Quand l’état assiste le néolibéralisme
Sur le pacte de responsabilité, je voulais creuser un peu plus la logique néolibérale. En effet, elle est appliquée uniquement au domaine social. Pourtant, le néolibéralisme en matière de doctrine politique tend à rendre les entreprises plus libres de leurs mouvements et cela se construit par la diminution du rôle de l’état sur les entreprises. Ensuite, l’entrepreneuriat est un vaste chantier et un vaste problème, il est confronté à la logique néolibérale. La méthode « deux poids, deux mesures » sont appliquées laissant ainsi l’entrepreneuriat dans une impasse.
Je voulais m’exprimer de manière claire sur le paradoxe entre la théorie néolibérale et la politique néolibérale vis-à-vis des entreprises et de l’entrepreneuriat.
Aussi, le terme entrepreneuriat a deux orthographes différentes, il peut s’écrire également : entreprenariat. J’ai choisi la première solution pour rester dans le style d’origine.
L’état providence et les entreprises
Du haut de son château, notre monarque républicain continue de promouvoir les bienfaits du pacte de responsabilité pour les entreprises. L’Élysée main dans la main avec le MEDEF accordera une fois de plus des aides aux entreprises. Le montant actuel de ces dernières avoisine pourtant les 230 Mds sur le budget annuel de l’état. Les 50 Mds qui seront offerts aux entreprises sans contrepartie et sans résultat montrent de toute évidence, la vision prônée par la majorité à l’Assemblée Nationale. Cela alourdit un peu plus la charge de l’entreprise sur le budget de l’état, sans que de réelle ouverture vers une reprise se fasse. À la fin du quinquennat, ce sont bel et bien près de 280 Mds qui seront alloués au monde de l’entreprise. Cette somme d’argent n’est soumis à aucun contrôle, cela implique par ailleurs de grands paradoxes entre le but cherché et les effets qui suivront. Le choc de compétitivité cherché entrainera inexorablement le contraire. Pierre Gattaz a eu réussis la moitié de son programme, 50 Mds de cotisation en moins sur les 100 Mds d’objectif, est une belle victoire, mais gare à l’avarice qui pousse le patronat a vouloir toujours plus. Les chômeurs sont bel et bien pris en étaux par le patronat et l’état. Avec le CICE de 20 Mds, la note est déjà de 70 Mds pour les entreprises.
D’ailleurs, pour avancer un peu plus, dans la logique de l’état providence vis-à-vis des entreprises, lors du déplacement aux États-Unis d’Amérique, le patron des patrons a affirmé, que le soutien de l’état allait dans un sens unique impliquant aucune contrepartie de la part des entreprises.
Dans la logique de l’austérité et des discours mis en avant, les entreprises sont clairement assistés par l’état. La dénonciation de l’état providence est omniprésente et la promotion de l’économie de marché au nom de la liberté de l’individu et de l’efficacité économique s’affirment aussi. Alors, le patronat afin d’améliorer et de redorer son image d’une part doit prendre conscience que l’argent investi dans les entreprises est supérieur à ce qu’il rapporte à l’état. Par la balance économique, celle-ci n’étant pas à l’équilibre, les dons en faveur des entreprises vont diminuer de manière sévère. Cela permettra de mieux mettre en concurrence les entreprises par secteur et selon leur taille. Les lois du marché s’occuperont réellement des dons en moins.
La clarté du discours néolibéral met en place ces mesures draconiennes. La libre concurrence et la liberté de circulation du capital sont accentuées favorisant de ce fait la compétitivité. Les gens de droite seront choqués par les mesures que je préconise dans leur logique, l’entreprise, c’est le début de l’entrée du culte de l’argent.
Les actionnaires qui investissent régulièrement dans les entreprises le font selon des contraintes fixées par les lois de la République, les directives et traités européens ainsi que les traités internationaux. Dans la logique de la déconstruction de l’état providence, les actionnaires deviendraient ainsi les nouveaux rois, c’est d’ailleurs ce qu’il se passe avec les dividendes. Le cout du Capital augmente, c’est bel et bien ce qu’il souhaite. Lorsque les charges sociales des entreprises baissent, les actionnaires s’enrichissent.
La flexibilité[1] va de paire, on ne peut parler de liberté d’entreprendre sans facilité et simplifier le droit du travail dans la suite d’une politique patronale. En effet, la réduction des droits des salariés est censée augmenter les embauches. Le patronat français souhaite faire comme le modèle américain, où le salarié n’a aucun droit, n’a pas de contrat papier, très peu d’indemnité en cas de licenciement, n’a très peu accès au syndicat, etc. La maturité économique dont parlent les patrons américains de leur peuple est très différente de la maturité du peuple français vis-à-vis de l’économie. Mais, au pays du super-capitalisme, la super-flexibilité, c’est aussi une barre avoisinant les 50 % de la pauvreté. À ce jour, les États-Unis d’Amérique sont toujours au bord de la banqueroute comme la démontrer le shutdown au cours de l’été dernier[2]. Un grand État “démocratique” qui ferme sine die du jour au lendemain ses services publics et met au chômage technique des centaines de milliers de fonctionnaires: la situation est stupéfiante et rare.
Bref, je reprends un peu de sérieux dans mon poste, comme je le disais, il n’y a guère longtemps, la déflation[3] arrive comme un tsunami sur les côtes de la finance. Mais c’est bien la finance et les entreprises qui ont provoqué ces crises-là. La courbe de Kondratieff ne fonctionne plus depuis la crise de 1973, la croissance positive tend attendue est désormais finie. Le cycle de 30 ans est dépassé depuis les années 2000, sans aucun changement. C’est d’ailleurs depuis cette époque que le néolibéralisme se met en place en baissant sans cesse les cotisations sociales des entreprises et les impôts sans grand succès. Les taux de profits sont de plus en bas d’une année sur l’autre, ce qui est tout à fait normal. Le cout de la main d’œuvre baissera certes, mais ce taux-là, sur le long terme entamera une décroissance lente pour arriver à zéro. C’est exactement ce qu’il se passe, les taux de marge des grandes entreprises sont au niveau le plus bas depuis une dizaine d’années. Toutefois, si le taux de marge et le taux de profit sont différents, cela permet d’avoir un aperçu. L’accumulation du Capital traduit par les différents taux, arrive alors à son paradoxe, elle ne dégage plus de bénéfice, voir même coûte à l’entreprise.
Ce qui attend la France, c’est la récession, la chute du niveau de vie, une augmentation toujours accrue du chômage (puisque c’est le capitalisme qui le crée), une protection accrue des actionnaires et des dividendes. Le chômage n’est pas le problème de notre pays comme de tous les pays, puisque c’est un problème au cœur d’un autre problème. La société capitaliste crée le chômage d’une part via la technologie et d’autre part dans l’intérêt des actionnaires. De ce fait-là, il y aura du chômage tant qu’il y aura du capitalisme[4]. Penser l’inverse est une utopie.
La réduction de la dépense publique dans les domaines qui sont pointés entretiendra par ailleurs le tout orientée une certaine direct
ion. Loin de sous-estimer la dépense de notre état, il est le temps de faire entre la bonne dépense et la mauvaise dépense. Dans les réductions proposées, évidemment cela ne changera rien, la crise est systémique. Des mesures systémiques aboutiront uniquement à reculer l’échéance. La logique de l’austérité n’est pas une solution. Lorsque la limite de l’austérité est atteinte alors l’austérité augmente la dette comme en Grèce.
Pourtant, tout cela n’est que pure invention et ne résout pas le problème initial, la concurrence libre et non faussée est une invention, elle n’existe pas. Les monopoles travaillent ensembles. La Grande entreprise aspire la petite entreprise.
Le faux discours de entrepreneuriat
Quant au fait de créer de l’emploi, la question se pose notamment vis-à-vis des banques. Ces dernières tendent notamment à sacrifier l’emploies par des emprunts abusifs dont le but n’est pas de satisfaire la création de l’emploi, la dette est une forme de pression qu’imposent les banques à chaque entrepreneur. Lorsqu’un entrepreneur crée son entreprise, il loue d’abord son entreprise au système bancaire, avant de réellement pouvoir être de son entreprise. Ainsi, durant une certaine durée, c’est bel et bien la banque qui est propriétaire des moyens de production de l’entreprise.
De ce fait, le système bancaire prend en otage les entrepreneurs. Plus il y a d’entreprises qui se créent, inexorablement, plus les banques de crédit font des bénéfices. Ainsi, le monde du crédit pour réaliser des marges nécessite la création d’entreprise, puisque souvent, ce sont de grand crédit avec des taux variables. Le crédit est censé être libre en matière d’affaire, mais ce dernier met en avant un mal pour un autre, puisque le crédit est établi pour une raison, les personnes n’ont pas assez de moyens pour établir une entreprise par eux-mêmes. L’état aura beau apprendre une logique d’entrepreneuriat aux plus jeunes comme le souhaite Geneviève Fioraso : « il faut enseigner la culture de l’entrepreneuriat dès la maternelle ».
Par conséquent entre la volonté et la réalité, il y a un grand écart. Les moyens d’action de l’État restent ouverts, la Banque Publique d’Investissement ne suffit plus, cette dernière nécessite de prendre le relai des banques de crédit qui ne remplissent plus leur travail. Ce grand paradoxe montre la réalité et la théorie, entreprendre théoriquement, c’est un fait, matériellement, c’est autre fait. Aussi, il ne va pas s’en dire, que la création d’entreprise se fait uniquement selon la demande d’un marché, tout bon entrepreneur établit une étude de marché afin de connaître la réelle demande et en prenant compte aussi de la concurrence actuelle. Or, plus la crise s’installe, la logique d’entrepreneuriat fait face à une baisse logique de la demande, le tout s’endurcit avec la possibilité de déflation réelle qui pèse sur les marchés, donc les créations d’entreprise diminuent. Le langage de sourd vis-à-vis de ce sujet-là est entretenu par le patronat et le système bancaire.
Encore, une fois la libre concurrence et la liberté d’entreprendre n’existent pas. Le marché dit “souple” est en réalité très rigide. Ainsi, l’entrepreneur ne peut créer une société au nom de ce dogme tout à fait fictif et imaginaire. La création d’une société se fait dans un endroit où il n’y a pas de concurrence afin d’avoir un monopole.
Ainsi, une autre boite de pandore s’ouvre, encore une fois de plus c’est l’ouvrier, le salarié qui va en subir les conséquences. Aussi, cette politique renforce les mouvements réactionnaires qui veulent abattre la démocratie et par ailleurs, la République au sens large.
En guise de conclusion, les financiers continuerons de parler la langue de bois, avec des solutions désastreuses et inefficaces. Pendant ce temps-là, la crise perdura le tout par l’aide de l’état (c’est-à-dire des contribuables) à ces entreprises et donc ces actionnaires.
Pierre Le Bec
[1] Voir : http://revolutionetlibertes.net/2013/07/20/lillusion-du-cout-du-capital-a-travers-la-baisse-du-cout-du-travail/
[2] Voir : http://revolutionetlibertes.net/2013/10/04/le-shutdown-aux-etats-unis-prepare-la-banqueroute-nationale-puis-mondiale/
[3] Voir : http://revolutionetlibertes.net/2014/02/02/la-crise-a-cree-le-monstre-de-la-deflation/
[4] Voir : http://revolutionetlibertes.net/2013/12/12/tant-quil-y-aura-le-capitalisme-il-y-aura-le-chomage/