Remaniement ministériel sur fond de crise au Parti socialiste
En matière de politique française, nous sommes face à une accélération impressionnante des évènements. J’admets que mes analyses d’une heure à l’autre peuvent être totalement fausses et même parfois déconnectées de la réalité. Nous vivons quelque chose d’assez fantastique et dramatique ces dernières 24h00.
Nous assistons à la chute de la politique entière du gouvernement auto-proclamé « socialiste ». Cette crise pourrait ne pas s’arrêter simplement au parti socialiste. Le parlementarisme est devenu le symbole absolu du corporatisme des partis politiques ne défendant plus l’intérêt du peuple qui l’a élu mais de l’intérêt des partis politiques. C’est ce qui fait la situation assez horripilante de système politique français. Bref le bateau coule lentement.
Tout a commencé par une interview du Monde : Arnaud Montebourg : « Les choix politiques ne sont pas figés », suivie d’une interview de Benoit Hamon dans le Parisien : Benoît Hamon : «On n’est pas loin des frondeurs…». Ces titres évoquent clairement un changement de ton, il s’élève dans l’opposition à la politique de Manuel Valls. Mais viennent aussi les mots, les discours de la fête de la rose dont voici celui d’Arnaud Montebourg, qui ne passe pas véritablement chez Manuel Valls on regardera la vidéo ci-dessous. En politique également, quand on n’est pas d’accord, on l’affirme et on se fait comprendre chose que les deux députés ont fait à Frangy en Bresse.
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Effectivement, si les mots des deux députés sont justes que la politique de l’offre ne peut fonctionner sans la politique de la demande et donc de la consommation, cela génère une crise au sommet de l’Etat. En effet la politique du gouvernement est une politique basée sur l’offre qui ne prend pas en compte les besoins des ménages, notamment mieux consommer. Si les propositions sont faiblardes, il n’en reste pas moins qu’elle réorientait l’économie vers un sens tout à fait logique.
Mais l’autoritarisme du premier ministre Manuel Valls est stricto sensu mis en application. Il a dû se sentir humilié de voir des propositions de gauche mises en avant.
En portant sa démission au Président de la République, il réagit de manière assez impulsive afin de montrer son autorité et d’épurer toujours un peu plus la politique du Parti Socialiste. Il met ainsi fin à ces horribles « gauchistes » qui rêvaient de faire une politique de gauche aussi molle soit-elle. La politique de droite continue à aggraver les conditions de travailleurs, augmenter les dividendes, diminuer l’investissement, faciliter le licenciement. Manuel Valls est frustré et sa frustration radicalise toujours un peu plus sa politique vers la droite et son engagement pour la « réaction ».
Et puis, le communiqué de presse à cette tragédie est tombé. C’est officiel, il en est fini des spéculations dans les médias, des bavardages politiques, une grande démonstration vient d’être faite.
Deux autre ministres devraient suivre la vague des démissions : Christiane Taubira et Aurélie Filippetti.
Christiane Taubira a mené un combat merveilleux pendant qu’elle était garde des sceaux, la volonté serait de la mettre à la porte, « la manif pour tous » et tous les réactionnaires opposés à l’égalité des droits en seront heureux. Ils avaient traité de tous les noms la ministre allant même jusqu’à le renier de l’Humanité avec le scandale de la banane et du symbole qu’il véhicule. La volonté de trouver un responsable à tout est normal. Ainsi, la justice serait responsable de l’augmentation de la délinquance, les peines trop légères sauf quand il s’agit d’un membre de l’extrême droite. Tout était bon pour accuser la ministre. Mais, elle a rempli un travail formidable et s’est battue pour des choses justes. Je crois que nous ne l’avons pas assez défendue face à ce qu’elle a subi en tant qu’être humain.
Quant à Aurélie Filippetti, elle sera jetée aussi par dessus bord. Le navire coule et cela ne l’empêchera pas de sombrer au fond des océans. Toutefois contrairement à Christiane Taubira, je ne vais pas la regretter, au vu de sa volonté de ne pas résoudre la crise des intermittents et la précarisation de leur statut.
En conclusion, un nouveau gouvernement sera nommé par le Président de la République sur proposition du Premier Ministre. Histoire de continuer un peu plus la critique et de sentir un peu ce qu’il se passera.
Erratum : dans l’article présent, Christiane Taubira reste garde des sceaux, est reconduite à son poste au ministère de la justice.