Erdogan continue sur la voie du totalitarisme

Twitter-Bloque-TurquieLe Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan, grand allié de l’occident, suit la logique de l’autoritarisme d’état. Embourbé dans un ensemble d’affaires politico-financières. En ce moment, à défaut d’avoir un abonnement chez Twitter, il est abonné à la corruption. Il protège sa posture par la stratégie de la victimisation.

Pourtant, dans ce même temps, la Turquie est confrontée à des vagues de protestation grandissant un peu plus. La révolte commencée par le projet de destruction du parc de Gezi a résonné comme un grand détonnement au sein de la société turc. Ce qui a amené, une augmentation progressive au sein de la Turquie.

Au début du mois, il avait lancé une position claire : « Nous sommes résolus à ne pas laisser le peuple turc être esclave de YouTube et Facebook. Nous prendrons les mesures nécessaires, quelles qu’elles soient, y compris la fermeture ». Aujourd’hui, pour justifier la censure et la fermeture de Twitter, il envoie lors d’un rassemblement électoral à dix jours du scrutin municipal du 30 mars : « Cela n’a rien à voir avec les libertés. La liberté n’autorise pas l’intrusion dans la vie privée de qui que ce soit ni l’espionnage des secrets d’État sur la scène internationale par ces moyens ». Ainsi, la censure aurait pour but selon Erdoğan de protéger la liberté individuelle. Un discours très paradoxal, à l’image du ministre.

Les lois liberticides sont impressionnantes, c’est vrai, aux portes de l’Europe, le gouvernement islamo-conservateur donne le vrai visage du néolibéralisme. Pourtant si le gouvernement a bloqué Twitter, le système a été contourné rapidement. La mise en place par Twitter d’un VPN (réseau privé virtuel) et d’un DNS permettent aux Turcs d’accéder à Twitter. Lui qui avait annoncé : « Nous allons éradiquer Twitter. Je me moque des réactions de la communauté internationale », je crois qu’il a réellement perdu.

La communauté internationale s’insurge

Il s’agit d’une stratégie pour les municipales, il a lancé au monde entier : « Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale, ils verront alors la force de la Turquie ». Une Turquie bien faible, une Turquie où ceux qui gouvernent ne représentent plus ceux qui sont gouvernés.

Un ensemble de pays s’est soulevé même dans son propre camp idéologique. « Les États-Unis soutiennent la liberté d’expression en Turquie et s’opposent à toute entrave à la libre expression », a par ailleurs déclaré vendredi la porte-parole du département d’État américain Jennifer Psaki, grand allié de la Turquie.

Neelie Kroes, commissaire européenne chargée des Nouvelles Technologies a affirmé que « L’interdiction de Twitter en Turquie est sans fondement, inutile et lâche ». Sur Twitter, elle a indiqué que « Le peuple turc et la communauté internationale verront cela comme une censure. Ce qui est bien le cas ».

Stefan Füle, le commissaire chargé de l’élargissement et donc des négociations d’adhésion avec la Turquie, a estimé au nom de la Commission européenne, que la décision des autorités turques « jette le doute sur l’engagement pris par la Turquie de respecter les normes et les valeurs européennes ». « La liberté d’expression, droit fondamental dans toute société démocratique, implique le droit de recevoir et de donner des informations et des idées sans ingérence des autorités publiques », a rappelé M. Füle.

Enfin le président du Parlement européen, Martin Schulz a annoncé que « Bâillonner Internet, les médias sociaux et la liberté de la presse, ne pas respecter l’indépendance des magistrats ne sont pas de bonnes recettes pour que la Turquie puisse relever les défis du XXIe siècle et certainement pas la bonne façon de rapprocher la Turquie de l’UE ».

Ironie du sort, le président de la Turquie, Abdullah Gül, a estimé, dans un tweet, que « l’on ne peut pas approuver le blocage des réseaux sociaux ».

Pierre Le Bec

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