La liberté d’entreprendre, la concurrence libre et non faussée, le libre marché : des dogmes
Dans l’économie néoclassique, la liberté d’entreprendre, la concurrence libre et non faussée, le libre marché etc., sont avant tout des dogmes et ne représentent pas la réalité. Il s’agit d’une croyance économique pour mettre en compétition tout et n’importe quoi. Si ma position ne peut échapper à personne, il me semble que la remise en cause de cela n’est pas nouveau puisque Engels l’affirme dans le Capital en reprenant les manuscrits de Marx qui y affirmait la même chose.
Surproduction chronique générale, prix en baisse, profits en baisse, et même tout à faits nuls ; bref la célèbre liberté de concurrence est au bout de son latin et doit annoncer elle-même son évidence et scandaleuse faillite.
Le Capital, Livre III
Si nos deux époques ne sont pas différentes, il y a donc un lien entre les deux époques notamment sur le plan de l’économie. C’est ce que je vais essayer de mettre en avant à travers l’idée de la création d’une entreprise automobile, tout en gardant la logique de l’économie néoclassique, puisque sinon cela n’aurait pas de sens d’essayer de développer cela.
Prenons un exemple concret pour approfondir l’analyse, prenons l’idée d’une création d’entreprise dans l’automobile. En effet, au nom de la liberté d’entreprendre, j’ai une idée de mettre en place des voitures avec des batteries dont la distance dépasse les 1 000 kms, une innovation qui me permet entre autre de me lancer dans l’ouverture d’une usine et d’un siège social. Pour cela, je dois avoir recours au crédit auprès d’une banque, dans le commerce, l’accès au crédit se doit être facilité. Mais, un problème majeur se pose dans le lien entre les entreprises et les banques sur le plan des actions que cette dernière peut posséder. Si la banque doit absolument m’accorder un crédit à la hauteur de mon projet, la question de la spéculation des actions des entreprises du secteur automobile par l’entrée dans le marché se fera. En effet, les bénéfices que je mettrais en place se feront forcément au détriment de ces entreprises, vu qu’elles ont des monopoles. Or, si la question du crédit va avec la question du commerce, cela se fera dans un cadre où le taux de profit se devra d’être fixé par la Banque. Si ce raisonnement peut paraitre juste, mon offre devra être adaptée à la demande afin d’éviter la surproduction. Or, on ne produit pas dans le vide, mais en raison d’une demande. Sans demande, l’offre est en surproduction, du coup le niveau de l’offre doit s’équilibrer avec la demande avec une baisse de manière drastique. Ce qui permet de voir des profits en baisse, c’est d’ailleurs exactement ce qu’affirme Karl Marx.
En effet, beaucoup de personnes pensent que l’on crée une entreprise pour créer une entreprise. C’est d’ailleurs la logique même de l’offre. Il convient de faire avant tout un lancement de projet, une étude de marché afin de connaitre la réelle demande et non la spéculer ou la créer. D’autant que dans une période comme celle que nous connaissons le pouvoir d’achat baisse, la demande baisse également. Les citoyens ne sont pas fous, ils agissent en fonction de la situation actuelle. Une situation comme celle-là effraie le consommateur. Il va privilégier la solution de l’économie ou du placement sur des comptes qui rapportent au lieu d’investir ces sommes-là dans l’économie réelle. Ainsi, je ne pourrais pas envisager une offre vers les classes populaires ou moyennes. Qu’en est-il de la bourgeoisie ? Effectivement, elle possède de plus en plus d’argent, la dépression capitaliste favorise une seule classe, ils s’enrichissent de plus en plus. Mais ma voiture électrique répondra-t-elle forcément à leur demande ? A moins de faire de grosses Berlines.
Aux États-Unis d’Amérique, il existe une entreprise qui se nomme Tesla Motors. Je pourrais me dire que s’ils ont réussi à mettre en avant leur projet, le mien peut-être viable. Le prix varie entre 80 000 et 100 000 euros. Il faudra donc que je mette un prix légèrement supérieur vu que mes batteries tiennent deux fois plus longtemps en termes de distance et donc de temps. Pour autant, vu qu’elles fonctionnent à l’électricité, il se pose encore un autre problème, celui de la production électrique. En effet, compte tenu de ce critère je ne pourrais pas vendre qu’un nombre limité de voiture à moins que les profits me servent à créer un lobbying en vu de la création d’une nouvelle centrale nucléaire si possible à énergie renouvelable avec le vent, l’eau ou encore le soleil. Cette limite ne sera pas prise en compte dans la conception de mon entreprise.
La demande spéculative qui est créée par celui qui fait l’offre par l’intermédiaire de la publicité ne peut être que ponctuelle et n’a pas d’avenir à long terme. Ainsi les pics de production au vu de cette demande spéculative nécessitent une main d’œuvre temporaire et jetable afin d’être adaptés à la demande et donc des contrats précaires en durée déterminée.
En effet, comme la demande est une création de ceux qui disposent de l’offre alors il n’y a pas de vision à long terme, d’autant que nous évoluons dans une logique de court terme comme le démontre le benchmarking. De plus le coût du capital se décomposant en dividendes et au niveau de l’emprunt à rembourser, ma banque m’oblige à générer le maximum de profit avec des méthodes les plus compliqués possibles et parfois passant de toute logique éthique comme la demande de subvention pour faire augmenter mon profit.
Mais, cela parait impossible. Les banques ne prêtent plus, elles préfèrent jouer sur les marchés financiers afin d’en tirer la rente la plus grande, la demande est inexistante, la concurrence est faussée et n’est pas libre, la libre-circulation des marchandises obligerait des sociétés concurrentes comme Tesla Motors à exporter pour empêcher tout développement de l’entreprise. Le gros mange le petit, c’est une forme de concurrence qui existe partout. Les gros producteurs aspirent les petits producteurs, les hypermarchés détruisent les petits commerces. La liberté d’entreprendre est un mythe, puisque entreprendre demande certes du courage, mais le vouloir et la réalité, il y a un fossé qui sépare les deux. Le déséquilibre entre les deux est réel. Les libéraux donnent de l’espoir à des gens qui montent leur entreprise alors que le projet est voué à la faillite. C’est en période de crise que les attaques les plus importantes sur ces sujets se font, mais aussi dans ces périodes de crise que nous voyons nécessairement que leur vision ne fonctionne pas, qu’elle appartient à une logique dogmatique, comme à une croyance. Entre la volonté de croire à ceci et la réalité, un énorme mur sépare les deux. Ce mur, il n’a pas de dimension, car on ne peut le franchir.
Au final, ce sont les mêmes qui tirent les ficelles, les mêmes qui s’enrichissent et au bout ce sont toujours les travailleurs qui subissent les politiques totalement absurdes d’une économie qui n’a ni queue ni tête.