Critique du Figaro 26/07 concernant l’austérité en Grande Bretagne

Le journal de Serge de Dassault, a publié deux articles sur l’austérité le 26/07 : “En Grande-Bretagne, la Croissance est repartie” et “Le Royaume-Uni de Cameron, la réussite de l’anti-modèle français“. N’étant pas d’accord avec les argumentations des journalistes Amandine Alexandre et Alexandrine Bouilhet, je vais donc réaliser une critique objective en mettant en avant, les défauts de leurs analyses.

Il est important de voir une critique politique des propos avancés et non une critique contre les journalistes, au niveau de leur personne.

Premièrement, de mon point de vue, l’austérité est un cancer, puisqu’elle aggrave l’économie, diminue la qualité de vie des citoyens, tend à rendre les sociétés modernes vers les anciens régimes c’est-à-dire pendant l’époque pré-révolutionnaire. En continuant dans cette voie-là, nous savons très bien que la crise se transformera en révolution comme dans les années 1789. L’austérité mise en application par les bourgeois a conduit Louis XVI à la tondeuse. Aujourd’hui, les 500 plus grandes fortunes de France, le MEDEF et les actionnaires du CAC40 continuent dans cette optique dangereuse alors que l’austérité est dans sa phase terminale dont les résultats sont très critiquables.

Regardons de près la leçon :

Deux choses : une baisse drastique des dépenses publiques, y compris des allocations familiales, mais aussi une baisse des impôts sur les sociétés de 28 % en 2010 à 23% aujourd’hui, avec une promesse de le baisser encore à 20% en 2015, contre 33% en France.

Les conséquences ne sont pourtant pas au rendez-vous, et pour cause, l’austérité arrivée à un certain stade tue l’austérité et va à l’encontre des objectifs souhaités : augmentation du déficit public, augmentation du chômage, augmentation de la pauvreté, augmentation des sans-logis. Le stade de la fracture entre le peuple et les personnes soutenant l’austérité est important. Les chemins de retour sont alors impossibles, ce qui entraînent de graves conséquences non-prévues par ceux qui prônent l’austérité. Quand on ne maîtrise pas la politique d’austérité, on ne fait pas de l’austérité. Lorsqu’une société ne peut plus absorber l’austérité, il faut alors urgemment la stopper et trouver d’autres solutions pour relancer d’une part l’économie, mais aussi ressouder le peuple, qui est très divisé dans ces périodes de crise.

De plus, en période de crise économique et de crise sociale (l’un ne va pas sans l’autre), les propos tenus dans le cadre d’une prise de position en faveur d’un libéralisme sans contrôle et sans une seule goûte d’humanité (même si en soi, le libéralisme n’a pas d’Humanité) vont à l’encontre même du libéralisme. Il ne faut pas oublier qu’au bout du libéralisme dans sa structure étatique, il y a le corporatisme. Également baisser “les Allocations Familiales” est une injustice pour ceux qui sont au bord de la fracture financière.

C’est exactement la recette inverse de celle employée, en France par François Hollande. Son gouvernement a décidé d’augmenter massivement les impôts, instaurer une taxe à 75 % sur les gros salaires, sans toucher – encore – aux dépenses publiques, au risque de devenir un épouvantail pour les investisseurs étrangers et les chefs d’entreprise.

Les critiques rendues sur François Hollande sont également les mêmes que celles de l’Extrême Droite dans les années 80-90. Le slogan pendant longtemps du Front National : “baisser l’impôt, pour baisser les dépenses publiques“. Les discours de ce type sont vraiment dangereux, car ils tendent à affirmer et à démontrer que les propos du FN sont vrais. Alors que sur le terrain, l’austérité appliquée par la baguette magique de l’UMP a fait baisser la croissance de 2 % à 0.3% en cinq ans. Ainsi, la tournure des mots n’est pas un hasard puisqu’elle termine ainsi :

Au delà de son libéralisme forcené, la Grande-Bretagne a une autre baguette magique : une politique monétaire indépendante qui lui permet de faire de l’assouplissement quantitatif à l’américaine en faisant baisser ses à sa guise pour aider la croissance ou les exportations. Une souveraineté monétaire que la France regrette souvent d’abandonné à la BCE.

Effectivement, la France Forte de Dassault, propriétaire du plus vieux journal de France (1826) a tendance à soutenir les propos de l’Extrême Droite de Marine Le Pen sur l’Europe et sur la monnaie. Loin de ce constat, la dialectique montre une certaine porosité entre les conservateurs et les réactionnaires, renforçant les mains tendues entre les mouvances de droite qui se sont exprimées lors des manifestations contre le mariage pour tous. Si le contexte d’un fait de société est différent de celui de l’économie, il se va s’en dire que les deux idéologies proches sont en train de se rassembler dans une hypothétique fusion, afin de créer un Grand Rassemblement National autour de valeurs conservatrices et anciennes.

Une référence est mise en avant à la Dame de Fer qui a mis en place contre les ouvriers, mis en en place un chômage de masse au nom d’un libéralisme forcené et violent.

Pour autant si ce rapprochement est réel, les seuls bénéficiaires de ce genre d’article ne sont pas les politiques libérales conservateurs, mais les politiques d’extrême droite réactionnaires. Alternative Libertaire (n°230) dans un article intitulé : “Notre Insensible Colère“, affirmait de manière juste, l’omniprésence de l’extrême droite dans les politiques d’Austérité :

Mais aussi traquer tout ce qui, dans les politiques actuellement menées, favorise sa [NDLR : l’Extrême Droite] progression : la chasse aux sans-papiers, les licenciements, l’austérité … Car c’est évidemment parce que les travailleurs et les travailleuses sont acculé -e- s que la vigilance contre l’Extrême Droite s’étiole.

Et oui, Serge Dayoub : à moitié Dassault, à moitié Ayoub, continue de mater le journal pour rassurer les bourgeois afin que leurs enrichissements perdurent sereinement grâce à l’austérité sans pour autant en connaître les couleurs. Plus il y a d’austérité, plus ils s’embourgeoisent, c’est pour cela que les revenus des 500 personnes les plus riches ont augmenté de 25 % grâce à la crise. Le journal se vante comme si l’austérité était la seule méthode, mais à 0.6 %, il n’y a pas de quoi faire la fête. Pourtant, David Cameron est prêt, lui à ouvrir le champagne pour une leçon de bas goût :

La Grande-Bretagne est le premier pays du G7 a publié ses chiffres de croissance au second trimestre.

Et enfin pour conclure, une petite pique envers les méchants travailleurs, eux qui représentent une menace et leurs chances sont remises en cause
par des faignants. Mais plus surprenant encore, il affirme que l’austérité ne marche pas correctement …

Pour l’instant, l’austérité imposée par la coalition au pouvoir depuis 2010 n’a pas permis de résorber le déficit abyssal de la Grande-Bretagne, l’objectif principal du gouvernement. Mais si le moteur de l’économie se remet à chauffer, les travaillistes se verront ôter un argument de poids : ils ne pourront plus accuser le leader conservateur d’avoir asphyxié la croissance.

Et n’en déplaise aux Sales Majestés, selon Le Figaro : la seule solution, c’est la privatisation.

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