12 avril : « Marchons contre l’austérité pour l’égalité et le partage des richesses »
À l’heure où les députés ont voté la confiance au nouveau Premier ministre : Manuel Valls, résister cela a du sens. Pourtant si la confiance a été actée par 306 voix pour et 239 contre, l’opposition de gauche continue de se faire entendre au sein du Parti Socialiste.
Le discours de Politique général de Manuel Valls laisse entendre qu’il a bien compris le vote des élections municipales. C’est bien pour cela qu’il va tout droit.
La social-démocratie à la française laisse entendre au loin une marche forcée contenant tout ce qu’il y a de plus libéral. Le patronat responsable de la crise économico-financière et donc des licenciements touchera à nouveau des aides pour renflouer leur caisse grâce au pacte de responsabilité. Les Français ne veulent payer les dividendes des actionnaires par des allègements de cotisation sociale ou des baisses d’impôts.
La justice sociale, valeur de gauche, ne peut être celle du travail qui soutient la finance. Les Charges financières nuisent à la société, coutent chère aux entreprises, ce n’est pas le salarié qui n’est pas compétitif, c’est l’actionnaire qui souhaite vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuer. Entre les dividendes, les charges bancaires et autres, cela représente près de deux fois les cotisations sociales dans ce pays. Si les entreprises coulent, c’est uniquement de la responsabilité de ces rapaces au sein de la finance et non des travailleurs
Quand Valls explique son objectif à la tribune, nous l’avons compris. Il rêve que la France suive le règne Gerhard Schröder. Nos camarades Allemands subissent actuellement une politique dure et intenable où le déclassement s’est réalisé. La solidarité envers les riches n’a jamais été aussi forte, le travail n’a jamais été aussi peu valorisé. Le tribun lance alors : « L’idée du Pacte de responsabilité et de solidarité est simple : chacun doit s’engager pour l’emploi. C’est une initiative novatrice dans un pays comme le nôtre. Notre pays doit apprendre à oser ces compromis positifs et créatifs. Les divergences d’intérêt existent, il ne s’agit pas de les effacer mais de les dépasser, pour l’intérêt général. C’est ça la modernité ! […] Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait engagé le mouvement avec la création du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi qui doit atteindre 12 milliards cette année et 20 milliards l’année prochaine. Nous porterons les allégements du coût du travail à 30 milliards d’ici 2016. Au niveau du SMIC, les cotisations patronales à l’URSSAF seront entièrement supprimées au 1er janvier 2015. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait engagé le mouvement avec la création du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi qui doit atteindre 12 milliards cette année et 20 milliards l’année prochaine. Nous porterons les allégements du coût du travail à 30 milliards d’ici 2016. […] Au niveau du SMIC, les cotisations patronales à l’URSSAF seront entièrement supprimées au 1er janvier 2015.»
Mais, au final, ce sont les mêmes qui paieront le coût de la crise du capitalisme sans en inquiéter le patronat. Quant à l’austérité dissimulée, elle aura des conséquences lourdes comme l’aggravation de la dette publique de la République Française. Ensuite, comme le disait si bien, Frédéric Lordon : « Les entreprises ne créent pas l’emploi » [1], « Tout ceci signifie alors que nous n’avons pas à déférer à toutes leurs extravagantes demandes au motif qu’elles détiendraient le secret de la « création des emplois ». Elles ne détiennent rien du tout. Mais si l’emploi n’est pas créé par les entreprises, par qui l’est-il donc, et à qui devraient aller nos soins ? […] La conjoncture économique est en effet ce mécanisme social d’ensemble par quoi se forment simultanément revenus, dépenses globales et production. » insiste-t-il sur son blog.
Enfin, pour montrer sa décadence, il n’hésite pas à comparer Jaurès à Clemenceau. L’émancipation ouvrière et l’oppression ouvrière sont deux notions identiques à ses yeux. Il termine ainsi son discours : « La France a cette même grandeur qu’elle avait dans mon regard d’enfant, la grandeur de Valmy, celle de 1848, la grandeur de Jaurès, de Clemenceau, de De Gaulle, la grandeur du maquis. C’est pourquoi j’ai voulu devenir Français. »
Voilà, qui est claire, ni les positions de la gauche « classique », ni la droite « républicaine » ou encore l’extrême droite « ultralibérale » n’apporteront aucune solution à la crise financière.
Ainsi, la manifestation du 12 avril, « Maintenant ça suffit ! Marchons contre l’austérité pour l’égalité et le partage des richesses » lance une nouvelle orientation pour la France afin de modifier le rapport de force qui oppose les licencieurs et les travailleurs.
Cette manifestation unitaire arrive à un moment donné, où il est plus que nécessaire de rappeler à Manuel Valls que sans nos voix, le Parti Socialiste ne serait jamais arrivé au pouvoir, nous avons dégagé Sarkozy pour avoir une politique différente. « En France, comme dans toute l’Europe, la rigueur budgétaire et l’austérité imposées par la Commission européenne, François Hollande et le gouvernement pour satisfaire les marchés financiers nourrissent ce climat malsain. Les conséquences sont là : services publics démantelés, acquis sociaux mis à mal… Le chômage monte, la précarité s’étend, les jeunes galèrent, les salaires et les retraites sont en berne. Les inégalités se creusent tandis que les grandes entreprises versent aux actionnaires des dividendes insolents. Partout ces politiques provoquent indignations, colères et désespoirs. Elles nous révoltent. »
Il est plus que temps que la rue montre sa puissance de feu et que les ouvriers brandissent le drapeau rouge et marchent l’un à côté de l’autre afin de faire entendre leur voix !
Pierre Le Bec
[1] Voir : http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi