Le Parti Socialiste fait campagne contre l’austérité, mais pour la rigueur
Le PSE, dont j’ai déjà parlé à plusieurs fois a lancé, il y a déjà un mois sa campagne pour le Parlement européen. C’est le moment de revenir un peu dessus.
Martin Schulz, membre du SPD n’a pas hésité a lancé au cercle d’Hiver : « Il faudra respecter les règles de convergence et ramener le déficit à 3 %, mais il ne faut pas oublier la croissance ». Ainsi, le mot d’ordre du président du Parlement européen devient : « L’austérité en Europe est une erreur ». Or, dans tous les pays où l’austérité frappe les classes populaires pour rembourser des emprunts honteux afin de rassurer les marchés financiers, la crise grandit. C’est bien les traités successifs comme Maastricht, Lisbonne, le TSCG qui ont donné le mot d’ordre d’austérité de manière contractuel entre les états. Ces derniers sont pris en étau.
Le nouveau secrétaire national du Parti socialiste, plaide pour une « Europe d’après-crise » et veut « imposer par notre vote une nouvelle croissance ». Mais la croissance a toujours été plombée par les décisions de rigueur, ce que j’annonçais dans la seconde partie du titre. Ce double discours est tout à fait mauvais, on ne peut faire de la rigueur et vouloir sortir de la crise.
Selon Martin Schulz, « Il faut doter l’Europe d’un budget digne de ce nom qui permet de mener une politique européenne en faveur de la croissance et de l’emploi ! ». Or, la politique européenne en faveur de la croissance hypothétique en subventionnant le patronat européen BusinessEurope n’a jamais créé d’emploi, mais bien renforcer la spéculation sur les marchés financiers. Cette politique largement subventionnée par le PSE a mis l’Europe dans une impasse. Ce n’est pas la production que se crée la demande, mais la création de carnet de commandes et donc de la consommation des peuples.
Aujourd’hui, les travailleurs de l’ensemble ont assez payé de ces politiques suicidaires qui ne fonctionnent pas. D’autant que ces politiques ont mis en danger certain pays au sein de la zone euro et ses peuples. La privatisation et la libération de certains secteurs ainsi que la flexibilité du « marché du travail » ont laissé des traces indélébiles notamment chez nos camarades grecs. On notera que l’utilisation du mot « marché » pour désigner la concurrence entre les êtres humains. Les êtres humains sont devenus des marchandises, par conséquent ils ne sont qu’une variable d’ajustement pour le patronat.
Enfin, laissons-lui une dernière déclaration : « Les conservateurs du Parti populaire européen qui ont fait l’Europe de l’austérité ». Mais, tant que le PSE n’admettra pas sa participation dans l’austérité alors le PSE sera ridicule et foncera dans le mur entrainant l’ensemble des Partis socialistes d’Europe dans un choc d’une violence redoutable. Partout, où les différents Partis de la Seconde Internationale ont mis en place les politiques de réduction budgétaire, cela a signifié la mort pour ces partis. N’oublions pas non plus, que le caractère socialiste n’engage que ceux y croient.
Le social-libéralisme n’est pas prêt de décéder en Europe d’un point idéologique. Mais d’un point de vue des urnes, c’est un autre fait. Qu’en dit Martin Schulz de ce fait précis ?
« Le 25 mai votons, votons parce que c’est une élection stratégique » a déclaré Harlem Désir. Mais pour la même Europe ? La crise est avant tout systémique.
En Europe, la contestation contre l’Union Européenne grandit. Condamner sans comprendre les mécanismes de cette colère impose un scepticisme grandissant d’une grande naïveté. Pour Harlem Désir, « L’Europe est trop souvent le bouc émissaire de toutes les colères », « Ses adversaires, ceux qui proposent de la défaire, de sortir de l’euro et de se claquemurer derrière les frontières nationales n’hésitent pas à recourir aux pires caricatures, aux mensonges les plus criants pour discréditer les bâtisseurs de l’Union européenne et démobiliser ses partisans ».
Bref, tout cela est un double langage, ils n’hésitent pas à condamner le populisme en Europe. Une chose évidente pour les progressistes, encore une fois sans comprendre les raisons de cette augmentation du populisme.