La laïcité réapparait dans le débat, une bonne raison d’approfondir ce sujet

loi-1905-1-pEncore une nouvelle fois, nous sommes confrontés au débat sur la laïcité alors que la loi portant sur la séparation des Églises et de l’État date du 9 décembre 1905 soit quasiment 110 ans,  et pourtant beaucoup de choses restent encore à faire.

Ce débat commence à peser sur notre pays, il le désintègre doucement et de fait, nous assistons à une régression lente et constante du laïcité au sein de notre société. Les trois attentats terroristes du début du mois ont ému la population au point de créer un état de choc particulièrement violent, [je reviendrais plus tard sur une analyse en profondeur de la Stratégie du choc de Naomie Klein.]

Certaines personnes ont essayé encore une fois d’axer ce débat de manière prioritaire afin que l’on y admette qu’il existe certaines dérives. Or la dérive dans laquelle nous sommes confrontés est justement cela à quoi la laïcité s’est toujours opposée. Beaucoup de personnes ont perdu le sens même de cette valeur que je pourrais qualifier d’assez suprême. Il n’y a pas de République sans laïcité.

Commençons par l’article 10 de la DDHC : “Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi”.  Au fond, c’est bel et bien la liberté de penser qui prime avant tout, d’autant que la DDHC fait partie du bloc de constitutionnalité, faisant partie du préambule de la norme suprême en Droit français, la Constitution de 1958, et que de fait on doit forcément s’y référer.

Ensuite regardons de près l’article premier de notre constitution qui pose les valeurs de la République : “La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale“. Si la république actuelle n’est pas parfaite et mérite d’être refondée , il n’en demeure pas moins que cette définition est intacte, c’est donc sur quoi, je vais me reposer quand je vais parler de la République.

Ainsi, je reviens sur un ancien article en expliquant que la Laïcité ce n’est pas le problème, mais bel et bien, la solution, qu’il faut faire front face à l’extrême droite qui tente de la récupérer, tout en essayant de mettre en avant la vision qu’ils ont notamment du christianisme vis-à-vis à la laïcité (je reviendrai aussi sur les crèches de Noël), puis revenir sur la question des athées vis-à-vis la laïcité.

La Laïcité n’est pas le problème, c’est la solution

Forcément, nous avons l’impression de revenir quasiment un, voire deux siècles en arrière. La République Française fait face à des débats stériles. Déjà en août 2013, j’affichais dans un article, l’idée que la laïcité telle qu’on veut nous l’affirmer aujourd’hui n’est plus celle qui a été impulsée à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle.

La laïcité est un devoir de chacun, mais elle doit être rappelée, car petit à petit, il est donné une autre définition. En effet, la laïcité n’est pas une norme de discrimination visant à rejeter une religion ou un culte en particulier.

Je développais comme je l’ai cité plus haut que nous sommes bel et bien confrontés à une mutation et à une évolution, mais cette évolution n’est plus réellement. Alors que nous sommes confrontés dans une crise systémique de grande ampleur, c’est toujours la question de la religion que se met en avant, les personnes essaient de s’attacher à ce qu’ils ont :

Un peu plus chaque jour, on nous répète un sens de la laïcité erronée, mais la laïcité a toujours été la neutralité des religions dans l’organisation de l’état. Nous ne parlons non pas de la voie publique, mais de l’administration et des éléments intégrant l’état.

J’affirmais aussi qu’un débat ne devrait pas réellement avoir lieu, mais on constate qu’une certaine frange réactionnaire de notre société combat force et âme la laïcité pour pouvoir mettre en place une doctrine digne du Moyen-Âge.

Le faux-débat qui a lieu en ce moment concernant la Maire de Bollène pose encore une variable à la démonstration. Quand il s’agit de discours, ces personnes nous parlent de la laïcité, et nous font les plus grands éloges. Quand il s’agit de passer aux actes, ils refusent au nom de la religion.

Je mettais aussi la question de la subvention de la religion et des bâtiments religieux dans le débat et pour cause, aujourd’hui les églises (les bâtiments de culte bâtis avant 1905) sont entretenues par les travailleurs. De ce fait, je crois que c’est aux personnes religieuses de prendre en charge leurs bâtiments afin que les religions puissent acquérir une totale autonomie vis-à-vis de l’état. Il s’agit surtout d’une responsabilité importante et c’est aux croyants pratiquants de la prendre en main.

L’État ne peut plus tout prendre en charge, au vu de la politique néolibérale qu’il met en œuvre. L’idée du laisser-faire et de la non-intervention doit s’appliquer logiquement au culte. Aussi, cela permettrait d’éviter que certains groupuscules se plaignent de la destruction des églises mise en œuvre par les préfectures comme à Sainte-Gemmes-d’Andigné. Ces groupuscules se créent tout en dénonçant ces destructions, mais ils ne sont là que pour dénoncer à travers la création de groupuscules comme “40 000 clochers”, ou “Clochers de France”. En effet, il s’agit plus de faire du bruit et d’agiter le drapeau que de lancer des campagnes de fond, et d’essayer de lever des fonds.

Il s’agit de l’article 12 de la loi qui énonce que “Les édifices qui ont été mis à la disposition de la nation et qui, en vertu de la loi du 18 germinal de l’an X [NDLR : loi relative à l’organisation des cultes], servent à l’exercice public des cultes ou au logement de leurs ministres (cathédrales, églises, chapelles, temples, synagogues, archevêchés, évêchés, presbytères, séminaires), ainsi que leurs dépendances immobilières et les objets mobiliers qui les garnissaient au moment où lesdits édifices ont été remis aux cultes, sont et demeurent propriétés de l’État, des départements, des communes et des établissements publics de coopération intercommunale ayant pris la compétence en matière d’édifices des cultes. / Pour ces édifices, comme pour ceux postérieurs à la loi du 18 germinal an X, dont l’État, les départements et les communes seraient propriétaires, y compris les facultés de théologie protestantes, il sera procédé conformément aux dispositions des articles suivants.”

Maintenant, il me semble que la subvention d’un lieu de culte bâti avant 1905 peut faire l’objet d’un référendum municipal, ou par arrondissement au cas où les travailleurs veulent le subventionner, mais cela se fera en conscience de cause.

Il est nécessaire que tous les bâtiments religieux soient du ressort du privé. Il est grand temps de mettre toutes les religions sur un pied d’égalité. La devise de la République Française comporte tout de même mot « égalité », l’égalitarisme souvent combattu montre une vision de loin antirépublicaine. La différence est un fait, l’inégalité est un autre fait. Avoir des différences cela est normal, avoir des inégalités cela est honteux.

Mais pour les conservateurs, les origines de ce débat sont une question religieuse et forcément une attaque contre l’islam. Je crois que c’est par ces agissements que les réactionnaires ont essayé de dégrader une religion au nom du respect, du vivre ensemble.

Les causes de l’islamophobie n’ont pas de lien avec une prétendue laïcité. Elles ont un lien avec l’ignorance des personnes, le manque de culture, mais aussi, une propagande de peur, une propagande mensongère qui vise à alimenter des polémiques basées sur des informations sans sources.

La droite et l’extrême droite ont essayé de récupérer cela aussi dans le débat de l’identité nationale qui s’est invité en France à cause du référendum sur les minarets chez nos voisins suisses.

L’extrême droite a essayé de récupérer la laïcité

Les débats sur la laïcité sont tronqués puisqu’ils tentent d’affirmer qu’en France, il y aurait un problème avec l’islam. Or, l’islam comme n’importe quelle religion n’est pas un problème pour la République. Mais, certains obscurantistes ayant peur de l’islam essaient par tous les moyens de faire croire aux naïfs que la République aurait un problème avec l’Islam. Les obscurantistes sont très forts à ce jeu-là, on y retrouve de ce fait, des associations politisées comme “Riposte Laïque” ou “Résistance Républicaine”.

Quand on regarde plus en profondeur ces sites-là, on remarque que la liberté d’exercer son culte librement s’efface assez rapidement. Ces associations agissent comme des officines – comme chacun le sait –  du Front National pour permettre de créer un amalgame entre la laïcité et l’islamophobie, mais aussi pour promouvoir l’islamophobie. En effet, selon ces personnes dont le maire de Hayange, Fabien Engelmann : s’opposer à l’islam serait promouvoir la laïcité. Leur argumentation est basée sur des sophismes qui ramènent la France a ses heures les plus noires. Pour ce dernier, le patriotisme, ça serait de lutter contre “la barbarie islamique“. D’ailleurs en période de crise,  Fabien Engelmann préfère combattre la viande “Halal” et faire de l’austérité municipale plutôt que de redynamiser et créer de l’emploi dans sa ville. Une politique bourgeoise essentielle pour faire le jeu de l’ultralibéralisme. Le patriotisme ultralibéral à Hayange ne fonctionne pas, c’est un échec très cuisant. D’autant, quand on connaît la manière dont il gère et gouverne sa ville, on pourrait l’appeler le petit dictateur d’Hayange. À titre d’information, il est noyé dans les affaires judiciaires, sa patrie à Engelmann, c’est bel et bien la “finance”. Passons.

Quant à “Résistance Républicaine” de Christine Tassin, on n’a pas vu où elle mettait en avant la question de la République, par contre, une chose est sûre, l’État français y est omniprésent. Pétain a tout fait pour éliminer les Français ayant une religion juive, elle est prête à faire de même pour les Français de religion musulmane. Son blog est une croisade contre l’islam. Elle va peut-être remettre en avant les templiers,  au nom des guerres de religion. Cette minorité agit comme des termites, cela pourrit l’ensemble de la société en contaminant la base.

Ces personnes “s’autoproclament” républicaines pourtant, ils n’ont pas hésité à soutenir le groupe néonazi allemand : Pediga. Le voilà l’amalgame, ces personnes qui essaient de nous faire croire que le néonazisme, le pétainisme ou autre seraient une valeur de la République. La confusion intellectuelle est omniprésente.

De ce fait, puisqu’ils n’en sont pas, forcément, ils ne partagent pas la Patrie de Robespierre, ou celle de Paul Lafarge ou encore de Victor Hugo ou d’Émile Zola. Ils partagent cette France rance qui n’arrive pas à évoluer, ils puisent leurs sources, chez Édouard Drumont, Charles Maurras ou bien celle du Maréchal Pétain. Ainsi, les conceptions d’un même pays sont profondément différentes. L’une est ancrée dans le réel, le pragmatisme et la recherche du progrès, l’autre n’est qu’une utopie réactionnaire fondée sur le rejet de l’autre et le nombrilisme absolu.

Les conservateurs et la laïcité à double vitesse

Le principe de la laïcité est fixé par l’article 1 de la loi de séparation des Églises et de l’État “La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public“, suivi de son article 2 “La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte“. (on verra plus bas qu’il existe une exception pour l’Alsace et la Moselle).

La droite largement axée par sa frange conservatrice, comme on l’a vu se sert profondément de la laïcité pour dénigrer les autres. Une vague d’attaque a lieu perpétuellement contre les autres au nom de la défense des “valeurs chrétiennes” (pré-supposées) de la France, cela passe entre autres par différents tours de passe-passe, mais surtout une alliance claire sur l’ensemble de la droite.

C’est sur cet argument que Jacques Bompart a déposé la proposition de loi n°2465 portant sur la défense des traditions françaises, son argumentation avance que  : “Le présent texte a donc pour objet de rappeler que l’histoire de France s’entremêle avec ses 1 500 ans de traditions chrétiennes, comme l’a maintes fois rappelé le Conseil d’État”, on y retrouve logiquement dans son article 2 “Pour que cette décision soit réputée conforme, elle doit concerner des éléments qui ont marqué de manière évidente l’histoire de France ou de la commune”.

Or, historiquement, la France n’est pas un pays chrétien puisque les francs n’étaient pas chrétiens, Clovis s’est converti à ce titre au christianisme pour pouvoir devenir “roi des Francs”. C’était les Gaulois qui étaient chrétiens après la conversation rapide de l’Europe au Christianisme avant et après son premier schisme. En effet, s’il y a une vision à deux vitesses, il y a eu une histoire avant les francs.

Ainsi se pose le problème des crèches dans les lieux publics à l’occasion de la fête de Nativité (la fête chrétienne célébrant la naissance Jésus). En effet, la droite et l’extrême droite sont favorables à l’exposition de symbole religieux en référence à la tradition et au regard que la France aurait à l’histoire. Les conservateurs se fondent sur l’article 28 de la loi de la séparation de l’église et de l’Etat : “Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions.”

À Béziers, Robert Ménard n’a pas hésité à mettre en avant une crèche dans sa mairie au nom de la tradition. La tradition à Béziers est bien connue avec des citations qui ont marqué l’histoire. Arnaud Amaury, durant le siège de Béziers du 22 juillet 1209 aurait déclaré contre les hérétiques cathares “Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens.” Le massacre a Béziers fit entre 15 000 et 22 000 morts d’après les historiens. C’est une des batailles de la croisade des Albigeois commandée par l’Église catholique contre l’hérésie.

La justice a jugé bon de laisser ces crèches dans les lieux publics. Mais, la vision de la justice est allé à l’encontre même de la laïcité, puisque la tradition ne saurait tolérer la mise en avant d’un culte. Pourtant, c’est sur le mot culte que se pose la question. En effet, la culture et le culte ont la même base latine : colere.

Pourtant, les autres religions ne sont pas autant tolérées dans le domaine et l’espace public par les conservateurs. Laisser une religion  faire ce qu’elle veut et condamner les autres, ce n’est pas de la laïcité, c’est bel et bien tout l’opposé.

La Droite et le Christianisme traditionaliste

Ces nationalistes défendent coûte que coûte la nation éternelle, mais font tout ce qui est en leur possibilité pour la rendre invisible et la plonger dans le noir. Ils préfèrent éteindre la lumière, plutôt que d’éclairer leur pays.

Forcément, ceux qui veulent en finir avec la République, ces personnes sont à combattre si ce n’est pas pour dire “les abattre”. La République du Travail prendra place à la République bourgeoise, mais nous allons rester au sein d’une République.

La République est même définie comme suit dans la Constitution : “La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale”. On ne pourra mieux concevoir que la conception de la République est différente selon les personnes, mais les valeurs restent ancrées.

Forcément, les conservateurs agitent le drapeau d’une mise au banc d’une partie de la population, car leur valeur spirituelle serait contraire à celle de la République, pour les ultra-conservateurs, un autre facteur entre en place. En effet, ils disent que les Francs sont arrivés avec le Christianisme (qui ont envahi et pillé la Gaulle) et que tout était beau, tout était rose : les bûchers, les pendaisons, les chasses aux sorcières, les croisades. Le bon vieux temps du féminicide (le génocide des femmes) serait aussi une grande valeur pour la France d’après ces gens-là.

J’ai parlé de l’article 12 à ce sujet, or il est illustré dans le cas qui suit.

Depuis le mariage pour tous, la droite s’est lancée dans une quête très particulière qui les a amené parfois à marcher avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Il faudra bien que l’on parle aussi de l’Église Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui est une propriété de la République comme tous les lieux de culte construit avant 1905. Un arrêté d’expulsion obtenu par l’archevêché de Paris, mais il n’est resté sans suite au nom du trouble à l’ordre public que ce dernier pouvait créer. Michel Dreyfus-Schmidt (sénateur socialiste) dans une question écrite demandait le 24/06/1999 :

Les tribunaux judiciaires constatèrent alors que « la situation de fait qui lui était soumise révélait l’existence d’un trouble manifestement illicite constitutive d’une voie de fait à laquelle il était urgent de mettre fin » (CA, Paris, 13 juillet 1977). L’administration, en principe et lorsque les tribunaux judiciaires l’y enjoignent, doit prêter le concours de la force publique à l’exécution du jugement. Or, à ce jour, la décision reste lettre morte […] Le caractère illégal de l’occupation a été renforcé, si besoin était, par l’excommunication prononcée par le pape Jean-Paul II à l’encontre des occupants de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet en 1988 (Motu proprio ” Ecclesia dei adflicta ” du 2 juillet 1988). Or l’attribution de ce lieu de culte doit être exclusivement réservée, en vertu de l’article 5, paragraphe 1er, de la loi de 2 janvier 1907, aux prêtres et aux fidèles qui veulent y pratiquer leur religion en se soumettant aux préceptes de l’Église catholique, ce qui n’est plus le cas des occupants depuis le schisme.

Voici la réponse du ministère l’intérieur :

Le 27 septembre 1977, la préfecture de police a été saisie, par les voies légales, d’une réquisition du concours de la force publique pour exécuter cette décision judiciaire d’expulsion. Cependant, à l’époque, l’autorité administrative a considéré que l’exécution de la décision de justice en cause risquait de troubler gravement l’ordre public, eu égard à la détermination des occupants de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet et des nombreux incidents survenus en 1977 et 1978 à l’intérieur et à proximité de cet édifice. Or, lorsque le concours de la force publique risque d’entraîner des troubles plus graves que celui qui naîtrait de l’inexécution de la décision de justice, l’administration est en droit de le refuser (CE Couiteas, 30 novembre 1923). Le risque réel de danger pour l’ordre et la sécurité avait été également relevé par le médiateur, Jean Guitton, membre de l’Académie française, qui avait été désigné par le tribunal de grande instance de Paris le 1er avril 1977, pour élaborer, avec les parties et toutes les autorités civiles et ecclésiastiques qui lui paraissaient devoir être consultées, les modalités d’évacuation des lieux. Il indiquait dans son rapport que l’exécution de ” la mesure d’expulsion présenterait des difficultés particulières tenant au fait que l’église est un lieu public qui doit rester accessible à tous, prêtres ou laïques, paroissiens ou non, pour la pratique de leur religion, aux heures normales d’ouverture “. Le jugement du 12 octobre 1982 du tribunal administratif de Paris accordant des indemnités réparatrices à l’abbé Bellego (15 000 francs) sur le fondement de l’égalité des citoyens devant les charges publiques, a d’ailleurs mentionné que l’administration était légalement fondée à refuser son intervention et que par suite, ce refus ne constituait pas une faute lourde de nature à engager la responsabilité de l’état. La permanence des risques de troubles pour l’ordre public que pourrait susciter une expulsion avec le concours de la force publique justifie encore à ce jour l’inexécution de l’arrêt. On notera au demeurant qu’aucune demande n’a été réitérée de la part de l’occupant des lieux.

Marine Le Pen y a fait baptiser ses trois enfants. On comprend tout de suite que sa notion de la laïcité n’est pas celle à laquelle on s’attend, mais bien une laïcité de comptoir, une laïcité faite pour rejeter les autres,  tendre à l’amalgame.

Les athées face à la laïcité

En France, il y a environ 29% d’athées, ce qui correspond à plus de 15 Millions de personnes. Alors que les discussions portent sur la religion, les athées sont manifestement éloignés de ce débat, pourtant les athées sont largement majoritaires dans notre République Française. La liberté qui prime sur la conception de la laïcité, a laissé une marque très libérale pour cette loi. La liberté de pensée, la liberté d’opinion et la non-intervention de l’état dans les cultes sont aujourd’hui devenues incontestables. Mais, il faut le dire et le rappeler que le fait que nous croyons en rien n’est pas un problème.

Aussi, pour un athée, dieu n’existe pas, donc si dieu n’existe pas, le blasphème de fait n’existe pas. En France, la question du blasphème est présente depuis les attentats de Charlie Hebdo.

Si pour une grande partie, le blasphème n’existe pas en France, il existe bel et bien en Alsace-Moselle puisque, ces deux régions ne sont pas soumises à la laïcité. Le régime concordataire en Alsace-Moselle est un élément du droit local alsacien et mosellan, il s’agit donc d’une entrave à la loi sur la séparation des Églises et de l’État. De fait, le blasphème est théoriquement réprimé en Alsace et en Moselle par un article hérité du code pénal allemand de 1871, resté en vigueur après le retour à la France de ces trois départements, en 1918. L’article 166 du code pénal local (code pénal allemand) vise les blasphèmes, injures ou outrages.

Les représentants des principaux cultes en Alsace-Moselle, y compris l’islam, demandent que le délit de blasphème, toujours en vigueur dans le droit local, soit abrogé car « il est tombé en désuétude ». Catholiques, protestants, juifs et musulmans ont fait cette proposition le 6 janvier.

De plus, le conseil des sages dans la Décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013  a affirmé que les lois religieuses appliquées dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et de la Moselle étaient conformes avec la Constitution puisque la loi de 1905 a été appliquée à l’ensemble des départements de l’époque, c’est-à-dire sauf ces trois départements. Ainsi, ces départements font face à une exception religieuse particulière, il convient donc aux législateurs de prendre ce problème de manière claire et déterminée en appliquant la laïcité sur l’ensemble des départements de la République Française et de mettre fin au régime concordataire de l’Alsace et de la Moselle.

D’autant que d’un certain point de vue, quand on souhaite la laïcité, on la souhaite de manière pleine et entière, cela pourrait aussi s’affirmer par une vision d’égalité du droit sur l’ensemble du territoire.

Pour conclure, sur la question de la liberté, les athées veulent vivre avec tout le monde et que chacun se respecte. La religion est du domaine du privé et se doit de rester privé. Aussi, soyez-en certain, il me faudra aussi du temps pour approfondir encore plus ce sujet.

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