance à une personne qui dissimule les comptes des entreprises. Il a organisé l’évasion fiscale des profits en Europe. Il devra bien être jugé politiquement sur l’affaire Luxleaks.
Dans un entretien du Figaro, il menace, le loup aboie, mais les moutons ont grandi et son prêt à lui faire la peau :
Athènes a accepté deux plans d’ajustement (de redressement, NDLR), elle doit s’y sentir tenue. Il n’est pas question de supprimer la dette grecque. Les autres pays européens ne l’accepteront pas.
Il se permet aujourd’hui de dire qu’Athènes qui n’est qu’une ville aurait pu choisir tout seuls des plans d’austérité. Ce n’est pas Athènes qui a choisi, c’est le gouvernement Samaras sous pression de l’ancien, président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso. Or, comme le mémorandum est une loi, ce qui a été acté par le Parlement grec peut y être défait, et c’est visiblement ce qu’il se passera.
Dire qu’un monde nouveau a vu le jour après le scrutin de dimanche n’est pas vrai. Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais la Grèce doit aussi respecter les autres, les opinions publiques et les parlementaires du reste de l’Europe. Des arrangements sont possibles, mais ils n’altèreront pas fondamentalement ce qui est en place.