La BCE baisse l’euro, mais il faut aller plus loin

Comme vous l’avez remarqué, l’euro baisse, 1$=1.25916€ (daté du 06/10/2014). Il s’agit d’une bonne nouvelle dans le cadre du rapport de force vis-à-vis de l’économie allemande et d’Angela Merkel. Pourtant au delà de ce signe, la BCE doit aller plus loin pour soutenir la croissance , augmenter les exportations, baisser le chômage et combattre de manière franche la déflation en ramenant tous les pays à une inflation raisonnable autours de 5 %. Les exportations pourraient augmenter de 1 à 2 % ainsi que la production de près de 0.8 %. En matière de gestion de l’inflation, la baisse des taux de la BCE permet de manière théorique de créer une inflation, ce qui n’est pas vraiment le cas puisque les politiques d’austérité sont en réalité des politiques déflationnistes.
Pourtant si la BCE est toujours proche des règles et de la doctrine de Bundesbank, force est de constater qu’elle s’éloigne petit à petit du dogme actuel tout en restant ultralibérale. Les différents traités européens ont permis de mettre en œuvre un ensemble de règles qui régit la BCE dont son indépendance, ce qui lui permet de ne rendre compte à personne.
La logique même du libéralisme outre-Rhin patine et s’enfonce dans de mauvais résultats. Enfermée dans sa doctrine et son dogme libéral que l’on pourrait qualifier de “jusqu’au boutiste”, la chancelière Allemande entre dans une grande phase de contradictions. On parle régulièrement des mouvements nationalo-populistes, mais on oublie de parler des mouvements ancrés dans un esprit de libéralisme national. Sa politique s’inscrit dans un certain nationalisme qui est mis de plus en plus en avant, créant ainsi une montée de la germanophobie dans les pays du Sud. En 2011, elle déclare qu’ “Il faudrait que dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, on ne parte pas à la retraite plus tôt qu’en Allemagne, que tous fassent un peu les mêmes efforts, c’est important“. Beaucoup de partis politiques dont l’opinion économique est néolibérale ou ultralibérale comme le parti politique français UMP se servent de la montée de la Germanophobie pour empêcher toutes critiques à l’égard de la politique d’Angela Merkel. Pourtant, elle plonge bien l’Europe dans une catastrophe économique, le modèle “allemand” est en réalité un leurre, un pure fantasme, très loin de la robustesse et de la force de la “Deutchland AG”.
Pour sortir de la crise économique, la BCE comme n’importe quelle banque centrale se doit d’être dépendante d’un parlement. Aujourd’hui, elle jouit d’une immunité entière. Son président actuel : Mario Draghi, n’a de fait aucun compte à rendre devant le parlement, le laissant faire la pluie et le beau temps. Pour plus de démocratie; il convient de créer une élection au sein du parlement ou à l’échelle européenne pour un mandat précis de 5 à 7 ans, le cadre de l’élection pourrait se faire dans un cadre bien précis.

De plus la BCE doit pouvoir changer la doctrine pour pouvoir relancer l’activité économique au sein de l’Union Européenne. Aujourd’hui elle sert des marchés financiers grâce à des prêts quasi nuls. Revenons de fait sur la dette qui est un point crucial dans le débat politique actuel. Est-ce normal que les banques privées et les marchés financiers organisent des emprunts supérieurs à celui de la BCE ? La différence entre l’emprunt de la banque et celui de la BCE correspond au gain réel et donc des profits réguliers des banques. Ainsi loin de constater que la BCE est au service de la finance, la finance, elle n’a aucun intérêt à ce que cela change et l’on comprend très clairement Angela Merkel qui veut voir ce modèle figé dans le marbre, puisque la BCE agit dans son sens.
Les marchés financiers ont aussi leurs outils pour la pluie et le beau temps sur les emprunts des pays, à travers les notes. Les agences de notation : Fitch Ratings, Moody’s, Standard & Poor’s sont détenus par la finance. De ce fait, plus une note est basse, plus le taux d’intérêt des états vis-à-vis du marché financier est élevé, mais le taux de la BCE, lui ne bouge pas quelque soit la note de la BCE. Ainsi les profits réels augmentent pour les marchés financiers. La BCE permet l’étouffement des états par leur dette publique. De plus, un cercle vicieux s’est produit au début de la crise: les états ont emprunté aux marchés financiers pour éviter la faillite des banques privées en les recapitalisant, faisant passer de fait une dette privée vers une dette publique. Ainsi la dette des états a particulièrement augmenté depuis 2007, alors que les banques ont été sauvées et ces mêmes banques en profitent pour faire payer aux états la dette publique qu’elles ont contractée à l’occasion des émissions de dette publique par les banques centrales nationales.
Par conséquent, la position de la BCE n’est pas logique puisque la BCE vient en aide aux banques, de plus les rachats de certains titres de dette sur les marchés de titrisation posent certaines questions évidentes. Ce marché avait été relancé par Michel Barnier, ancien commissaire européen chargé des services financiers pour relancer l’investissement et permettre le développement des grandes entreprises. En effet, il n’est pas logique que les banques soient titulaires des titres de dette, et de manière plus large c’est le marché financier.
Or, dans une rupture plus claire, la BCE doit pouvoir laisser les états emprunter sans l’intermédiaire du marché financier, mettant en avant actuellement un taux d’endettement quasiment nul (0.05 %), ce qui permet de remettre en avant les investissements publics de l’Etat permettant la création directe d’emplois. De plus les entreprises dans le cadre d’un grand projet et de création d’infrastructure sur le territoire, le tout dans un cadre précis et réglementé. C’est bel et bien une politique de New Deal qu’il faut mettre en avant et abandonner la logique Néoclassique (politique de l’offre) pour revenir à une logique Keynésienne (politique de la demande). En effet, si les organisations patronales et les différents commissaires nous parlent sans cesse de compétitivité, il conviendrait qu’elles soient mieux armées qu’avec les réformes structurelles, la destruction programmée du code du travail et les différentes réformes de transfert de cotisations sociales. Ces dernières années, on nous a vanté le modèle allemand, mais il faut constater que l’économie s’effondre petit à petit démontrant de force que ce modèle ne fonctionne pas et qu’il est une imposture. Les entreprises ont besoin d’investissement pour y améliorer la qualité de leurs produits et de leurs services. Toute cette logique de mise en forme pour plus de qualité des produits génère de l’emploi de manière directe et cela sur le long terme.
Pour mieux comprendre d’un point de vue purement mathématique voici, la modélisation :
(1) Le fonctionnement actuel de la BCE et du profit des banques :
Je considère la chose suivante pour le taux d’emprunt de la BCE :
En effet pour un emprunt d’1 Mds d’euros de la BCE vers une banque, la banque doit rembourser 500 000 euros vers la BCE, autrement dit l’ordre de grandeur est particulièrement différent.
Du coup sans avoir faire l’ENA ou autre école j’en déduis fondamentalement :
(2) Le fonctionnement souhaité pour une économie européenne compétitive :
Ainsi un état qui emprunte par exemple 10 Mds d’euros pour son économie, pour la moderniser et la rendre plus compétitive, aura des intérêts équivalants à 5 Millions d’euros, laissant ainsi une réelle opportunité pour l’investissement et par ailleurs le désendettement rapide.
Par conséquent le Schéma 1 se transforme de la manière suivante :
Nous sommes très loin de la logique néolibérale actuelle qui s’inquiète du haut niveau de la dette dont celle de la France qui a dépassé la barre des 2000 Mds d’euros (je ferais un article dessus) et donc la seule méthode pour la rembourser serait l’austérité. Mais, l’austérité entraine mécaniquement l’austérité ce qui augmente mécaniquement la dette publique. Ironiquement face à ce haut niveau d’endettement les libéraux ont peur d’un Krach financier. N’est-ce pas eux qui sont contre l’intervention de l’état sur les marchés financiers et de la politique “laisser faire” de l’autorégulation de ces derniers ? La dette publique anglaise est montée à près de 250 % dans son histoire vers 1830 et 1945 sans créer de panique générale. Les libéraux ont la corde autour du cou, ils ne savent plus comment avancer sérieusement et ils n’ont pas d’autres alternatives. Alors que contrairement à eux, nous en avons, mais cela demande de la détermination et du courage.