La loi Macron, digne d’une loi du XIXème Siècle
L’ANI qui fut ratifié par les organisations patronales et la CFE-CGC, CFDT, CFTC (syndicats jaunes) était censé (d’après les argumentations du Premier ministre) rendre plus compétitif la France et augmenter la sécurité de l’emploi. Cette première mesure de flexisécurité a abouti sur des licenciements massifs et des restructurations au sein des entreprises, ainsi que des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE).
Cette première mesure est un véritable échec, la critique qui lui était portée s’est avérée juste. Les travailleurs ont encore perdu un peu plus de leurs droits au profit des actionnaires et du grand capital. Ainsi, dans la même logique, on a vu le CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi). Cette niche fiscale n’a servi qu’à augmenter un peu plus les profits et les dividendes des actionnaires et cela n’a permis en aucun cas de créer des emplois durables, quant à son utilisation sur le renouvellement des outils de production, il reste très faible. C’est pourquoi ce dernier n’a pas permis d’une part d’endiguer le chômage mais a surtout permis le développement du chômage petit-à-petit.
C’est une fuite d’eau qui coule, on a trouvé les causes, mais le gouvernement souhaite absolument continuer dans le modèle de Gerhard Schröder avec les lois Hartz (I à IV). Peter Hartz est DRH chez Wolkswagen. Il a démissionné le 10 juillet 2005 du gouvernement à la suite d’une affaire de corruption. Ainsi, la compression des salaires s’est justifiée par le pacte de responsabilité censé comme le dit le patronat créer à terme 1 million d’emplois. Il est d’ailleurs la copie conforme du pacte de confiance que le MEDEF avait mis en avant.
Pourtant près de six mois après le vote de la loi, le chômage continue d’augmenter. Il y a le feu à la maison, comme on pourrait affirmer. Ce qui empêchait le chômage d’augmenter, le libère de manière plus importante que prévue par les néolibéraux. Le piège néolibéral dans lequel le gouvernement se retrouve confronté se referme, il est prisonnier dans la cage de libéralisme à tout va. Il n’a d’autre solution aujourd’hui s’il veut continuer la politique qu’il mène actuellement aujourd’hui, de continuer toujours plus à droite.
La loi Macron portant sur la libéralisation du travail ainsi que la mise au régime au sec du Code du travail suit la logique du libre marché. En effet, leur liberté s’accorde sur une relation assez extraordinaire jamais démontrée pour le moment. Le code du travail serait un frein à l’économie et particulièrement à la demande. Il existerait donc une relation une relation entre la taille de ce code et le chômage, pourtant ce dernier n’a jamais été démontré par un économiste.
Ainsi, cela permet de rester sur un dogme pour s’attaquer au travail le dimanche, mettre fin des 35h00, accentuer la dérèglementation de certaines professions, etc. Cela constitue le nouveau cheval de bataille du nouveau ministre de l’Économie. Emmanuel Macron est autre qu’un ancien banquier, autant dire qu’il ne connaît pas grande chose à la condition des travailleurs et au travail. C’est une grande régression pour la République Française qui se retrouve projetée plusieurs siècles en arrière.
Le travail du dimanche

Le travail du Dimanche est considéré par les néolibéraux comme un levier économique pour créer des emplois. Or si, aujourd’hui, le travail du dimanche existe, c’est pour certaines branches (sécurité, santé, etc.) une obligation, pour les petits commerçants, une tradition très ancienne et pour les magasins de bricolages grâce à une campagne patronale, ainsi que les magasins situés dans certaines zones touristiques.
La campagne patronale « Yes Week End » lancée par le patronat a été reprise par certains salariés dans le secteur du bricolage. “Les bricoleurs du dimanche” ont été payés par le patronat pour deux motifs essentiels, d’une part empêcher de demander des hausses de salaire et d’autre part généraliser le travail du dimanche. Mais à suivre leur logique, ces travailleurs jaunes auraient été capables de demander une baisse des cotisations sociales pour que les salaires augmentent au nom du pouvoir d’achat.
L’enjeu de cette mobilisation était la suppression de l’interdiction du travail le dimanche, c’est-à-dire la Loi du 13 juillet 1906 établissant le repos hebdomadaire en faveur des employés et ouvriers.
Le gouvernement face à la pression du patronat, a décidé de reculer et d’ouvrir une exception de plus sur le travail du dimanche. Or, ce qui intéresse les personnes de travailler le dimanche, c’est uniquement le fait que les heures soit majorés. La majoration dépend entre autres des conventions collectives (créées par le PCF), toutefois, il existe des exceptions. Ces dernières peuvent être différentes d’une branche à une autre. Pour ma part, je touche 40 % en plus. Pourtant, sur des mesures, les exceptions existent, mais quand ces dernières sont majoritaires, les majorations n’auraient effectivement plus de sens, diminuant par ailleurs encore une fois de plus le salaire des travailleurs.
Sur le plan de la masse salariale, la demande répond à l’offre, ainsi, il ne suffit pas d’obliger des personnes à travailler pour que le dimanche soit effectivement générateur d’emplois. L’offre ne crée pas la demande. D’autant que le demande se doit d’être supérieure à la normale du fait de la majoration des heures si on veut que le dimanche soit effectivement rentable pour l’entrepreneur.
Or, le pouvoirs d’achat des ménages n’évolue pas vers le haut mais plutôt vers le bas ces dernières années. Par conséquent ce qui est consommé le dimanche, ne le sera pas le reste de la semaine. Or comme le dit sans cesse le patronat le travail coûte cher par conséquent les heures majorées seront vécues par ces derniers comme un surcoût du travail. C’est pour cette raison que le patron de Carrefour est fortement opposé à la libéralisation du dimanche dans le domaine de la grande distribution. Bon, il n’est pas si différent des autres puisqu’il juge plus utile une ouverture plus tardive des magasins de manière générale.
D’après l’INSEE, 6,4 millions de personnes travaillent le dimanche, soit plus du quart de la population active, ce qui peut-être divisé de la manière suivante : 3,4 millions de manière régulière et 4 millions de manière occasionnelle.
L’UPA (petits commerçants et artisans) et la CGPME ont été également favorables au maintien du repos dominical et opposé à l’extension du travail dominical et redoutent : “la destruction d’emplois pérennes ; le développement de situations précaires et de fortes inégalités salariales ; une obligation pour le commerce indépendant d’augmenter ses prix le rendant ainsi moins compétitif”. Pour la CGPME, elle a retourné sa veste puisqu’elle y est favorable avec le MEDEF.
Et pour cause tout le monde sait très bien que les petits commerçants ne sont pas favorables à la généralisation de cette ouverture puisque cela va faire fermer leur boutique au profit des grandes entreprises. Le passage 5 à 12 aura des conséquences néfastes sur les emplois, et augmentera le chômage. C’est la modernité de ce que réclamait le ministre de l’Économie en réponse à Pierre Laurent : les licenciements et la suppression des petits commerces.
De son temps Gilles Servat chantait les prolétaires et il y décrivait ceci : “et toi, petit commerçant, tu mourras d’la TVA. Mais si on aide ces gens-là, la bombe, comment on la fera ? Le petit commerce doit mourir, il est pas rentable. Va t’en au supermarché,les prix seront plus supportables. Mais de tous ces commerçants, qu’est-ce qu’on va en faire ? Mais de tous ces commerçants, qu’est-ce qu’on va en faire ?“. Il avait raison de se poser des questions de fond. Qu’est-ce qu’on fera des petits-commerçants qui se retrouveront au chômage à cause des lois de droite?
Le travail de Nuit
On ne pourra pas passer sur cette question, puisque la réforme prévoit également que le travail de nuit soit amplifié. Pourtant, travailler de nuit ou en horaire décalé fait aussi vieillir le cerveau plus vite d’après une étude franco-britannique publiée dans la revue médicale Occupational and Environmental Medicine. Il y a donc des conséquences réelles sur le corps humain, aucune indemnisation ne pourra réparer les dommages causés par le travail de nuit, la majoration de ce fait devient clairement ridicule. En effet, le vieillissement accéléré du cerveau doit être considéré comme une maladie professionnelle et être attribué à toutes les personnes qui travaillent de nuit.
L’argument patronale principale se fonde sur les lieux touristiques. Ainsi, les patrons réussissent à s’appuyer sur les touristes pour faire avaler les couleuvres.
Les supermarchés sont également dans le viseur néolibéral afin que les personnes notamment les sous-cadres et cadres puissent y faire leurs courses dans la soirée. Or, le patronat et l’ensemble des mouvements néolibéraux se fondent sur la majoration, qui est une motivation pour certaines personnes afin de survivre. Ce n’est par choix pour la plus, c’est par obligation. En effet, la pauvreté rampante de la société française est prête à se sacrifier pour pouvoir gagner quelques euros de plus par heure. Puis, dans Paris, puisque le problème est posé ainsi, le problème des transports de nuit pour relier la banlieue est également posé, comme dans n’importe quelle ville de province.
De ce fait, la loi Macron y prévoyait une “simplification”, mais c’est plus une casse des droits actuels qu’autre chose, la “simplification” dans le langage néolibéral admet l’idée de flexibilité et d’augmentation des droits patronaux.
La fin des 35h00
Les 35h00 correspondent à une journée de 7h00 par jour sur cinq jours sans compter les pauses qui y sont d’une demie-heure tous les 6h00 de travail. La loi de Martine Aubry largement critiquée par les économistes du XIXème siècle pour ne pas dire néoclassique a permis de créer près de 2 millions d’emplois. Alors que le patronat et les néolibéraux pensent que les 35h00 aspirent la société vers le bas et en augmentent le chômage. Ils se confrontent face à la vérité des chiffres. Les néolibéraux souhaitent revenir à 40 voir 45h00 hebdomadaire pour pallier à la mauvaise foi qui gangrène leur argumentation. Il s’agirait d’augmenter la productivité des travailleurs.
La France possède l’une des meilleures productivités du monde quoi qu’on en pense. La France est un pays où l’on travaille environ 1 585 heures par personne et par an (moyenne mondiale de 1 902 heures). Ceci n’affecte en rien, bien au contraire, sa compétitivité. Au contraire, cela le propulse vers le haut. Lorsqu’un Américain a un bénéfice net de 24,60 $ par heure travaillée, le Français génère en moyenne 25,10 $.
Mais cela causerait en terme de perte de salaire en 12 à 23 %, mais aussi cela permettrait d’augmenter les licenciements de masse. En effet, une personne sur 6-7 pourrait être mise à la porte. Puisque le travail pourrait être fait par autrui. On peut penser que le chômage augmentera de manière frénétique pour atteindre les chiffres grecs ou espagnols.
D’autant que si la production augmente à nouveau, il n’est pas certains que la consommation augmente autant ce qui crée par ailleurs, une surproduction et par ailleurs, une nouvelle crise. Lorsque le pouvoir d’achat baisse, que l’inflation augmente (l’inflation permet de tuer les rentiers) et que les salaires sont gelés alors la consommation baisse. Le changement du temps de travail permettra entre autres une baisse généralisée de la consommation avec les conséquences sur le travail qui s’y accompagnent.
Barbara Romagnan (député PS) dans le quotidien de l’Humanité (11/12) a confirmé que : “Les 35 heures n’ont pas été un verrou mais, au contraire, une souplesse. Prenez l’annualisation du temps de travail, elle a été une opportunité de limiter les heures supplémentaires: ainsi des entreprises peuvent faire une moyenne de 35 heures, avec une semaine à 30 heures, suivie d’une semaine à 40, selon les besoins, sans que le patron ait à payer 5 heures supplémentaires“, ajoutant ainsi “deux millions d’emplois ont été créés entre 1997 et 2002. Alors que sur la période 1987- 1997, “seulement” 3 millions d’emplois ont été créés.”
Une déréglementation qui sent le roussi
Les métiers réglementés comme les pharmaciens, les notaires, les avocats vont être déréglementés. Nous assistons à la libéralisation du droit. Au total, ce sont une trentaine de métiers qui vont être mis à mal par la logique néoclassique … liberté économique, liberté économique, liberté économique. Le matraquage médiatique nous fait oublier qu’au bout de la liberté économique se retrouve des positions assez radicales comme le soutien à certaines dictatures. Milton Friedman, tout comme Friedrich Hayek était un allié objectif de Pinochet. Ce dernier avait affirmé que : “Je dirai que, comme institutions pour le long terme, je suis complètement contre les dictatures. Mais une dictature peut être un système nécessaire pour une période transitoire. Parfois il est nécessaire pour un pays d’avoir, pour un temps, une forme ou une autre de pouvoir dictatorial. […] Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme. Mon impression personnelle est que […] au Chili par exemple, nous assisterons à la transition d’un gouvernement dictatorial vers un gouvernement libéral”. Quand on ouvre la boite de Pandore réelle du néolibéralisme, la dictature n’est jamais loin.
La Garde des Seaux dans une tribune du Monde a rassuré les personnes qui travailleurs dans l’univers du droit : “Je n’ai plus à énoncer ma conviction que le droit n’est pas une marchandise, que ces professions exercent des missions déléguées par la puissance publique, qu’à ce titre elles doivent être encadrées“. Or, sa tribune ne peut passer inaperçue, en effet, il y a une bataille entre Christine Taubira et l’ancien Banquier d’Affaire de la finance internationale. Selon la Ministre de la Justice, il faut “renforcer l’indépendance de la justice, assurer sa proximité, son accessibilité, son efficacité, son intelligibilité”.
Sur la question des pharmacies, encore une fois, le gouvernement joue avec la vie des citoyens, puisque ces derniers seront en vente dans des grandes surfaces. Encore une fois, on oppose la grande distribution à une sphère d’activité, mais cela se traduira aussi par la suppression de la pharmacie de garde et de nuit. La mise en concurrence avec les pharmacies ne profitera qu’à la grande distribution qui verra encore ses bénéfices augmentés et les dividendes de ses actionnaires. Sur les médicaments en vente libre, il faut s’attendre à des overdoses. L’absence de conseil créera nécessairement une vision obscurantiste sur les médicaments. Certains médicaments se retrouveront aux libres accès de tous, c’est bien un problème.
Aussi la dérèglementation du code du travail s’affirme comme un outil simple, mais qui risque par ailleurs de créer d’autres problématiques. La suppression de la première visite médicale de la médecine du travail ainsi que le fait que la médecine du travail devient tout simplement non-obligatoire accentueront un peu plus la pression sur les travailleurs. Les profits sont placés au-dessus de la santé du travailleur. On pourra aussi dire que les inspecteurs du travail sont en crise, puisque leur métier disparaisse progressivement laissant le libre-champ aux chefs d’entreprise d’appliquer comme bon leur semble le code du travail.
Pour conclure, le communiste et ancien communard, Renaud Jean lançait à la bourgeoisie assis dans la chambre des députés : “la patrie pour vous, c’est le dividende”.