Le patronat ira-t-il manifester ?

pierre-gattaz-afpAlors que les aides aux entreprises n’ont jamais été aussi élevées, près de 270 Mds d’euros cette année grâce au CICE et au pacte de responsabilité, le patronat a pour ferme intention de descendre dans la rue afin de manifester “sa colère” contre la politique fiscale du gouvernement.

Ces aides ne sont pas productives et ne permettent pas de relancer la machine. Ce dispositif coûte cher, il est équivalent au Budget de l’état qui est quant à lui de 278.9 Mds d’euros pour 2015. La France est le pays le plus productif à l’heure par personne, mais rien n’y fait. La Machine France s’arrête progressivement car tout est aspiré pour la finance, comme les aides aux entreprises. 1 € du CIR (Crédit d’Impôt Recherche) donné aux grandes entreprises représente 7 Cts d’investissement en recherche et développement (R&D), les 93 cts autres vont directement dans la poche des actionnaires. L’argent public est directement transformé en profit sans une utilisation fixée par le cadre légale, c’est ce que l’on appelle communément un cadeau, vu qu’il n’y a aucune contrepartie. Il s’agit de la même chose du CICE, puisque celui-ci a gonflé les profits et dans certains cas aboutit à des licenciements comme Auchan.

Ainsi, le coût du capital montre bien sa vision à détruire toute compétitivité dans les entreprises puisque il privilégie les actionnaires à l’investissement et aux travailleurs. La place des actionnaires prend une place tellement importante qu’elle en étouffe toute logique de l’entreprise. Si effectivement, la base d’une entreprise est de faire des profits, son objectif est de se développer, se rénover et d’être innovante.

Pour ma part, j’encourage le patronat à descendre dans la rue, en effet il y a une belle démonstration à faire dans ces périodes où ils licencient pour reformer l’armée de réserve du capital pour augmenter les profits et accélérer la cadence de production. Ces licenciements créent nécessairement un effet boule de neige, le secteur de l’industrie en a démontré la portée, puisque de nombreux emplois sont soutenus les uns, les autres. Mais dans une politique de “l’offre”, tout est fait pour privilégier davantage le coût du capital que l’investissement, puisque dans la logique néolibérale  l’entreprise crée de l’emploi en y créant une demande. On pourrait résumer leur vision par ces mots “l’offre crée la demande”. Par cette vision obsolète de l’économie, Pierre Gattaz est dépassé dans le temps. Ainsi, le système social est vu par ces personnes comme une machine à empêcher le développement des entreprises. On est très loin de la théorie principale de l’économie libérale de “l’offre et la demande”, tous les mécanismes de Pierre Gattaz empêchent la demande, et donc génère la faillite des entreprises.

Ce ne sont pas les entreprises qui sont chargées d’impôts, de taxes, etc. Si les petites entreprises peuvent le ressentir, c’est entre autre parce que tous les leviers public pour dynamiser  l’économie sont en train de sauter, mais aussi parce que la demande est très faible. Dans cette période de crise systémique, les citoyens n’ont pas confiance dans la reprise et n’y croient pas, du coup ils économisent pour prévenir l’avenir. Ce qui est économisé ne favorise pas la consommation, bien au contraire, cela la rétracte. On pourrait aussi parler de la question de la déflation, puisque ce n’est qu’une conséquence comme une autre de l’austérité. Le cheval de troie commence. Ensuite, la question de la consommation devrait porter sur des objets durables dans le cadre de la protection des ressources naturelles quitte à ce qu’ils coûtent plus cher mais durent plus longtemps, ce qui fait sur le long terme qu’ils seront moins chers.

Mais, il y a une différence d’analyse que je porte et celle du patron du MEDEF, le pauvre gagne plus que moi en une journée. Il affirmait dans le journal ultralibéral l’Opinion :  “ Ce n’est pas dans la culture des chefs d’entreprise de défiler dans la rue avec des banderoles “. Leurs habitudes sont de licencier les travailleurs et de les considérer comme des kleenex, c’est-à-dire à usage unique.

Pierre Gattaz croit que l’entreprise ne peut se passer d’un patron et que de fait, une entreprise sans patron s’arrête subitement lorsque celui-ci ira manifester avec ses amis de la finance pour plus de profit, pour plus de dividendes pour les actionnaires, pour plus de niches fiscales, des salaires toujours plus bas, des cotisations sociales toujours plus faibles, toujours moins de taxes ou d’impôts. C’est la vision d’un monde où toute une partie de la société est aspirée par le bas. Dans la logique également du patronat, il est responsable de la richesse créée au sein de son entreprise c’est-à-dire la valeur ajoutée, du coup, les usines et les entreprises devront dès lors s’arrêter puisque c’est lui qui est responsable de cela. Ainsi, Pierre Gattaz est attendu à battre le pavé de pieds fermes. Toutefois je ne m’en fais pas, sa garde personnelle sera présente armée en bouclier, protection, mais cela ne sera pas payé par les fonds du MEDEF, mais bien par les fonds de l’état. La Police est bel et bien en ce moment la milice du capital et du patronat.

Or, une entreprise ne fonctionne pas avec sa hiérarchie, mais avec ses travailleurs puisque ce sont les travailleurs qui font la richesse d’une entreprise. Lorsqu’une entreprise du BTP construit un immeuble et le vend, c’est bien le résultat de ses travailleurs, lorsqu’une du secteur automobile fabrique des voitures et les vend, c’est bien le résultat des travailleurs. Si le patronat fait des bénéfices, c’est uniquement grâce au travail et au droit de propriété qu’il a vis-à-vis des moyens de production qui peuvent être très variables.

Ainsi, j’incite Pierre Gattaz à aller dans la rue faire le clown, mais que lui et ses amis sachent que les usines risquent de s’arrêter à tout moment. Les travailleurs travaillent, le patronat récolte le fruit du travail grâce à ces titres de propriété concernant les moyens de production. Mais oui, si les entreprises peuvent se passer de leur patronat alors ce sera une bonne chose pour l’entreprise, des centaines de milliers d’euro économisés et de l’investissement concret. Le patronat n’a pas d’avenir, n’a aucune vision d’avenir, vu qu’il n’arrive pas à voir plus loin que sur trois mois. C’est joué d’avance.

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