Quand le Monde se fait “partisan” de la Troïka
En France, nous traversons une crise importante concernant la presse et la notion même de journalisme. La confiance entre les citoyens et les journalistes des grands médias traditionnels est de plus en plus faible. La presse dominante ne s’est point remise en question étant donné qu’elle est sous perfusion de l’état et de la finance.
La critique des médias dans une démocratie est nécessaire, il n’y a que les anti-démocrates qui refusent de remettre en cause le travail même du journaliste ou du moins ce qu’il en est devenu. En effet nous assistons petit à petit à la migration de personnes qui se réclament du journalisme mais qui ne sont que des personnes journalisées, c’est un peu la forme romancière du journalisme, très loin derrière les très bon journal “fouille-merde”, mais ces derniers ne sont pas nombreux, ce n’est pas très à la mode en ce moment.
Les dernières unes du journal Le Monde
Dans ce cadre-là, je me dois de parler de la grande dérive d’un des premiers journaux de France. Le Monde, héritier du Temps l’emporte dans un large spectre. A ce jour, s’il n’est rattaché à aucun parti politique, mais il en demeure pas moins que par sa rhétorique régulière ainsi que de la position politique des personnes qui le construisent, il va de soi qu’il est un journal quasiment officiel de la Troïka.
Le premier article a été décodé de manière assez franche dans son objectivité et surtout parti pris pour la politique néolibérale. Le camarade Antoine Lauméant en a d’ailleurs une critique objective, dans son article La propagande du « Monde » contre Syriza et Podemos. L’idée de propagande rend obligatoirement l’information non-neutre et de fait purement subjective puisqu’il incite le public à être favorable à la baisse des dépenses et des bénéfices, mais s’attaque à la frange hésitante qui ne vote pas.
Pour autant le Monde (06/01/2015) fait encore plus fort, puisqu’il marque clairement l’abandon total de démocratie, si deux personnes étrangères (Merkel et Hollande) fixent les règles d’une élection d’un autre état, alors il y a deux réponses possibles : d’une part, on peut clairement affirmer qu’il s’agit d’une ingérence volontaire et d’autre part que la question de la démocratie passe après la question du règlement des prêts forcés. On ne peut plus faire plus claire sur la position du journal concernant la crise de la dette souveraine en Grèce. Dès le début de l’article, ils font référence à un argument d’autorité venant du président de la République Française “les gouvernants auront à respecter les engagements pris”. Mais curieusement, les engagements fait par la coalition PASOK-ND-LAOS (LAOS groupe d’extrême droite ayant des relations avec le Front National), le sont au nom d’une coalition étant donné le manque de démocratie qui règne depuis le début de la crise.
La question de la subordination entre deux peuples ou plutôt deux gouvernements rappelle étrangement le temps des colonies, ou sinon dans des périodes d’occupation, les grecs ne sont que les sujets.
Le titre de la seconde page s’intitule “la Grèce en campagne sous l’œil de Berlin”, on ne pouvait faire mieux pour rappeler l’œil de Moscou. “Berlin n’exclut plus une sortie de la Grèce de la zone euro si ce pays ne procède pas aux réformes promises ou s’il décide de ne pas rembourser l’intégralité de ses dettes”. Or les réformes promises ont permis la transformation de la dette grecque de 107 à 175% du PIB (sachant que le PIB et la production ont tout deux baissé), de plus étant donné qu’une grande partie de la dette grecque a été restructurée. La dette grecque a augment de 70% à cause des différents plans d’austérité.
Nous avons dans un premier la demande avec l’exemple de ce qui a été réalisé pour l’Allemagne avec l’annulation d’une partie des dettes de l’Allemagne Nazie sur la RFA “Ou encore exigeant de l’Europe qu’elle « fasse pour les du Sud ce qui a été fait pour l’Allemagne [NDLR : RFA ] en 1953 », soit l’effacement d’une partie de sa dette publique, à l’issue d’une renégociation « au sein de l’Union et dans le respect des institutions européennes”. Pour autant, on oublie de manière constante que la dette de la RFA envers la République Hellénique n’a jamais été annulée et donc de fait existe bel et bien dont les chiffres varient entre 81 à 162 milliards d’euros. C’est un débat qu’il va falloir bien mettre en évidence. Pourtant, la République Fédérale n’a dédommagé qu’une fois la Grèce : 115 millions de Deutschemarks soit environ 58 millions d’euros et c’était en 1960 à l’issue d’un accord bilatéral et dans le cadre de la CEE. Les accords de Londres ont permis à la RFA de connaître un véritable “miracle économique”.
Pourtant les journalistes (Adéa Guillot et Frédéric Lemaître) terminent “La dette publique de la Grèce s’élève à 321.7 milliards d’euros, dont près de 65 milliards à l’Allemagne, selon le Spiegel. « L’objectif du gouvernement allemand, de l’Union Européenne et même du gouvernement d’Athènes, c’est le maintien de la Grèce dans la zone euro » estime de son côté Sigmar Gabriel, vice-chancelier allemand et président du SPD”. Autrement dit quand c’est dans le non-intérêt de l’Allemagne d’annuler la dette, elle y est profondément opposée, mais quand il s’agit de l’intérêt de l’Allemagne, elle y est totalement favorable.
Pourquoi Syriza fait peur au Monde ?
Dans un autre article du même numéro (06/01), dans la rubrique “éclairages”, nous avons le droit à un article de Cécile Ducourtieux ridiculisant le programme d’Alexis Tsipras. Lorsque les bougies du Monde commencent par “Pourquoi Syriza ne fait pas (trop) peur à Bruxelles” alors on sent comme le rabaissement politique de Syriza à un autre parti quelconque mais aussi que la finance serait devenue un allié incontestable de Syriza. C’est le tous “pourri” qui y règne.
Mais aussi dans un langage assez ubuesque, “fameuse” pour désigner la Troïka revient à prendre les lecteurs du Monde pour des objets, mais aussi à abaisser de manière claire ces trois organes porteurs de l’austérité en eux. Or, la journaliste ne pose pas la question des conséquences directes de l’austérité en Grèce. Elle se pose avant tout la question des prêts internationaux émanent du FMI (7 mds d’euros) et l’UE (3.6 mds d’euros) puisque ces derniers se font sur un chantage des mesures de rigueur éditées directement par les créanciers.
Dans le même temps, le parti conservateur “Nouvelle Droite” d’Antonis Samaras est considéré est largement soutenu par la Commission Européenne en appuyant l’idée que l’écart avec son parti et celui d’Alexis Tsipras se réduit petit à petit. Aussi, nous avons l’utilisation du mot “ils” correspondant “aux décideurs de Bruxelles” “comptent sur la communication de M. Samaras”, puis vient l’idée au journaliste que le PIB devrait croitre de 3%, mais la Grèce resterait toujours dans la crise du capitalisme, puisque malgré la croissance du PIB, celui-ci serait en dessous de son niveau avant le début de la crise systémique financière.
Enfin, question de pragmatisme, la journaliste entend que Syriza forme une coalition avec le centre-gauche pour avoir une majorité à la Voulí. Elle appuie son “oui-dire” que le leader du parti de la Gauche Keynésienne aurait rencontré les investisseurs financiers, tout en affirmant “son succès dépendra de la marge de manœuvre que lui laisseront les marchés financiers”, autrement dit, ce n’est plus le gouvernement qui dirige, mais la finance. La démonstration grossière de mettre Tsipras, ami de la finance échoue de manière rapide.
Tout en appuyant les bienfondés du MES qui n’est autre qu’un fond de secours aux banques payés par les contribuables au niveau de l’Union Européenne. Ce dernier remplaçait le FESF. Mais aussi il est appuyé que le TSCG (ratifié dans le dos des peuples) impose un déficit public inférieur à 3% et une dette publique en dessous de 60%, ces derniers ont pour effet réel de booster “la décroissance” et d’aggraver la catastrophe.
Il en arrive que les chiffres d’OkéaNews dans le schéma ci-dessus reflète la réalité des conséquences de la politique menée.
Venons-en au directeur adjoint des rédactions du Monde : Arnaud Leparmentier
Le directeur adjoint des rédactions du Monde, n’en n’est plus à son premier coup, mais il renforce toujours cette idée du poujadisme qui règne au sein du journalisme. Le journalisme se meurt doucement sous l’effet de ces personnes, qui n’ont rien à faire de leur métier. Ce sont des opportunistes et des scélérats.
En effet, en affirmant que les Grecs sont responsables de la situation et de leur crise. Pourtant, elle est due aux emprunts forcés par la Troïka, Arnaud Leparmentier se place à droite du FMI, de la BCE et de la CE. Mais aussi renforce un peu plus sa position personnelle, la naïveté et l’ignorance sont les piliers majeurs d’une vision raccourcie.
De ce fait, par son manque de culture politique (à son niveau de responsabilité), il est inquiétant, mais c’est une aubaine, puisqu’il permet la perfusion des idées obscurantistes qui dominent la bourgeoisie et le néolibéralisme dans la société.
Dans la Grécophobie ambiante et régulière du petit monde néolibéral, plus rien ne choque, pour autant ses propos sont l’œuvre d’une politique d’extrême droite visant à considérer les Grecs comme un sous-peuple. Le Nationalisme et la hiérarchie se font contre les peuples et les nations en fonction des intérêts que mène la classe bourgeoise.
De fait, ne soyons pas choquer que son compte Twitter recèle une vision d’outre-tombe de la société. Si le Monde vire toujours un peu plus à droite, on a déjà une première explication par le personnage en question. Durant les élections municipales, le Monde accordait l’équivalent d’un journal par mois au Front National. Les petits détails cumulés en disent beaucoup.
On pourrait lui conseiller de collaborer avec Béatrice Houchard du journal patronal l’Opinion, je suis sûr qu’il serait tout à fait d’accord sur la ligne éditoriale du quotidien et de la personne. Pourquoi pas une fusion après tout, se serait possible. Dans les journaux bourgeois, les noms sont différents, les attaques sont différentes, l’idéologie et l’objectif sont pourtant les mêmes : celle d’une dictature libérale.
Pour faire un petit hors-sujet, Beatrice Houchard dans son article voulait un meeting Mélenchon-Le Pen sur Syriza, pour elle, l’ultralibéralisme est une valeur de la gauche radicale. Au final, c’est dommage, elle n’a faut aucune recherche, ni s’est renseignée sur le sujet. Pourtant, il faut le dire haut et fort, le FN soutenait le LAOS (Alerte populaire orthodoxe). Ce parti a gouverné avec le ND et le PASOK pour mettre en place des mémorandums.
Ces personnes-là ne font pas du journalisme, mais bien de la propagande. C’est un business pour faire passer les idées les plus réactionnaires, mais aussi soutenir le programme de l’extrême droite radicale qui est axé sur le déficit zéro, l’austérité, baisse des impôts des entreprises, baisse des cotisations sociales (charge sociale – donc du coût du travail) pour les salariés (pour éviter permettre de figer les salaires en brut) et les entreprises.
En effet, l’Opinion choisira toujours dans un dernier recourt l’extrême droite pour défendre le patronat et ses intérêts. D’ailleurs, je me demande pourquoi Béatrice Houchard ne prend-elle pas sa carte au Front National. Quand une personne est copain comme cochon, il faut foncer.
Mais en continuant dans le ridicule de ces gens-là, M. Leparmentier n’éprouve aucune gène de se lancer dans des affirmations sans avoir lu une seule ligne, ni même un seul mot du Capital au XXIème siècle de Thomas Piketty. D’autant que les conclusions de Thomas Piketty (il devrait le savoir) sont en opposition claire et franche avec la politique menée par François Hollande. Ce n’est pas parce que Thomas Piketty a soutenu Hollande, il y a deux ans et demi qu’il le soutient aujourd’hui. D’ailleurs, son journal a fait des articles dessus, alors lit-il son journal, lui qui est quand même directeur-adjoint à la rédaction. C’est vraiment inquiétant.
Mais bon, le temps ne laisse rien à l’affaire, quand on est con, on est con comme disait le bon vieux Georges qui lui aussi n’a pas accepté la Légion d’honneur.Parmentier sur PikettyPar conséquent, s’il existe une utilité du Monde, ce n’est point du côté de l’information, mais de la position de classe que le journal met en avant quotidiennement. En effet, c’est plus ou moins la voix officielle de la bourgeoisie, tout en restant l’écho de la Troïka, mais avec des traits arrondis pour ne pas que cela se fasse trop remarqué, contrairement à son voisin Le Figaro, dit le Dassault News qui n’y va pas par quatre chemins.
Pour autant, il me semble quand un contexte assez précis, on se doit de répondre aux affirmations raccourcies de la classe possédante. Peu importe que pense les gens, ni l’un, ni l’autre ne pourront de faire avoir un avis objectif, puisque c’est bel et bien la condition bourgeoise.
Puis enfin, on peut dire que la chute de l’Euro à 1.19 $ = 1 €, ce qui est une bonne chose, puisque cela permet de redonner plus de souffle à notre économie. La crise grecque au niveau de la monnaie pourrait redonner une autre impulsion sur l’économie. Dans l’idéal, il est nécessaire que l’euro se situe à 1€ = 1.05 $, pour permettre de relancer l’économie, tout en sachant que l’euro se crachera surement d’ici là.