La mort de Rémi Fraisse : entre dégoût et révolte
La répression policière et militaire sur la zone suit une logique crescendo, le rapport de force est passé effectivement par là. Les agriculteurs de la FDSEA (grand exploitant agricole) en seront d’ailleurs les seuls bénéficiaires, ainsi c’est l’agriculture intensive qui permet une telle répression, mais il y a un mort. Rémi Fraisse est mort sous les grenades explosives.
C’est aussi, ces mêmes agriculteurs qui soutiennent ce projet insensé. Ils sont bien isolés à ce sujet. D’autant qu’il s’agit de rappeler que les barrages hydroélectriques en France dans le cadre de la loi sur la transition écologique seront privatisés pour le plus grand bien des actionnaires et des intérêts privés. Cela sous-entend que les barrages ne seront plus sous la responsabilité de l’état mais des intérêts privés, ils feront alors la pluie et le beau temps quand ils le veulent selon leurs intérêts le rendement que ça apportera aux actionnaires.
En effet, ce Week-end un festival avait lieu pour y réunir des citoyens diverss afin de faire pression sur le Conseil Général du Tarn. Aussi, pour ma part, il n’est pas question d’opposer les activistes aux manifestants pacifiques qui ont le même objectif, mais avec des méthodes différentes. La complémentarité de ces moyens dans la lutte permet entre autre de multiplier et diversifier les actions et donc de toucher les points qui font mal. Critiquer la violence est quelque chose de tout à fait négatif puisque cela oppose les personnes qui sont l’avant-garde de la lutte. Ils font partie intégrante du processus révolutionnaire, puisque derrière une lutte contre le barrage, c’est aussi une lutte pour un nouveau monde, une autre manière de vivre. C’est ainsi que je critique de toute ma force le message que Jean-Luc Mélenchon avait posté sur sa page essayant de diviser les deux. C’est une vision petite-bourgeoise car dans tout mouvement révolutionnaire, il y a une partie qui va vers l’affrontement, les critiques qu’il a subies sont forcément justifiées.
Des affrontements ont eu lieu sur une partie de la Zone à Défendre, entre les activistes qui défendent le barrage et les forces répressives. Si la répression contre tous les manifestants est une règle d’or, il n’en reste pas moins qu’avec la répression continue contre les luttes écologiques, il devait y avoir tôt ou tard un drame. Les blessés de la manifestation de Nantes en étaient un avertissement, les gendarmes et les CRS (qui ne défendent pas la République mais bien la Bourgeoisie) n’ont pas de limite quand ils entrent en action. Dans une période d’austérité et d’attaque ultralibérale, la répression de l’état bourgeois ne cesse d’augmenter contre les citoyens pour défendre les droits bourgeois et l’ordre bourgeois. Dans ce contexte assez particulier, on pourrait y voir aussi une vision assez fasciste dans sa manière de faire de la répression. Cette mort est aussi l’œuvre de violence policière assez régulière, environ douze personnes y meurent chaque année.
Les grenades offensives sont des armes contenant de la TNT dont les dégâts sont particulièrement importants. C’est son utilisation qui a emporté la vie de Rémi Fraisse. Bernard Cazeneuve qui est sous les feux de la polémique en a suspendu son utilisation mais il apporte son soutien le plus profond aux forces de l’ordre à qui il incombe la totale responsabilité de ce meurtre. La justice continue son travail, mais je crois que sur la question des sanctions vis-à-vis des gendarmes, ce travail sera sûrement absent, ce qui permet de supposer que le gendarme responsable de ce fait sera soit acquitté soit sera condamné avec une peine minimale.
Mais aussi, à travers les informations que nous recueillons petit à petit, la grenade offensive aurait été tirée volontairement sur lui, un signe qui ne trompe pas sur la volonté de créer une mutilation corporelle de la part des forces de l’ordre. Déjà à Notre Dame Des Landes, une grenade de dés-encerclement ou grenade assourdissante avait causé de nombreux blessés du fait des projections. Dans cette perspective, le rapport de force a particulièrement évolué au fil du temps, les forces de l’ordre n’hésitent plus à tuer ouvertement sans le moindre état d’âme. C’est une tâche indélébile pour le pouvoir de droite que représente le gouvernement de Manuel Valls. La Droite s’enfonce petit à petit dans un nouveau conflit, d’autant que le mandat n’est pas bon du tout et il n’est pas terminé.
Dans cette vision, il y a une colère qui s’installe de manière durable, les manifestations qui ont suivi mort de Rémi témoignent de la révolte qui s’installe, l’insurrection qui vient peut paraitre d’une certaine réalité. Cela boue profondément, cela me semble toutefois justifié, la lutte anticapitaliste et altermondialiste est grande, un homme ou une femme qui tombe, c’est une partie de la lutte qui s’effondre. Les ouvriers ne tombent plus dans les usines battus par les milices patronales comme la CFT ou la CSL (La Confédération Française du Travail et Confédération des Syndicats Libres), mais ils tombent dans des luttes écologistes. La défense des intérêts de la classe possédante nécessite toujours plus de violence, c’est la juste définition de ce qu’ils appellent le libéralisme, faible avec les forts, fort avec les faibles et très répressif. Les capitalistes poussent un peu plus le prolétariat et le sous-prolétariat à sortir du rang bien fermé, c’est une bonne chose.