Les enjeux de l’inflation

Dans l’époque que nous affrontons, la question de l’inflation est devenue un sujet très important. Si le sujet est important, il n’en demeure pas moins très complexe et pose désormais des problèmes car la déflation arrive progressivement. Faut le dire, je me préoccupe de ce sujet depuis le début de l’année, à un moment où le sujet n’était pas encore d’actualité. J’avais des craintes, c’est vrai, de voir ce taux négatif. Mais ne soyons pas dupes, je maintiens encore une fois que dans la conjoncture actuelle, la crise et des remèdes ordolibéraux venant de l’autre rive du Rhin sont une impasse et conduisent inexorablement à la crise de la déflation.

Dans ma démarche, j’ai pris les chiffres de L’Insee et je les ai transformés dans un tableau pour nous donner ce que cela fait sur les 20 dernières années. L’inflation est très faible. Ce n’est pas vrai une nouvelle fois, le modèle Allemand est particulièrement allergique à l’inflation à cause de l’hyperinflation de la République de Weimar.

Le 15 novembre 1923, une nouvelle monnaie, le Rentenmark, était mise en circulation en Allemagne avec un taux de change irréaliste, un Rentenmark pour 1.000 milliards de marks. A ce moment-là, il fallait 2.500 milliards de marks pour obtenir un dollar, la seule monnaie du monde qui s’échangeât alors sans difficultés contre de l’or. En août 1923, le dollar ne valait que 350.000 marks… Au début de la première guerre mondiale,  le dollar valait 4,19 marks. Les “ordolibéraux” sont les traumatisés de 1923.

De ce fait, les dirigeants de la République Fédérale Allemande que l’on abrège RFA (comme sous la guerre froide, c’est une preuve entre autre qu’il n’y a jamais eu de réunification mais bien une annexion de la part de l’Allemagne de l’Ouest sur l’Allemagne de l’Ouest) mettent en placent tout un ensemble de mécanismes permettant de contrôler l’inflation, pour qu’elle se situe entre 1 et 3 %.

inflation
Schéma 1

Le problème majeur c’est qu’il n’existe que très peu de liens entre la croissance et l’inflation. Mais, il existe un lien entre la consommation et l’inflation. Toutefois dans le schéma ci-dessus, on peut y remarquer trois phases :

  1. Phase 1 : 1991 à 1999 : baisse de l’inflation
  2. Phase 2 : 1998 à 2008 : hausse de l’inflation
  3. Phase 3 : 2008 à 2014 :  baisse de l’inflation avec une inflation quasi-nule (0.1 %) en 2009.
Inflation 2
schéma 2

Toutefois lorsque nous regardons de plus près sur une base 100 on se rend compte que la variation  reste très linéaire, malgré le schéma (1). Ce qui permet d’établir une inflation assez stable sur le long terme. Alors que sur le court terme 2007 et 2008 il y a deux niveaux différents et opposés.

Inflation 3Les intérêts réels dépendent de deux variables : les intérêts nominaux renvoyant entre autre aux taux d’emprunt sur le marché financier (pour la dette) ou du rendement. Or, plus l’inflation est proche de taux d’intérêt nominaux alors plus l’intérêt réel est faible. La déflation mathématiquement augmente les intérêts réels. La dette suit donc ce processus pour atteindre des niveaux records. Le phénomène s’est produit au Japon. La dette publique japonaise dépasse aujourd’hui 220 %. Le niveau de la dette n’est pas nécessairement grave. Ce sont les éléments qui permettent d’amener le niveau actuel de la dette qui sont dangereux. Sa dette est entre autre largement supérieure à celle de la Grèce 173%. Mais le Japon a une dette détenue à 98 % par les institutions ou les particuliers japonais contrairement à la Grèce où 50 % de la dette est détenue par des pays étrangers. D’ailleurs d’un point de vue des agences de notation de la finance, les notes sont différentes.

Lorsque les prix (et les revenus) augmentent, les impôts prélevés par les états, comme la TVA, s’accroissent en proportion. Avec l’inflation, les recettes publiques augmentent, tandis que les remboursements restent fixes: la dette pèse moins dans le budget de l’Etat, le désendettement est facilité. Pour créer une inflation, on peut se baser sur la demande, mettre en léger excès la masse monétaire, etc. Le but étant de créer une spirale inflationniste réglementée pour éviter le phénomène rapide de l’hyperinflation. Dans le cadre de la crise actuelle, l’inflation est la meilleure des solutions et les thèses ordolibérales les meilleures pour accentuer et accélérer le processus de déflation. En effet, il ne faut pas avoir peur de l’ inflation mais bien de la déflation.

Toutefois, dans le fait que l’euro est déjà trop élevé, la mise en place d’une politique inflationniste pourra se réaliser par une dévaluation compétitive, qui génère automatiquement une augmentation de la demande. Encore une fois, le mouvement ordolibérale est pour le laisser faire, laisser l’économie s’autoréguler avec le minimum de réglementation avec les conséquences que l’on connait actuellement pour les travailleurs allemands.

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x
0:00
0:00