L’UMP est choqué de l’espionnage de Buisson pas de celui de la NSA
Entre l’Affaire Bygmalion, l’Affaire Bettencourt, l’Affaire Karachi, l’UMP est bien dans la spirale infernale de la justice.
Une affaire politique
Patrick Buisson a été conseiller de l’ancien président de la République sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Cet ancien activiste de l’Action Française et soutien actif à l’OAS est mis en cause dans une affaire d’écoute. L’UMP décidément à le chic des affaires politico-judiciaire entre l’affaire Bygmalion de Jean-François Copé, les dizaines de casseroles de Nicolas Sarkozy. C’est devenu presque une habitude depuis quelques années. Sur cette affaire d’écoute, l’UMP crie à la trahison. Certains n’hésitent pas à parler du Buissongate qui alimente toujours un peu plus la sarkoleaks.
Nadine Morano n’hésite pas à mettre en doute un complot : « À seize jours des municipales, la gauche essaye par tous les moyens de déstabiliser notre famille politique », mais loin de tout cela, c’est bien une personne au sein de l’Élysée qui a réalisé ces enregistrements. Aussi, c’est un site libéral Atlantico qui a diffusé en premier les écoutes, c’est le clou de l’ironie.
La Candidate de Paris a rejoint le mouvement de protestation globale. « Le principal reproche que je fais à Patrick Buisson, c’est que son objectif, à mon avis, n’était pas de faire gagner Nicolas Sarkozy, il était de faire gagner Charles Maurras », a déclaré la maire de Longjumeau sur Canal+.
Pour se défendre l’avocat de Patrick Buisson. Me Goldnadel a détaillé que « La version de monsieur Buisson, pour autant qu’elle soit intéressante et crédible, est la suivante : l’Élysée n’est pas un musée (…) Certaines personnes avaient leur portable ou leur iPhone sur la table. Moi, j’avais aussi mon dictaphone numérique, je m’en servais pour des notes de travail et ensuite, je le remettais dans ma poche. Une poche est un endroit adéquat pour mettre son dictaphone une fois que l’on a fini d’enregistrer ». Toutefois, les versions changent régulièrement selon la tournure des évènements.
Certains sont choqués par ces pratiques douteuses. Mais ce sont les pratiques habituelles de la bourgeoisie quand il s’agit de pouvoir.
Les suites judiciaires de l’affaire
Un référé a été lancé par le couple Carla Bruni et Nicolas Sarkozy. La justice examinera lundi à 14h la demande de retrait des enregistrements réalisés par l’ancien conseiller à l’Élysée « pour atteinte à la vie privée ». Ils visent à obtenir le retrait des enregistrements mis en ligne sur le site Atlantico et demandent par ailleurs 30.000 euros de dommages et intérêts à Patrick Buisson.
Cette affaire a aussi créé un problème entre les sites d’information. Le site d’information Atlantico, qui a publié le 5 mars les enregistrements de Patrick Buisson lors de ses réunions avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée, a annoncé jeudi 6 mars son intention de porter plainte en diffamation contre l’hebdomadaire de droite Valeurs actuelles et son rédacteur en chef adjoint, Geoffroy Lejeune, ainsi que contre le site Slate.
L’association « Anticor », spécialisée dans la lutte contre la corruption souhaite que la justice saisisse les bandes afin de savoir si Patrick Buisson était réellement un conseiller de Nicolas Sarkozy. Me Jérôme Karsenti, espère en effet y trouver des informations sur « le rôle exact que tenait Patrick Buisson » aux côtés du chef de l’Etat. Si Patrick Buisson suscite depuis plusieurs mois, l’intérêt des juges, c’est un peu grâce à « Anticor ». L’avocat s’est, en effet, constitué partie civile au nom de l’association dans l’affaire des sondages de l’Elisée. Deux instituts, Publifact et celui de Pierre Giacometti, sont soupçonnés d’avoir été favorisés pour effectuer des enquêtes d’opinion au bénéfice du président Sarkozy. Le but de l’avocat est de connaitre « Le contenu des enregistrements pourrait nous aider à comprendre si Patrick Buisson donnait vraiment des conseils à Nicolas Sarkozy ». Il ajoute qu’ « On peut légitimement se demander quels étaient ces conseils: électoralistes ? Partisans ? Stratégiques ? ».
L’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, a fait l’objet mardi d’une perquisition dans une enquête contre X pour trafic d’influence et violation du secret de l’instruction, en lien avec les agendas de l’ex-président saisis dans l’affaire Bettencourt.
Les écoutes de l’oeil de Washington.
Pendant, ce temps-là, l’œil de la NSA continue les écoutes de masse sans que cela interpelle l’UMP. Pierre Lellouche a indiqué que « Si on veut faire un peu d’humour, je dirais qu’à lui tout seul, il bat la NSA. Il suffit d’un Buisson, ça remplace plusieurs satellites d’écoutes ». Pourtant, la NSA écoute tous les jours et ne s’est jamais expliquée, ni même excusée. On peut rire, mais tout le monde est surveillé. Le dossier s’est peut-être évaporé, mais il n’est terminé.
Pierre Le Bec