De la plainte “des ailes pour la l’ouest” pour atteinte à la liberté d’entreprendre au risque de cru aggravé de la Loire
Quand l’entrepreneur Alain Mustière s’en est pris encore une fois aux opposants du projet de l’aéroport grand de Vinci sous le format d’un Partenariat Privé Public à hauteur de plusieurs milliards voire dizaines de milliards d’euros. En effet, ce représentant du lobby patronal et des actionnaires dénonce en vain des menaces contre les entreprises susceptibles de décrocher des contrats dans le cadre des appels d’offres de l’état.
Il a affirmé à la presse que “ces lettres anonymes mettent en danger la vie des entreprises. Elles vont même plus loin en pensant que travailler avec Vinci, qui porte ce projet, est condamnable. On ne peut tolérer cela”. L’association a aussi porté plainte pour le motif d’atteinte à la liberté d’entreprendre (concept néolibéral qui n’existe pas en réalité).
Dans le même temps, le Premier Ministre Manuel Valls n’avait pas hésité, il y a quelques semaines à soutenir de manière ferme ce projet d’une grande absurdité :
La détermination de l’État [NDLR : de l’état bourgeois et des représentants favorables au projet dont certains membres du PCF] à voir ce projet réalisé reste intacte. Pour autant, et conformément aux engagements pris par le gouvernement, les travaux ne s’engageront qu’une fois les recours contre le projet jugés.
Or, précisément, il ne reste qu’à comprendre la plume autoritaire de celui qui crèche à Matignon. En effet, les engagements du gouvernement font acte d’autorité mais aussi de menace contre ceux qui s’y opposent depuis plus de 40 ans. Et pour cause, la dernière phrase laisse sous-entendre que quoi qu’il advienne des décisions de justice qu’elles soit pénales, administratives, constitutionnelles ou européennes, le projet passerait en force. Cette force se fait actuellement entendre sur le terrain par des occupations militaires dont encore une fois, il faut le souligner c’est le travailleur qui paye cela par ses impôts. La violence des mots ne choquent que les esprits qui fonctionnent à géométrie variable. En fait, c’est le symptôme de la lutte des classes qui réapparait. Le sous-prolétariat défend les grands projets patronaux, on l’a bien vu, alors que concrètement ces projets mégalomanes n’ont pas d’avenir dans l’aménagement du territoire. Ils se font par ailleurs par un système de légitimation totalement abstrait et dépassé. Je le disais pour Sivens, mais il est de même pour Notre Dame Des Landes ou encore Roybon (pour un center parc):
Ensuite, la république n’est pas la même pour tous, certains y voient une république bourgeoise où l’intérêt général est au service de quelques intérêts particuliers. Dans le cadre de l’affaire du barrage de Sivens mis en avant à travers une fausse procédure de légitimité qui aboutit à la DUP peu importe les positions des citoyens (voir l’affaire de Plogoff), cette République sert de domination des intérêts bourgeois sur les intérêts communs.
Concrètement, ces lettres si violentes qu’elles soient incarnent la prévention pour les entreprises qui souhaiteraient travailler sur ce projet. Les sabotages existent bel et bien, mais que peut-on dire de ces entreprises aussi qui acceptent des marchés dont leur motif est souvent illégal au regard de l’ensemble d’un corpus législatif et réglementaire, infra et supranational. La bourgeoisie se sent surprise et outrée de ce genre de mail envoyé, pour lequel elle voit des menaces :
Si nous vous faisons parvenir ce courrier, c’est dans la louable intention de vous mettre en garde des risques encourus par l’entreprise qui décrochera ce marché. Vous ignorez peut-être les pertes dont les autres entreprises liées à ce projet furent précédemment l’objet. Celles qui ont travaillé sur le terrain, à la ZAD, furent confrontées à de multiples interruptions de travail, dégradations, harcèlements téléphoniques.
Les pertes et dégâts matériels infligés sont à anticiper car ils ont de graves conséquences économiques et ne se limitent pas au périmètre de la ZAD. Chaque local, siège social, où qu’il soit, est une cible potentielle. Sans parler de la mise à mal de l’image de marque des entreprises concernées. Certaines ont renoncé à leur contrat. Les travaux sur place sont au point mort.
[…] Le second intitulé « Démarches à suivre pour les interventions sur le terrain », a été dérobé à Aquabio. L’arsenal de procédures préventives qui y sont décrites n’a en rien empêché ces derniers d’essuyer de multiples incidents jusqu’à renoncer au contrat.
On peut y voir d’autres images plus claires que révèlent France-Info, pour autant elles reflètent bien ce qu’il se passe sur ce dossier, et la cristallisation des débats. Pour autant, est-ce une menace ou la réalité des sabotages. La soumission à l’autorité est un problème majeur et relève par ailleurs de la sociologie et de la psychologie. L’expérience de Milgram en a démontré des effets assez impressionnants. Quant au passage en force des principaux protagonistes de ce projet du siècle dernier on en est arrivé-là :
Pour les capitalistes les dégâts matériels importent plus que les dégâts physiques. Ce que le travailleur a détruit de ses propres mains, le travailleur pourra le reconstruire car il a la connaissance de son propre métier, ce n’est pas le cas du patronat dont le métier consiste à écraser de plus en plus les salaires. Si Vinci vendaient des pommes, ce serait la même chose, car la logique de ces personnes c’est la recherche du bénéfice et du profit à tout prix et par tout moyen.
Pourtant, ces gens-là, n’en n’ont rien à faire de la catastrophe humaine qu’ils préparent lentement. En effet comme vous avez pu le constater dans le Sud de la France, les intempéries provoquent de sérieux dégâts matériels importants parfois des vies. Ces drames humains sont uniquement les conséquences de l’Homme, en effet la bétonisation à tout va permet de transformer la nature des catastrophes. L’impacte de l’homme déforme son environnement au point qu’il n’en a plus du tout le contrôle au moindre évènement extraordinaire (qui n’est pas ordinaire).
Ainsi, il n’a pas su prévenir la question de l’écoulement de l’eau pendant les crues des différents fleuves. Cette question se pose évidemment.
France Nature environnement déclarait que l’aéroport amènerait à la “disparition de plus de 1 500 hectares de zones humides de tête de bassins versants”. Qu’est-ce qu’un Bassin Versant ? Un bassin versant est un territoire qui draine l’ensemble de ses eaux vers un exutoire commun, cours d’eau ou mer. Autrement dit, c’est autant de possibilités d’inondation pour l’aéroport en lui-même mais aussi autant de conséquences pour les habitations qui seront construites autour de l’aéroport.
Ensuite, il faut se poser la question des constructions que cela va attirer environ 100 000 ou plus directement autour de l’aéroport contre 50 000 à l’aéroport Nantes-Atlantique. Le ruissellement de l’eau va s’accélérer et ce n’est pas un point à prendre à la légère. En effet, pour rappel la Bretagne est une des régions de France qui subit fortement les intempéries. Le 10 février 2014, trois départements sont classés en vigilance rouge pour prévenir : des pluies torrentielles, marées fortes, des tempêtes et des crues. Ainsi en bétonnant un peu plus on aggrave encore plus ce risque.
Quelle conséquence pour les assurances, pour les particuliers, quels dégâts financiers cela va-t-il avoir ? Cela pour les assurances se soldera par une augmentation pour chaque particulier, en prévention des risques que la zone constitue, pour les particuliers cela constituera entre autre la perte régulière de leur bien sous les eaux et la perte de tout une vie sous les emprunts. Mais cela pourrait aussi avoir des conséquence tant en amont qu’en aval de Nantes. N’est-ce pas la plus grande menace que les promoteurs font subir à leur ville et leurs habitants ? Encore une fois, les menaces sont à géométrie variable. Le maire de la Faute-sur-Mer subit un procès dans ce sens-là, est-ce que les partisans du projet sont prêts à prendre sa place pour les même motifs? J’en doute.
L’argumentation des vols à faible altitude est tout à fait mauvaise. Le 25 juillet 2000, le Concorde opérant le vol 4590 d’Air France s’écrase sur un hôtel à Gonesse 1 minute 20 après son décollage en pleine banlieue parisienne. Les autorités et l’état n’ont pas déplacé Orly ni Roissy-Charles De Gaulle. Ils ont même agrandi l’aéroport de Roissy-Charles De Gaulle. On peut dire que cet argument est tout à fait mauvais, voire totalement infondé, des risque dans l’aviation, il y en aura toujours, cela n’est pas une nouveauté. C’est surtout dans un climat encore une fois sensationnaliste que les promoteurs font leur propagande. “Avec des si”, on refait le monde, mais on ne le fait pas du tout avancer.