Et si l’analyse trotskiste était la bonne pour le printemps arabe ?
Depuis le début du Printemps Arabe dans tout un ensemble, nous assistons avec force à des changements et des retournements de situation. Entre mouvements révolutionnaires, réactionnaires, militaro-civils ou islamistes, le processus révolutionnaire continue son chemin parmi les ouvriers et les étudiants.
Après trois ans de lutte, on peut se poser de manière ouverte (la chasse aux trotskistes appartient au passé) la question de la révolution permanente au sein de ces processus révolutionnaires. En effet, la révolution telle que nous la regardons depuis l’autre côté de la Méditerranée se poursuit, sa forme évoluée, mais elle reste toujours présente. De la chute des dictateurs Moubarack et de Ben Ali, le peuple égyptien et tunisien ont connu ensuite deux partis islamistes très contestés : les frères musulmans et Enhadha. Ils ont été confrontés à la colère du peuple. Cela s’est mal passé en Égypte à travers la prise du pouvoir par l’armée soutenue par une partie de la population. En Tunisie, après les meurtres de Mohammed Brahmi et de Chokri Belaid, le front populaire ainsi que les syndicats continuent les mobilisations pour que le peuple puisse retrouver le pouvoir loin des bureaucraties islamique.
Dans l’article « L’Égypte en route vers la démocratie », j’ai soutenu à tort le mouvement des militaires en Égypte puis qu’à ce jour, ils n’ont toujours pas le pouvoir au peuple égyptien. Ils ont continué la logique contre les frères musulmans, qui au départ me paraissait bonne, mais aujourd’hui me parait trop radicale. Elle risque de plonger le pays dans la guerre civile. Si mon approche de la situation paraissait révolutionnaire, le résultat est complètement réactionnaire très proche de l’idée pro-Moubarack :
La démocratie du peuple égyptienne est grande, mais il faut laisser le temps au peuple égyptien de faire ses débuts dans l’ère démocratique. Les processus démocratiques sont longs et ne réussissent pas toujours. Les pays qui donnent des leçons, ont souvent une histoire pour la démocratie tâchée de sang.
Souvent on pourrait dire que le régime entre les frères musulmans et les élections frauduleuses qu’ils ont crée en bourrant les urnes et celui de Al-Sissi sont équivalent, il s’agit dans tous les cas d’une dictature opprimant le peuple Égyptien. J’avais continué cette dynamique dans « En Egypte, les frères musulmans ont envoyé leurs militants dans les cercueils ! » :
Depuis que le peuple Égyptien s’est soulevé dans la rue le 30 juin, retirant le mandat de Mohammed Morsi, ancien président de l’Egypte élu, à titre indicatif dans des conditions douteuses ; la démocratie égyptienne a franchi un nouveau cap passant d’une démocratie parlementaire et frauduleuse à une démocratie populaire. Ce second soulèvement représente une phase importante dans le processus révolutionnaire Égyptien. Le peuple n’est plus naïf, il demande désormais des comptes et sait se mobiliser en temps et en heure face aux différents pouvoirs qu’il a face à lui. De plus, la mobilisation du 30 juin a été soutenue par la manifestation du 26 juillet, ce qui rend encore en signification de démocratie le régime légitime. (…) Certaines larmes coulent ce qui peut être compréhensible, mais les dirigeants des frères musulmans qui ont envoyé aux charbons leurs militants sont toujours en vie. Ils ne sont que des assassins, des criminels et des voyous. Ils doivent être arrêtés pour être jugés comme l’a été Mohammed Morsi. La communauté internationale indignée montre le regard fascisant qu’elle porte sur le monde, en souhaitant gardé des partis terroristes et les partis de l’ancien dictateur crée des troubles à l’ordre public, ils ont choisi le camp de la dictature et non celui de la démocratie.
La révolution Égyptienne connait donc son troisième temps fort que l’on pourrait appeler « l’Hiver Arabe », du fait du retour des anciens régimes au pouvoir.
Trotski énonçait dans les thèses de la Révolution Permanente :
Pour les pays à développement bourgeois retardataire et, en particulier pour les pays coloniaux et semi-coloniaux, la théorie de la révolution permanente signifie que la solution véritable et complète de leurs tâches démocratiques et de libération nationale ne peut être que la dictature du prolétariat, qui prend la tête de la nation opprimée, avant tout de ses masses paysannes. 1
L’article « La Tunisie s’embrase pour continuer le processus révolutionnaire » montrait bien cette dynamique de la Révolution :
Si la colère est différente par rapport à l’assassinat de Chokri Belaïd, celle-ci exprime vraiment le non-changement de la société par rapport au régime de Zine el-Abidine Ben Ali, que dénonçait les révolutionnaires pendant la Révolution de Jasmin sur la place “7-Novembre” renommée depuis “Mohammed Bouazizi”.
L’Égypte et la Tunisie sont aussi pris dans un processus régional à cause de la division de l’empire Ottoman après la Première Guerre Mondiale et géopolitique à cause de la proximité des réserves de pétrole mondiale.
La seconde position tend directement à une évolution des différents processus révolutionnaire puisqu’il y a une bataille au sein du peuple pour pouvoir mettre en place une démocratie et une politique progressive, mais aussi à l’extérieur du peuple afin que la bourgeoisie mondialisée puisse continuer à contrôler les richesses de ce pays.
Si le pays des pharaons est indépendant, il n’empêche qu’avec le gouvernement du Général Al-Sissi, il entretient des relations très proches de Moubarack. Il n’empêche qu’ils ont reçu une aide militaire très importante des Etats-Unis d’Amérique tout comme un soutien de l’État Hébreux face à la montée de l’islamisme. L’ancienne colonie britannique se transforme donc en semi-colonie.
Dans le cadre des processus révolutionnaire, on se rend compte que « la révolution par étape » longtemps prônée par de nombreux marxistes se trouve confronter à la réalité. La volonté d’accéder à une démocratie large ne connaît pas les étapes, elle est éternelle dans le temps.
On peut ainsi remarquer que la révolution n’avance pas par marche, mais que chaque nouvelle phase est une victoire ou une défaite au sein du processus révolutionnaire.
PLB
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1 J’ai volontairement souligné le texte afin de mettre les parties qui me semblaient les plus importantes.